La lettre piégée

A Liuslunn, l'ambiance était tendue. un léger brouillard semblait recouvrir un village désert. Aïland se mit à chercher le destinataire de la lettre... Mais il avait beau appeler, personne ne semblait apparaître devant lui. Il continuait à appeler. il arriva finalement devant une maison dont la cheminée était allumée. Il s'y précipita et entra...

Il tomba nez à nez avec une grosse femme à l'âge incertain. "AH ! C'est toi l'andouille qui crie à pleine gueule alors que le soleil n'est pas levé ?" Il était assez clair qu'elle s'apprêtait à sortir pou l'intercepter. Elle lui intima de se taire et de sortir de chez elle s'il ne voulait pas que son mari ne le corrige - et puisqu'elle était énorme, il devait l'être encore plus.

Aïland se retrouva dans la rue, condamné à attendre le levé du jour avant de demander son chemin.

Aïland décida d'attendre au bord du puit du village que le soleil daigne enfin se lever. l'attente lui parût interminable... Il prit quelques graviers qui traînaient là, puis, à entendre le clavec dédain, les lança un à un dans le puit, jusqu'à entendre le clapeti de l'eau. Puis, après de longs tour autour du puit, à tourner tourner, encore et encore, puis dans l'autre sens... Enfin le soleil montra le bout de son nez... "Enfin!" s'écria-t-il. Il retourna vers la maison de la femme au premier rayon de soleil, toqua à la porte, puis entendit un cri des bruis de pas pressants et enfin fut pris par le col. Il eut juste le temps de retourner la tête avant de prendre un bon coup de pied et de valser hors du palier... Ailelame gémit, grogna, et se dirigea vers une autre maison. Celle-ci s'ouvrit, bonjour, j'ai une lettre à livrer. Connaissez vous cette personne?

Le panneau de bois usé mais encore solide s'était ouvert sur un homme on indescriptiblement anodin. De sa chevelure sombre mais pas profonde à son visage régulier et neutre, quelconque, il était même vêtu d'une toge courte et de chausses de lin à peu près propres et écru, portant la ceinture lâche comme tous les badauds qui circulent en ville le jour, vaquant sans entrain ni réticence à leurs activités quotidienne. C'est cette aura fade et invisible mais bien présente de normalité qui accueillit Aïland, et ce ne fut pas négatif après la déculottée qu'il venait de prendre.

" 'C'que j'peux faire pour vous... ? Euh nan je connais pas mais allez voir l'sénéchal au poste d'la milice..." Sur ce et après une indication de direction bien plus que vague, l'homme abandonna le jeune voyageur à son sort sans même lui donner son nom.

Ailelame marcha un peu précipitamment vers la milice qui se trouvait un peu surélevé par rapport au reste du village. Elle dominait fièrement et les mouvements hâtés d'Aïland attira l'attention d'un des miliciens :
"Halte! Vous-là! Oui vous avec votre air d'ahuri qu'est ce que vous voulez?
-Euh.. désolé...( il reprit son souffle) je suis juste à la recherche d'un dénommé Nallul. J'ai une lettre à lui faire parvenir et c'est assez pressé, dit-il en regardant le soleil.
-Hmm suivez moi dans ce cas."
Ailelame se lança à la rencontre du milicien, tandis que celui-ci esquissait un demi-sourire, surement jubilatoire.

Il s'avéra que le milicien s'ennuyait ferme. Dans cette ville, les délits étaient rares malgré le grand nombre de bandits de grand chemin aux alentours : la cité était assez grande pour abriter une petite caserne, et ce bien qu'il n'y ait jamais eu d'armée digne de ce nom dans le Noyau ; mais elle était trop petite pour que les brigands puissent espérer semer les miliciens ou passer inaperçu dans la masse. Voilà pourquoi notre homme n'avait rien d'autre à faire que haranguer les bonnes gens pour leur souhaiter la bonne journée ou les soupçonner de menus aléas moraux pour lesquels il dispensait des sermons brefs et contradictoires mais inspirés. Mais cette attitude agaçait les passant qui avaient fini par déserter la large voie pavée, laissant seul à son travail sûr et ennuyeux le pauvre Lanol.

Tout cela, Lanol le raconta dans les moindres détails tandis qu'il conduisait Aïland à la demeure de Nallul, en profitant pour faire quelques détours dont le pèlerin ne put se rendre compte. Après une longue balade alourdie de discussion, ils finirent par arriver devant un large portail en bois sombre derrière lequel, à quelques dizaines de mètres, se dressait une bâtisse imposante, à l'ombre de grands cèdres encore bien plus imposants.

"Voilà !" fit Lanol, satisfait.