Jhennivhar

Description : Teint très pale, blond, visage fin, mâchoire allongée.
       Presque tout le temps encapuchonné,le plus généralement le visage couvert, il ne cherche pourtant pas à dissimuler son infirmité.
       Ce n'est pas tant son physique mais plutôt l'étrange aura dont Jhennivhar exhale qui le rend peu avenant à l'inconnu. Bien plus que son bras gauche inerte  et ballant, c'est son attitude distante, sa démarche bancale et sa présence presque macabre que l'on remarque au premier abord.
       Bien des individus semblent remarquer qu'il susurrerait  à quelques personnes pourtant d’absentes.

         Jhennivar pénétra dans le monde des vivants dans l’âtre réconfortant d'une famille aimante, lui apportant l'or du pain, de l'amour et des savoirs essentiels bien plus que celui des lingots. Ainsi celui-ci se développa dans l'univers fermé de Fredël, village de la principauté Taschako, très humble de taille et de renommée, où les habitants se contentent de vivre  , entouré par les étendues de givres, acculé au pied des montagnes impénétrables , battu par les bourrasques qui agressent les corps mais vivifient les cœurs.Il ne prit pas les routes, ne quitta pas son foyer, eut une enfance prospère.
       Mais le Destin vint une première fois frapper son innocence à l'age de ses douze ans quand une de ses connaissances, poussée par l’orgueil, assassina d'un coup d'un seul sa mère devant ses yeux avant de s'évanouir dans les ténèbres, laissant derrière lui l'amour que le père de Jhennivhar lui avait volé.
       Le jeune grandit dès lors l’âme remplie par le vide. Son esprit pourtant, plus volontaire que son cœur, lui permit de braver l'existence et de faire la découverte du monde au delà des barrière érigées par son enfance, franchissant celles de son village. Après dix instructives années d'errances, il revint, le regard triomphant, fort de son expérience, contant ses aventures à son père. Mais le Destin pensait qu'une autre leçon se devait d'être donnée à cet être de chair.
     Deux ans après son retour, le village fut ravagé par la furie et la vindicte d'un groupe de Ghens ayant outrepassé la muraille rocheuse qui pourtant ne leur avait pourtant jamais faillit. Fut emportée en moins d'une heure son père, sa vie et sa pitié. Courant dans les plaines, Jhennivar n'était pas frappé au corps, mais tout en lui était mort, sa volonté faiblissait, il flancha finalement sous le poids du désespoir.
      A moitié enseveli sous la neige, son sang semblait se figer dans son flanc gauche, les heures passèrent, plus d'espoir c'était fini! Il s’abandonna au vide qui avait depuis longtemps élu domicile dans sa conscience.
C'est alors que des tréfonds de se qu'il restait de ses pensés qu'une voix s'éleva et résonna dans son corps engourdi. Sous la forme d'un loup immaculé, nageant dans le vide, rayonnant de néant, son propre désir de justice s'adressa à lui.
    "Réveille-toi! Marche!"
"Qui m’empêche de m'en aller?"
    "Mais tu t'en es déjà allé!"
"Qu'êtes-vous?"
    "Les restes!"
"Lesquels?"
      "Les tiens!"
"Qu'êtes-vous?"
      "Je ne suis pas!"
"Mais je vous ressens..."
       "Tu n'es plus non plus!"
"Etes-vous moi?"
     "Nous sommes bien plus!"
"Du vide ?"
      "Plus le notre!"
"Que voulez-vous?"
      "Tu le sais mieux que moi!"
"Que veux-tu? Ordre et Justice?"
      "Lève-toi et soit Ordre et Justice!
"Le destin me les a déjà dispensés..."
      "Et bien soit Destin!"
"Qu'es-tu? Que sommes nous?"
     "Consomption! Ta main est tienne! Ma voix est mienne! L'avenir est notre!"
"Que faire ?"
     "Le vide!"
Il était Consomption en effet.
 
   Jhenivar ouvrit les yeux, la voix ne se taisait pas mais elle l'emplissait de vigueur, elle remplissait les manques, comblait le vide. Saisit d'un excès de désir d'ordre, il se releva malgré la morsure du froid dont les crocs pénétraient pourtant profondément la chair. Une fois en appuis sur ses  deux jambes, il se rendit compte que son bras gauche n'était plus qu'un fardeau inerte pour son épaule, les mâchoires de la bête lui susurraient toujours à travers son oreille. Il fallait qu'il la suive.
     Une seule main suffisait à la Justice, il ferrait chemin, rendrait les jugements,. Si ceux du Destin lui-même était si cruels, alors il appliquerait ses propres lois, sa raison , son divin désir d'équité par la purge si nécessaire. Ils assainiraient, par le plein comme par le vide. Rien n'était plus vide.

     Il marcha alors vers l'horizon infinie, la démarche bancale mais la destination certaine, la volonté plus vaillante que jamais, baignant dans les cantates frénétiques de Consomption, son histoire débutait là !