Les esclavagistes

> 25 le cheval se cabre mais ne fuit pas
25 > x > 100 le garde perd du temps à stabiliser sa monture
100 > x > 150 le garde tombe et le cheval s'enfuit
<150 le garde est piétiné par sa monture

Le membre 'Kees' a effectué l'action suivante : Osselets

'D200' : 19, 6

Le cheval fasse à Kithiara se cabra en hennissant, le cavalier manqua d'être précipité au sol, mais ses reflexes furent fulgurant et il parvint à s'aggriper à l'encolure de sa monture. Vraissemblablement, il n'allait pas se décider à chuter au sol. La jeune femme réagit de suite et se jetta au sol, se saisissant d'une autre pierre, et la jeta de toutes ses forces à nouveau sur la tête du cheval, elle vit du coin de l'oeil que Kendall avait eu le même réflexe.

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Le membre 'Gojira' a effectué l'action suivante : Osselets

'D200' : 198, 67

Alors que la pierre lancée par Kithiara exécutait des rotations dans les airs, elle réalisa qu'elle lui donnait l'étrange impression d'avoir la forme d'un poing. La paluche rocailleuse alla se loger dans la gorge de sa cible, juste entre le muscle et la trachée, occasionnant un sévère coup à l'artère carotide. La jeune femme s'extasia de la précision de son lancé, en se convaincant sans mal que c'était très exactement ce qu'elle avait voulu faire. Le cheval eut un sursaut nerveux qui manqua de le mettre à terre alors qu'il fut encore dressé sur ses pattes postérieures. Un instant la Ulglimm crut, et espéra tout autant, que le choc allait lui faire tourner de l’œil, mais la créature robuste ne fut que déstabilisée et retomba lourdement sur ses membres antérieurs, faisant voler des graviers jusqu'aux tibias de son assaillante qui restait en retrait, baissée en avant en flexion sur ses jambes, prête à bondir face à toute éventualité. Le cavalier ne fut pas jeté au sol comme Kithiara l'avait espéré, mais trop secoué pour pouvoir entreprendre la moindre action, il ne pouvait que s'agripper aux rênes de toutes ses forces.

Du coin de l’œil, l'ancienne prisonnière aperçut le manque d'élégance du geste de Kendall, mais la tout autre efficacité du résultat. La pierre vint se loger dans la gueule de la monture, lui arrachant plusieurs dents en une gerbes de sang. Un hennissement plaintif accompagna un cabrement violent insufflé par la douleur, suffisamment violent pour éjecter le cavalier de sa scelle. Malheureusement pour l'homme de main, son pied droit resta bloqué dans l'étrier et son misérable corps fut expédié sous l'animal. Son crâne percuta une pierre à son atterrissage, et si cela n'avait pas suffit à le tuer, le cheval de toute manière retomba droit sur lui, ses sabots enfonçant sa cage thoracique. Le craquement écœurant des côtes se brisant et plongeant dans les poumons ôta tout doute sur le statut du mercenaire. Aucun son ne sorti de sa bouche, il n'en eut pas le temps, tout ce qui s'en extirpa fut une giclée écarlate.

Kithiara s'apprêtait obstinément à reprendre une pierre, mais le cheval face à elle se cabra soudain à nouveau, moins haut, exécutant un volte face dans le même mouvement. La jeune femme compris d'emblée ce qu'il s’apprêtait à faire, mais n'eut le temps de réagir, la bête rua dans le sens inverse de la caravane, rebroussant chemin au galop en soulevant des panaches de boue. La chasseresse jura et jeta un œil derrière elle, pour apercevoir les derniers prisonniers en arrière des files qui continuaient de marcher quelques pas plus loin, forcés de garder les yeux rivé sur le peu de sol qu'ils pouvaient entrevoir pour ne pas trébucher. Personne ne s'était rendu compte de quoi que se soit. L'autre cheval, entraîné par son congénère, parti lui aussi au galop, suivant le premier dans sa course effrayée. Le cavalier toujours en scelle allait avoir du mal à reprendre le contrôle de son animal, mais il allait forcément finir par y parvenir, dans une vingtaine de secondes ou une minutes, peut importe, il allait revenir... et cette fois l'arme à la main, l'éliminer allait être une autre paire de manches.

Kendall s'était déjà jeté sur le cadavre écrasé gisant dans la boue, pour s'emparer de son épée. Il adressa tout de même un regard interrogateur à sa camarade.
"Vas-y prend la." accorda-t-elle. "Je vais prendre son poignard."

Elle dégaina l'arme à la lame suffisamment effilée à son gout, et remarqua que l'arc du mercenaire avait été brisé par sa chute. Ils n'avaient pas beaucoup de temps, chaque seconde était précieuse, aussi n'en perdit-elle pas d'avantage en fouillant plus amplement le corps. Elle laissa son nouveau compagnon passer devant elle par précaution, toujours craintive qu'il soit un agent infiltré de Opnol, et le suivi à l'ombre des bois de l'autre côté du talus. L'épaisseur des feuillages des arbres pourtant conséquent ne procurait pas beaucoup de couvert à la pluie. De nombreuses goûtes se frayaient un chemin de feuille en épine pour allait se laisser choir sur les têtes qui croyaient pouvoir y trouver refuge. Kithiara, comme à son habitude et obéissant à son inflexible caractère, ne laissa pas la moindre seconde à Kendall pour s'exprimer, lui annonçant la démarche à suivre pour la suite des événements.
"On a peu de temps, la tempête ne va surement pas durer, je m'occupe de récupérer nos affaires, mais il va me falloir du temps et le cavalier ne tardera pas à revenir." Commença-t-elle. "Avance sur le chemin et intercepte-le, dès que tu l'auras éliminé, retourne derrière le talus, et avance dans la direction de la caravane, je t'attendrais à l'orée des bois." - elle attendit pas une quelconque réponse ni une éventuelle contestation, et poursuivit - "Qui y a t-il dans le chariot que tu veux récupérer ?"

La franchise et la ténacité de la jeune femme impressionnait toujours autant Kendall, qui, au premier abord, ne sut que lui répondre... comme s'il oubliait tout en la regardant. Le jeune homme reprit conscience. Sa compagne attendait fermement une réponse, au vu de sa jolie mine crispée. Il eut un soubresaut et répondit vivement :

"Hahem, eh bien mon manteau de cuir noir, mon pantalon et mes bottes noires, mes deux épées en argent, mon arc long, -mes flèches- , et ma sacoche de chasseur, qui contient tous mes effets personnels. Tu la reconnaîtra à son cuir noir et sa fermeture en argent. Bonne chance."

Il tourna vite les talons pour mieux se concentrer sur sa mission, et surtout pour ne pas que son alliée de fortune ne se rende trop compte de sa gêne. Même hors de sa vue, cette femme hantait son esprit, et des images lui vinrent à l'esprit. Imaginant alors la guerrière avec lui, dans son lit, dans de torrides ébats langoureux. L'orage le fit revenir à la raison. Kendall tourna la tête, histoire de voir si sa partenaire de jeu le regardait toujours. Elle avait déjà tourné le dos, en direction de son objectif. Le jeune homme ne put s'empêcher de regarder une dernière fois les courbes gracieuses de la fougueuse jeune femme, dont la tunique trempée laissait voir la quasi-totalité de son anatomie. Il resta encore quelques secondes avant que l'orage ne le réveille une dernière fois de ses fantasmes.
Il empoigna l'épée qu'il récupéra sur le mercenaire, la fixant du regard, comme s'il la priait de ne pas ce briser durant cet assaut. Il la garda dans sa main droite, tout en longeant le talus buissonneux, à l’affût du premier cavalier arrivant de cette route.

Les deux évadés se séparèrent sur ces mots. La pluie battait toujours durement la forêt, si forte qu'il semblait surnaturel que les feuilles des arbres, principalement des hêtres, puissent ne pas se déchirer. L'humus gorgé d'eau rendait un jus noirâtre sous les pas des deux rôdeurs, dans les sous-bois.

En longeant la caravane, et surtout les files de prisonniers, Kithiara put apercevoir que ces derniers avaient un grand mal à soutenir le rythme de marche des chevaux, bien que ceux-ci soient aussi ralentis par les intempéries. À l'extrémité cependant, plusieurs semblaient anxieux, et regardaient frénétiquement en arrière. Les colliers de Kithiara et de Kendall étant attachés à leurs prédécesseurs respectifs, les esclaves avaient bien sentit qu'au lieu de la tension habituelle entre leurs cous, l'anneau métallique froid butait désormais sur leurs hanches, au bout d'une chaîne qui frottait contre leur dos. Un esclave qui n'a pas dénoncé un fuyard étant le plus souvent torturé, l'idée de ne pas pouvoir prévenir les garde terrifiait certainement les captifs encore enchaînés. Il fut aisé pour l'assassine de remonter jusqu'à la carriole qui contenait les affaires. Cette dernière était conduite par un cocher assis seul sur son banc. Ce dernier pestait à haute voix, mais le son était étouffé par le déluge. Derrière lui des barriques et des caisses anodines contenaient tout ce que possédaient les prisonniers avant le capture ainsi que les réserves nécessaires au voyage. La jeune femme n'avait pu obtenir aucune information quant à sa durée ou sa destination.

De son côté, Kendall disposait d'un peu de marge de manœuvre pour tendre une embuscade à l'escorte qui allait certainement revenir à la charge. Autour de lui, il ne manquait pas d'armes improvisées : pierres à lancer, longs bâtons qui semblaient solides... il possédait aussi une épée, mais sa portée relativement courte diminuait son efficacité face à un cavalier en pleine course. Il lui faudrait certainement faire preuve de prudence et d'initiative pour en venir à bout avant qu'il n'alerte ses pairs.

Kithiara s'avança, dissimulée derrière le talus au bord de la route, jusqu'à la hauteur du cocher du chariot aux esclaves, le principal individu susceptible de la repérer lorsqu'elle grimperait sur le chariot de tête. De ce qu'elle put voir entre les fougères malmenées par la pluie et les rochers, son visage trahissait des rides dans l'ombre du capuchon, et une épaisse moustache d'un mauvais goût très prononcé. La jeune femme examina précisément la situation pour décider de la manœuvre à entreprendre. Les conteneurs sur la carriole étaient hauts, et les gardes avaient eut le bon sens d'étendre une bâche par dessus pour épargner aux enfants esclaves des maladies qui pourraient être fatal à leur santé fragile à cause des intempéries. Le cocher était assis haut à l'avant, mais pas autant que sur un carrosse de noble, et avachi comme il l'était, sa tête atteignait tout juste le sommet de la caisse derrière lui. Couchée sur les conteneurs à l'avant du chariot, les prisonniers marchand derrière ne la verraient pas.

La jeune femme ralentie le pas, pour se retrouver à la hauteur du milieu de la carriole, juste après la première roue. Avec précaution, elle surgit sur le talus boueux, prenant appuis sur un rocher stable. Le bord du transport était juste devant elle, il lui suffit de tendre la jambe et d'attraper la rambarde pour l'accoster. Avec discrétion, elle se hissa sur la nappe noire bombardée de pluie, fasse contre sol. Le haut de la capuche du cocher était juste devant elle, à une longueur de bras. Kithiara rampa, amenant son petit corps jusqu'au bord. Elle prit garde de ne pas amener sa tête au dessus de la sienne, ce qui interromprait subitement la pluie battante sur le crâne du mercenaire, et ne manquerait pas de l'alerter, à moins qu'il fut aussi distrait que ces deux camarades qui avaient fermé la marche. Elle prit une seconde pour s'assurer que la mort de l'individu n'occasionnerait pas de problèmes regrettables. Ses mains posées nonchalamment sur ses cuisses n'exerçaient aucune action que se soit sur les rênes. Les chevaux suivaient docilement le chariot devant eux. Les gardes qui menaient la procession étaient à peine visible, aussi improbable que cela paraisse. Si elle ne les avait pas déjà vu auparavant, la jeune femme n'aurait sut dire s'il c'était agit d'hommes ou de femmes. Aucun risque de ce côté là.

La chasseresse serait le couteau dans sa main ferme, si l'individu n'avait pas eu cette capuche, elle l'aurait poignardé à la base du crâne dans sa nuque, et il aurait été tué avant même de sentir la lame pénétrer sa chair. Mais le coup en l'état actuel était trop incertain. Frapper sur le sommet du crâne était envisageable si elle utilisait convenablement toute la puissance pouvant être développée par l'intégralité du haut de son corps, et en se servant de son propre poids pour accentuer l'effet. Mais la lame pouvait aussi bien se briser, où lui bouger au dernier moment. Elle réfléchit à une autre solution qui lui vint rapidement à l'esprit. De ce qu'elle avait put voir de lui avant qu'ils ne quittent le manoir, il n'était pas spécialement musclé, et ne portait pas d'arme apparente. Kithiara pouvait l'étrangler, en exerçant une pression sur l'artère carotide, le cerveau serait privé d'oxygène et le cocher ne serait plus en mesure de réfléchir, les instincts primaires dicteraient sa réaction qui allait être comme pour n'importe qui d'autre d'agripper le bras de la jeune femme pour desserrer la pression sur sa gorge. Et en quelques secondes seulement il allait tourner de l’œil, ne plus avoir la force de combattre, et en une dizaine de secondes il allait s'évanouir pour une durée plus que suffisante.

La Ulglimm s'allongea en travers du chariot, pour être le plus possible en mesure de tenir sa position et la fermeté de sa prise. L'homme était avachi, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger du froid et de la pluie, mais ce n'était pas un problème, ne s'attendant pas à l'assaut, il allait être très facile à son agresseuse de se saisir de lui. Kithiara déposa le poignard dans sa bouche, prêt à l'emploi si jamais cela tournait miraculeusement mal. Et elle passa son bras droit sous le menton du mercenaire, agrippa sa main droite dans la gauche et exerça la plus forte pression qu'elle put délivrer. Cette technique lui avait été enseignée par Errendil, l'avantage était qu'elle ne requérait pas beaucoup de force, et que la victime n'avait pas la moindre chance de s'en sortir, livré à ses instincts primaires et stupides. L'homme lâcha les rênes, et par réflexe agrippa le bras droit de la jeune femme des deux mains, tirant dessus pour la dégager, mais ce fut inefficace car il ne put trouver de prise ferme, et essayant de gigoter la tête pour la déloger. Mais la jeune femme la serrait fermement contre son torse, et la tenait parfaitement immobile. Elle cru instant qu'elle allait lâcher, mais sa prise lui assurait suffisamment de force pour résister les seulement quelques secondes que nécessitait l'opération. Elle sentait l'os hyoïde remuer sous son bras. Elle s'aida de ses jambes pour assurer sa prise, et progressivement, dès les premières secondes, la résistance futile du cocher faiblit, jusqu'à ce que la dernière lueur de conscience ne l'abandonne. La jeune femme continua de l'étrangler quelques secondes par sûreté, risquant de causer des lésions cérébrales irréversible, mais ce n'était pas son problème. Puis elle reposa la tête de l'inconnu qu'elle l'avait été à l'origine, et le laissa là, comme s'il s'était tout simplement assoupi.

Une foi cela fait, elle se retourna la tête vers l'arrière du convois pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de mauvaise surprise, le peu de la route qu'elle put apercevoir au delà des derniers esclaves enchaînés n'était arpenté par aucun cavalier ni piéton. La jeune femme se demanda si tout se passait bien du côté de Kendall, et s'apprêta à poursuivre son oeuvre.

Kendall analysa sa partie du terrain, histoire de préparer un minimum son attaque. Le cavalier n'allait pas tarder à revenir, il fallait donc faire vite. Le jeune homme pensa d'abord à sauter directement sur le cavalier, l'épée à la main, depuis le talus. Le jeune homme réfléchit un moment puis se dit que le cavalier pourrait éventuellement s'attendre à être attaqué par les côtés, ce qui lui donnerait un avantage certain depuis sa monture. Il remarqua les solides bâtons gisant à ses pieds, en saisit un pour le mesurer. Celui-ci mesurait plus de 4 mètres, ce qui lui sembla suffisant pour pouvoir frapper le cavalier depuis le talus, et ce sans être vu par celui-ci. Avec un peu de chance, le coup pourrait grandement le déstabiliser, voire même le désarçonner - sur quoi Kendall pourrait enchaîner avec une frappe au sol fulgurante à l'épée, ne laissant aucune chance au mercenaire.

Entendant une cavalcade clapotante sur le humus humide, Le jeune homme enserra le long bâton du bout de son bras droit, l'autre bras maintenant l'arme de fortune dans son dos, pour lui donner un meilleur maintien dans la rotation, ainsi qu'une meilleure transmission de la force cinétique lors de l'impact. Des herbes hautes, il vit le cavalier arriver furieusement, faisant galoper sa monture au plus vite pour rattraper le convoi. Au vu de la vitesse qu'avait prit le mercenaire, Kendall sourit en pensant au choc provoqué par son coup. Il imagina même une décapitation par arme contondante, ce qui le fit rire intérieurement de dégoût. Le cavalier arrivait à sa hauteur, le jeune homme lança vigoureusement son coup en visant la partie supérieure du tronc de l'ennemi.

Son coup fut parfait. Le pauvre cavalier se prit le gros de l'attaque dans la gorge, craquant sa nuque, et le désarçonnant directement au passage. Le pauvre hère fut précipité promptement dans la boue, le souffle coupé, la frappe beaucoup trop fulgurante pour lui avoir laissé le temps de comprendre ce qu'il se passait. Le cheval ne se rendit même pas compte que son cavalier manquait, donc il traça droit dans les bois, sans repasser par le convoi.

Kendall sauta sur la route, après avoir regardé s'il n'avait pas été suivi par quelconque renfort. Cet imbécile fut trop empressé de venir réparer son erreur de lui-même et n'avais pas demandé de soutien.
L'épée à la main, le jeune homme tourna autour du pauvre homme, et discerna la face bouffie et écarlate de ce pourceau de Berklarg sous la pluie qui manquait de le noyer.
Kendall vit rouge. Il s'adressa à lui, en continuant sa ronde autour du paralysé.

"Berklarg, comme on se revoit! Mais ça alors, on croirait que la position de dominant me reviens, cette fois-ci."
Le ton était moqueur, presque enjoué. Le jeune homme contenait sa rage.

"Tu vas regretter de t'en être prit à moi durant ce séjour temporaire. Par quoi commencer?"
Le mercenaire revenait peut à peut à lui. Comprenant ce qui lui arrivait, il tenta de crier, mais seul un gargouillis étouffé sortit de sa gorge déformée par le coup.

"Tu n'avais pas tenté de me toucher à un endroit que je ne partage qu'avec les jolies femmes? Mais si, mais avec quelle main?"
Le jeune homme trancha sec sa main droite de son épée.
"Ne serait-ce pas celle là?"
Nouvelle tentative de Berklarg pour hurler sa douleur, mais son cou brisé ne l'étranglait plus qu'autre chose à chaque effort.

Le regard de Kendall s'assombrit. Il planta l'épée dans les parties du gros pervers, la tourna lentement, puis la retira, laissant Berklarg se vider de son sang en silence. Le ciel tonna, le jeune homme repartit dans les fourrés en direction du convoi.

De son côté, Kithiara avait grimpé sur le chariot de tête, et s'était jetée en premier sur le coffre où elle avait vue celui qu'elle supposait être le chef des mercenaires y déposer ses armes. Elle retrouva ses arbalètes de poings, avec tout l’attirail lié. Porter la main sur leur poignée fut d'un intense réconfort, elle en avait été privée trop de fois ce moi si. Le reste de ses armes s'y trouvait également, ses wakizashis et le baudrier allant avec, ainsi que ses deux poignards. D'autres armes y avaient été rangées, quelques épées, deux arcs de chasses, une hache de bûcheron, d'autres poignards, et même des javelots. Elle put notamment repérer deux épées longues semblant d'une meilleur facture que les autres, avec des gardes à n'en pas douter en argent. Sans doutes les armes de Kendall, et son arc était un des deux présentés à elle. La jeune femme ne fit pas de favoritisme, elle les sorti tout les deux, avec leur carquois et leur munitions, et les pausa à côté d'elle.

Le reste de l'équipement n'étaient pas là. Ils devaient se trouver dans une autre caisse, ou peut-être ce gros sac posé à sa droite. La jeune femme l'ouvrit, et ne trouva à l'intérieur que des vêtements banals de petites tailles, ceux des enfants sans doutes. Kithiara leva la tête pour surveiller les gardes au delà du tas de marchandises, s'assurant qu'ils ne tournaient toujours pas la tête de son côté, avant de poursuivre son instigation. Un second coffre fut ouvert, et il n'offrit que des babioles de bonnes femmes, des bijoux, des affaires de coiffure et différents autres matériaux étrangers à la chasseresse. Tout cela devait valoir un petit quelque-chose, qui pouvait amplement les rembourser de l'argent qui leur avait été destitué, avec des intérêts plus que convenables. La jeune femme ne se fit pas prier, et souleva le petit coffre, prenant soin de le refermer, et le posa sur un autre en attendant. Le coffre suivant ne lui révéla rien de plus intéressant, aussi commença-t-elle à craindre devoir bientôt déranger la pyramide de caisses pour investir celles situées plus en dessous, ce qui allait peut être amener des complications même avec l'aide de la tempête. Le temps était compté, et il s'écoulait vite.

La jeune Ulglimm ouvrit le dernier coffre en surfasse, et cette fois elle trouva une gibecière en cuir noir, les boucles en argent qui la fermait l'averti qu'il s'agissait probablement de la dite sacoche du chasseur. Cette éventualité lui fut confirmée par la présence d'un manteau, des vêtements et des bottes, tout de noir pliés en dessous. Kithiara extirpa les biens de Kendall de la caisse, et fut soulager de trouver effets juste en dessous. L'intégralité de sa tenue de chasseuse de prime, son grand manteau de cuir noir, ses longues bottes de cuir noir aux épaisses semelles, et aux multiples sangles rivetées de plaquettes métalliques. Elle devait se dépêcher, et trouver un moyen de transporter tout ça facilement hors du chariot. Elle s'empara du sac contenant les vêtements des enfants, et en vida le contenu sans scrupule, pour le remplacer par les vêtements de Kendall et ses propres effets. Il y avait encore de la place, aussi prit-elle soin de combler le vide avec le contenu du coffre de bijoux. Le bruit fut couvert sans soucis par la tempête, à la grande satisfaction de la jeune femme. Le sac pesait son poids à présent, mais ce n'était pas un problème.

La jeune femme s'apprêta à jeter son fardeau au bas du chariot avant de l'y suivre, mais se demanda si elle pouvait prendre le risque d’examiner plus en profondeur la cargaison afin d'essayer de s'approprier le plus possible de bénéfice. Elle jugea finalement que Kendall devait nourrir la même rancœur qu'elle envers leurs anciens geôliers s'il n'était pas l'un d'eux, et qu'il allait leur être envisageable de s'attaquer au reste des mercenaires pour régler les comptes, les voler, et s'approprier leur chevaux. Mais dès que la jeune femme repensa à l'éventualité que le chasseur soit un agent de Opnol, elle se crispa. