(Quête) Une grosse tuile.

Un fabricant de tuiles court les rues, interpellant les passant et les voyageurs. il a en effet un problème de taille : le dernier filon d'argile connu viens de rendre ses dernières mottes. Pas tout à fait le dernier, à vrai dire, mais peut être vous en dira-t-il plus ?

Pas de prérequis pour commencer la quête.

Lieu : rues principales
Moment : après-midi


Récompense : 12 PX, 5 sous

De retour à Yulwën, Kendall se rendit directement à l'auberge de son père, Logan.
Le jeune homme, comme à son habitude, poussa la grosse porte d'entrée et salua nonchalamment son père, qui comme d'habitude répondit brièvement, dans un soupir. Kendall traversa la grand'pièce (où quelques clients se racontaient joyeusement leurs aventures), afin de retrouver son frère Gwënal aux cuisines. Ce dernier allait abattre le dernier poulet qui leur restait, quand Kendall l'appela en déversant la viande de cerf sur le plan de travail. Gwënal n'en revint pas; tout penaud, il rangea son hachoir dans sa ceinture et s'avança vers le butin en laisser s'échapper un rire de contentement.
"Bah alors, tu te remet à chasser maintenant?" dit l'aîné en regardant les pièces de viande, toujours autant de bonne humeur.
"Oui, ça faisait longtemps, mais j'avoue que ça me manquais un peu" répondit Kendall en souriant. Il laissa son frère jubiler avec la viande et ressortit de l'auberge en cueillant une pomme au passage. Il déambula tranquillement dans les jolies rues ocres de Yulwën tout en croquant dans sa pomme. Des souvenirs d'enfance lui revenaient quand il repassait devant la cour de la petite école, ce qui le fit sourire.
Soudain, un rouquin hirsute le percuta en courant dans tous les sens. Sous le choc, le jeune homme laissa tomber sa pomme. Il soupira et se tourna vers le petit homme en panique.
"Hé, qu'est-ce qui vous arrive? Vous avez un problème?"

"Toi ! Le fils de l'aubergiste ! De retour au pays ?!" s'exclama le petit roux.

Il s'agissait en fait du fabricant de tuile de la ville, amateur de bière, qui passait souvent à l'auberge Rothkeen. Il n'avait pas reconnu tout de suite le jeune Kendall, mais en le percutant et en relevant la tête pour s'excuser, il s'en était rendu compte au premier coup d'œil.

"Dis moi, tu ne reviendrais pas d'une petite chasse ? Y'aurait-y pas du gibier dans les bols de ton père ?" Ses yeux brillaient à la simple mention d'une bonne viande accompagnée d'un breuvage maison. Mais il se reprit : "Tu peux peut-être m'aider ! Je propose pour 5 sous celui qui me trouvera un filon d'argile pour mes tuiles."

Il avait reprit cette mine anxieuse qui remplaçait son air affable depuis plusieurs jours déjà.

La mine de ce petit homme lui revenait maintenant : c'était lui que son père était obligé de faire rouler hors de l'auberge lorsqu'il avait trop bu de bière. Comment s'appelait-il déjà? Choumsh... Schurmch... Ah, oui! Chümush! Le briquetier du coin. Sa figure rougeaude et triste lui donna tant de pitié que Kendall se sentit obligé d'accepter.
"Bon, je vais essayer. Vers quelle direction dois-je commencer mes recherches?" demanda le jeune homme.

Le petit homme fut visiblement ragaillardit par la nouvelle, et se redressa quelque peu sur ses courtes jambes. Il ouvrit la bouche, se retint, et se mit à se balancer légèrement d'un pied sur l'autre, hésitant. Il prit une grande inspiration à travers son épaisse moustache.

"En fait, il y en a bien un - un gros en plus ! ..."

N'importe qui aurait soupiré, puis, pour stimuler sa parole, ajouté un "Mais... ?" appuyé.

"Mais... Il y a quelques bestioles là dedans." annonça-t-il, un peu penaud.

Un large sourire se dessina sur le visage de Kendall.
"Des bestioles, hein? Quel genre de bestioles?"

L'affaire commençait à devenir très intéressante pour l'instinct de chasseur du jeune homme, devenu plus attentif auprès de son interlocuteur.

Le tuilier se racla la gorge, et se força à détendre son arcade sourcilière, pour enfin hausser les épaules.

"Bah... tu verras bien." répondit-il.

Il conduit ainsi son sauveur à travers la ville, dépassant échoppes et maisonnées jusqu'à sortir du village alors que l'après-midi touchait à sa fin. Voyant qu'il se faisait un peu tard, il voulu rassurer Kendall : "Ce n'est vraiment pas loin, tu vas voir, nous serons rentré avant que le soleil soit couché..."

