Visite de Sellin

Alrun disposait d'une semaine qu'il décida de mettre à profit pour commencer ses recherches, toute information est utile.
Il se dirigea donc tout naturellement à l'auberge, quand auberge il y a, on peut toujours y trouver un paysan qui boit.
Il entra, il était encore assez tôt, mais déjà, quelques habitués étaient accoudés au bar. Il s'approcha et s'adressa à eux, leur demandant des nouvelles du pays. Ils parlèrent de tout et de rien, des récoltes, du comportement de leurs voisins, de gastronomie, puis, enfin, la discussion dériva sur le sujet qui intéressait Alrun.
L'un des autochtones avait entendu parler de villages détruits, brûlés et les habitants décimés dans les baronnies.
"Il parait même que c'est arrivé dans le Haut-Sépat ! Quelle époque ! On est plus nul'part en sécurité hein ?"
Alrun eut un élan de mélancolie qu'il retint du mieux qu'il put. Il essaya d'obtenir plus d'informations mais visiblement, ils ne savaient rien de plus. Al décida donc de retourner auprès des marchands pour se coucher, il reprendrait ses recherches le lendemain.

Alrun ne désirait pas forger de nouveaux, cela lui rappelait trop de souvenirs de son "ancienne vie" pour le moment, il se sentait d'humeur aventureuse, il décida donc qu'une petite balade dans la forêt serait des plus sympathique, il se dirigea donc vers la boutique de l’apothicaire, poussa la porte qui grinça abondamment et il entra.
Les murs de la boutiques étaient bien entendu recouverts de flacons, et de bocaux contenants différentes herbes et potions, et sur le comptoir, un chat, dérangé dans sa sieste par le bruit de la porte sans doute, regardait Alrun. Son regard était perçant, presque perturbant... Mais Al n'eut pas le temps de s'attarder sur le chat étrange, l'apothicaire déboula de l'arrière salle.

Un petit homme d'une maigreur malsaine mais aussi tendu qu'une corde d'arc se tenait devant le forgeron, bien plus grand et plus massif que lui. Le chat, qui avait entendu son maître arriver, se jeta dans ses pieds puis bailla en se frottant contre ses mollets.

"Ouste Boldum, tu ne vois pas que j'ai un client ?!" s'exclama l'homme en s'efforçant d'avancer sans lui flanquer un coup de pied. Il finit par être à quelques centimètres de son interlocuteurs, les bras ballants, et le dévisageait.

"Excusez moi, je ne vois plus très bien. Qu'avez vous comme problème ? Une putréscence buccale ? J'ai un remède à base de menthe, d'huile de rinn et d'alcool qui pourra faire des merv... hm... vous ne venez pas pour ça hein ?"

"-J'ai entendu dire que vous avez besoin de quelqu'un de vigoureux et qui n'a pas peur d'une petite promenade en forêt, c'est le cas je me trompe ?
-Non, tu ne te trompe pas. Tu sais allumer un feu de camp ? Tu saurais faire fuir des loups ? Tu resteras derrière moi ! Je ne veux surtout pas que tu écrase des plantes dont tu ignore tout de la rareté et de la valeur ! Tu t'appelle comment au fait ? Heu, attends moi là."
Le petit homme avait déblatéré un nombre impressionnant de choses d'une seule traite et venait de repartir dans son arrière salle sans attendre de réponse à ses question, Al se demanda si c'était réellement une bonne idée de travailler pour ce bonhomme. Il en profita pour vérifier son haleine, qui ne lui sembla pas puer, l'homme ne semblait pas pouvoir reconnaître sa soeur à trois mètre, Al ne s'en inquiéta donc plus. Alrun entendit un fracas dans l'arrière salle et décida d'aller voir.

Il y trouva le petit homme en train de pester contre son félin, qui, le poil hérissé, fixait les restes brisés d'un alambic qui gisaient sur le sol. Les éclats de verre crissaient sous les pas de l'apothicaire tandis qu'il saisit son animal par la peau du cou, tout en le traitant de stupide animal bilieux et en core plus aveugle que lui avant de le laisser choir sur le sol depuis la fenêtre.

"Je m'appelle Klus, Klus Ulintr Paldhan, et oui je compte aller dans la forêt, et oui je vous engage puisque, maintenant que vous le dite, j'ai cru comprendre que vous servez déjà de garde à ces marchands, oui vous serez payé, oui je suis un peu myope donc oui j'espère que vous aller m'indiquer les plantes que je vous décrirais."

Il avait encore dit tout ce qu'il avait eut à dire d'une seule traite rapide, sans prendre le temps de regarder son interlocuteur puisqu'il ramassait les tessons à l'aide d'une petite balayette en même temps qu'il parlait. Lorsqu'il eut fini, il épousseta son manteau épais couleur sable et se remit face à son tout nouvel associé.

"En échange de vos services ; et s'ils s'avèrent utiles seulement ; je vous donnerai quelques baumes de ma création dont tout voyageur peut avoir besoin." Il avait ralentit, ce qui signifiait expressément que ce dont il parlait était important.

"Ca me va !"
L'apothicaire émis un petit grognement satisfait, et se retourna pour finir de ramasser les morceaux de verre, puis de rassembler diverts objets dont Alrun ne voyait absolument pas l'utilité en forêt.
Pendent ce temps, il débitait des consignes qu'Alrun devrait suivre dans la forêt, puis des recommandations, et enfin des choses qui n'avaient strictement rien à voir avec leur expédition.
Alrun ayant déja prévu dans sa sacoche ce qui lui faudrait, nourriture, couteau, briquet à amadou, et enfin son épée au coté et bien entendu une outre d'eau, il n'eut rien d'autre à faire que d'écouter son nouveau compagnon.
Enfin, quand il eut fini, il se dirigea vers la sortie de sa boutique, flanquant un sac dans les bras d'Alrun, et ajustant un autre sur son maigre dos.
"-Combien de temps seront nous partis ? demanda Al.
-Trois jours si tout va bien, peut être quatre."
Une nouvelle fois, sa diction avait légèrement ralenti, pour souligner que ce qu'il disait avait une importance.
Il se dirigèrent donc vers la sortie de la ville qui donnait presque directement sur une grande forêt de feuillus.
Après seulement trente minutes de marche, Klus leva la main et s'arrêta.