Des nouvelles fraiches

Cela faisait quelques minutes qu'elle avait quitté Mardles et elle apercevait déjà la cité portuaire. Le vol n'était pas des plus agréable mais sa rapidité était hors norme.

Elle ne pouvait se permettre d'atterrir avec son dragon au milieu de la cité portuaire sans effrayer les citadins qui semblaient ne pas être au courant de ce qui s'était passé à Mardles, à en croire à la sérénité qui régnait. En survolant la ville, elle trouva non loin un champ abandonné et entouré d'arbres, lieu idéal pour ne pas attirer l'attention. Elle ordonna au dragon de s'y poser en faisant le moins de bruit possible. Il s'exécuta et après un dernier battement d'aile pour redresser l'assiette, il se laissa tomber sur ses pattes sur le sol. Della descendit tant bien que mal de son dos avant de s' écrouler au sol, son pied droit s'étant accroché à une bosse dragonique. Il s'évapora ensuite dans un nuage de fumée sans demander son reste. Une rune parrut alors aux yeux de la jeune femme. Elle se douta que cette rune nommée "Invo" devait avoir un  lien avec l'apparition inopinée de la créature à Mardles. Elle senti alors la terre semée de pommes de terre se dérober sous ses pieds. Sa tête tournait comme elle ne l'avait jamais ressenti. Le vol à cette vitesse l'avait sans aucun doute affaiblie.

[constitution (7) x 2 +1D20 = 14 + 1D20]

Della ne pût retenir un éternuement. Elle était frigorifiée et ce n'était surement pas le peu de chaleur que lui apportait le soleil couchant qui allait la réchauffer. Elle ne prêta d'ailleurs aucune attention au spectacle du soleil couchant, illuminant les champs de l'Ouest d'une lumière orangée et tamisée. Alors qu'un frisson lui parcourait le dos, indiquant que sa température interne montait en flèche, elle se dépêcha (autant que ses jambes le lui permettaient) de rejoindre Yrnal Josv. Après avoir passé une dizaine de chênes et une trentaine de frênes, elle pût apercevoir les remparts de la cité.

Une fois l'arche de l'entrée ouest franchie, elle se dirigea tant bien que mal vers l'unique auberge-taverne de la ville afin de s'y restaurer et reposer. Suivant les ruelles éclairées par des lanternes attachées aux façades des différentes bâtisses de la ville, elle se dirigea vers le centre. Quelques pas plus tard, elle entra dans une des maisons construites spécialement pour résister aux attaques de l'humidité et du vent, dus à la proximité de la mer Verte. Au dessus de la porte se trouvait l'inscription "Chez 'Roro, Auberge et Taverne, boire et dormir pour le plus grand plaisir !"

Delamune se rapprocha de celui qui semblait être le tenancier. Toujours frigorifiée malgré la chaleur étouffante de la taverne, elle titua jusqu'à sa destination.

"- Je ne voudrais pas ... Atchoum ... vous déranger mais serait-il possible d'avoir une chambre pour passer la nuit ?"

Elle masqua sa bouche avec sa main une seconde fois avant d'éternuer à nouveau.

"Atchoum ! Vous voyez une femme malade qui vous demande l'hospitalité et la seule chose à laquelle vous pensez et d'ordre pécuniaire. Atchoum ! Soit, je vous payerais le prix qu'il faudra. Dites-moi juste si savez quelque chose à propos d'un certain ... Tischou ... Hulgrab Jarnepalson."

Elle tendit au tavernier les trois pièces de bronze qu'il lui avait demandé et commença à boire le potage qui lui avait été préparé. Alors qu'elle l'avait à peine entamé, trois personnes entrèrent dans la taverne.

"Laissez moi, je ne suis pas d'humeur. Tischou. Je ne sais pas si vous le voyez mais ... Tischou ... Je suis malade là."
Elle avala une nouvelle gorgée du potage et reposa son bol sur la table, se réchauffant les mains sur le bol brûlant. Elle ne prêtait aucune attention aux trois hommes.

Cela ne manqua pas de l'énerver. D'un mouvement brusque, elle jeta le contenu de son bol encore brûlant à la figure de celui dont la main venait de passer de la cuisse de Della à sa figure ébouillantée. La surprise apparût d'abord chez ses deux compères mais laissa très rapidement place à la haine. Ils approchèrent de la chaise de la jeune mère, le visage marqué par la colère qu'il portaient en eux. Comment une simple femme pouvait leur faire preuve d'un tel affront ? La virilité de leur compagnon venait d'être réduite à néant à leurs yeux et ils ne pouvaient passer outre. Ils se devaient de le venger. Alors que l'ébouillanté se tenait le visage, projetant des jurons plus violents les uns que les autres, l'un des deux compagnons, qui semblait être le second dans la hiérarchie du petit groupe, s'exclama

"Comment as-tu oser faire une telle chose à Ulrik ?! Tu vas le payer !"

[jet d'instinct (12 * 2 + 1D20 = 24 + 1D20)]

Une seule chose régnait actuellement dans l'esprit de Della : la peur. L'adrénaline procurée par l'approche des trois marins l'avait poussé à réagir violemment et se mettre à dos les deux compères de sa victime. Maintenant qu'allait-elle faire ? La première chose qui lui vint à l'esprit était sa fille, qu'elle revoyait dans les bras de sa mère. Elle était venue pour les retrouver après les avoir envoyé en sécurité dans cette ville. Elle les avait envoyé là à cause des cauchemars qui régnaient sur Mardles.

Pendant sa réflexion, la situation avait peu changée, mis à part le fait que les deux marins se trouvaient à présent à portée et savaient exactement ce qu'ils voulaient faire.

Elle les avait quitté parce que ... Un des hommes leva la main droite pour prendre de l'élan. ... Kel'Mazat l'avait enrôlée. Kel'Mazat ! Mais c'est bien-sûr ! Elle ne savait pas ce qu'il allait faire mais ça ne pouvait être pire que ce qui l'attendait. Elle ferma les yeux et pensa très fort à lui. Elle serra les dents avant de se recevoir une correction magistrale. Alors que la main claqua fermement la joue de la jeune femme, et que le bruit retentissait dans toute la salle, ses yeux s'ouvrèrent brusquement, laissant s'échapper une lueur bleutée.

Les yeux toujours lumineux, elle était là, inconsciente mais rien ne se passait en elle. Cela passait cependant inaperçu car toute l'attention de la salle était fixée sur les deux groupes qui étaient loin de se jeter des fleures. D'un battement de paupière, elle reprit ses esprits et vit que les marins s'étaient détournés d'elle pour se battre avec d'autres plus âgés. Elle se dirigea vers le comptoir et demanda le tenancier en se faisant la plus discrète possible pour ne pas se faire remarquer.

Rien ne l'exaspérait plus qu'un homme n'ayant aucun courage comme celui là. Elle passa de l'autre côté du comptoir afin de chercher une clef. Le long ruban de frêne grossièrement taillé semblait idéal pour son office de bar. Elle se trouva rapidement perdue la grande planche qui servait à quelques ivrognes de support pour leur masse semi-inerte, aveuglés par le taux d'alcool qui coulait dans leur veines. Les clients encore quelques peux conscient étaient tous attirés par le combat qui se rapprochait maintenant plus du conflit de génération que d'une leçon de morale. Elle eût de ce fait tout le temps de s'habituer au très grand désordre organisé qu'était le dessous du bar. Elle s'arrêta une seconde sur une bouteille de vin provenant d'une exploitation Génélienne qu'elle se souvenait avoir croisé quelque part durant son épopée en ces terres. Elle reposa la bouteille entre une bouteille de rhum et une fiole contenant un liquide verdâtre dont elle avait nullement envie de connaître la constitution. Un peu plus loin se trouvait caché sous le comptoir une dizaine de crochets métalliques alignés avec gravé dans le bois juste au dessus un chiffre correspondant surement au numéro d'une chambre de l'étage. Ne restait accroché qu'une unique clef sous le chiffre 5. Elle s'en empara et commença à se rendre de l'autre côté du bar.

"Hep jolie d'moizell' ! Voudriez pas ...", commença un des ivrognes, désignant son verre vide. Elle sursauta tout d'abord puis joua le rôle de la serveuse pour ne pas se faire remarquer. Il n'était de toute façon certainement pas en état pour se rendre compte qu'elle ne faisait aucunement partie de la maison. Elle s'empara de la bouteille de rhum qu'elle avait aperçu juste avant et lui versa un verre rempli aux neuf dixièmes.

"Zet' bien aimable !", rétorqua-t-il en se retournant pour voir le combat qui continuait et qui prenait de l'ampleur puisque trois homme éméchés avaient rejoint les rends des aînés en voyant leur défaite arriver précocement.

Elle se précipita sur la pointe des pieds vers l'escalier qui menait aux chambres. Les marches criaient au supplice sur son passage bien que son poids n'aurait pu suffire à faire plier une seule d'entre elles. Les bruits provenant de l'escalier étaient heureusement pour elle couvert par le vacarme qui commençait à s'installer en l'absence du tenancier. Un couloir plutôt étroit se présenta à la jeune femme. Sur chaque porte était gravé un numéro qui semblait identique à ceux quelle avait trouvé au dessus des crochets. Elle se positionna en face de la serrure de la porte portant l'inscription 5 et inséra la clef dans sa serrure puis pénétra dans la chambre.

La pièce était essentiellement faite de bois peu chères mais assez solide pour assumer la fonction qui leur était confié comme celle de ranger des affaires ou encore soutenir un matelas qui se rapprochait plus de la paillasse que du lit douillé qu'elle aurait pu imaginer en l'apercevant. Elle prit la précaution de fermer la porte à clef derrière elle et se laissa tomber sur le lit. La pression retombait et ses éternuements reprenaient. L'excitation du moment avait tellement galvanisé son esprit qu'elle n'avait plus ressenti la fatigue due à son rhume. Elle n'eut cependant aucun mal à trouer le sommeil entre deux éternuement.

Le lendemain matin, elle se réveilla. L'ambiance était retombée au rez-de-chaussé tendis qu'elle émergeait délicatement. Elle étira chacun de ses muscles dorsaux, n'ayant pas très bien supporté la dureté du matelas. Elle regroupa ses affaires, se recoiffa rapidement, enleva le tour de clef qu'elle avait mis à la serrure pour ne pas être dérangée puis descendit, alléchée par l'odeur de croissants qui régnait en maître à l'étage et qui provenait du rez-de-chaussé. Elle dévala les marches quatre à quatre, son sac sur le dos, et s'assit à une table, attendant que quelqu'un ne prenne sa commende.