Ils continuèrent donc sur un chemin bordé de petits champs, puis bifurquèrent vers un bosquet tapissé d'un épais tapis d'épines des pins qui le composaient, exhalant une odeur forte d'humus boisé. À peine eut-il dépassé le premier arbre que Chumüsh se mit sur ses gardes, et avança en se voulant discret - ce qu'il ne fit pas - exagérant la lenteur et l'amplitude de ses mouvements. Quelques chose grouilla à proximité, et il sursauta en poussant un cri plutôt aigu, mais plaqua une main devant sa bouche. Il scruta pendant une petite minute le sol alentour, puis fit signe à Kendall d'approcher.

"Là..." chuchota-t-il.

Il leva un bras au bout duquel une main tremblotante dressait un doigt incertain, qui était pointé en direction d'un terrier aux parois argileuses si large qu'un homme large aurait pu s'y glisser sans problème. Quelque chose bougea dans le trou, et le rouquin se raidit. Il commençait à faire un pas en arrière lorsque quelque chose de sombre jaillit du trou. Poussant un cri de terreur, le tuilier se réfugia derrière Kendall : "Des rats..." dit-il d'une voix faible.

Le jeune homme dégaina aussitôt ses deux épées d'argent. Chümush tremblotait derrière lui, tellement fort que l'on pouvait l'entendre claquer des dents depuis le village. Kendall observait autour de lui, attendant le moindre mouvement de la part des rats. Soudain, un grognement se fit entendre d'un buisson sur la droite du jeune homme. Kendall se mit en garde, lames au clair. Un rat de la taille d'un porcelet jaillit du buisson. Le jeune chasseur se précipita vers lui pour l'attaquer d'un coup de taille.

Kendall amorça un ample mouvement, et coupa net le rat. Ou plutôt le buisson sur lequel son ombre était projeté. Le rat et une vingtaine de ses congénères détalèrent, effrayés par tant d'agitation. Finalement, ils n'étaient pas bien plus gros que ceux que l'on trouve en ville, et bien moins agressifs.

Voyant la nuée de rats détalant loin de là, Kendall fut rassuré. Il se tourna vers Chümush.
"Et voilà, la carrière est libre!" dit le jeune homme, enthousiaste.

Il se rendit compte que le tuilier, recroquevillé sur lui-même, tremblait comme une feuille. Il marmonnait, priant l'une des quelconques divinités du panthéon ulglimm de lui sauver la vie. Lorsqu'on lui annonça l'absence de rats, il se figea, fureta du regard, et se détendit tellement que ses genoux arrêtèrent de s'entrechoquer. Il fronça les sourcils, et prit une position improbable, serrant les jambes, devenant rouge de honte.

"Jeee... vais... euh... merci..." hasarda Chumüsh.

Il farfouilla dans l'une de ses poches avec une grimace et en sortit 5 sous qu'il tendit à Kendall. Il se dirigea vers le trou, et le combla du mieux qu'il pu avec les tas d'épines et de terre aérée qui constituaient le sol en raclant ce dernier du flanc de sa botte.

"Passe devant pour rentrer..." lâcha enfin le petit roux.

Kendall fit sonner les cinq piècettes dans le creux de sa main, quand une odeur bizarre lui parvint aux narines. Il apporta les pièces à son nez; il s'avèra qu'elles sentaient fortement l'urine. Le jeune homme prit une expression amusée mêlée de dégoût. Il se retourna vers son employeur.
"Dites, Chümush, merci pour ce petit paiement. Si vous voulez revenir à l'auberge, n'hésitez pas : j'ai bel et bien ramené du cerf pour ce soir."
Sur ces mots, Kendall lui tira sa révérence et répartit pour Yülwen, car la nuit tombais sur la vallée.
De retour à l'auberge, le jeune homme eut droit à un repas complet préparé par son frère. Gwënal avait préparé un délicieux ragoût de cerf au pommes de terre. Le plat était si bon que même le vieux Logan ne put s'empêcher de sourire en dégustant chaque bouchée. Chümush les avait rejoint en cours de soirée, et offrit une chopine à Kendall, pour sa bonne action. Ils passèrent tous une très bonne soirée. Le jeune homme se coucha vers minuit, le ventre plein, mais déçu de ne pas avoir trouvé ce fameux contrat, celui qui met la tête de l'assassin de sà mère à prix.

Daté An 1074 ; 2ème Saison ; Mois de Blürdan.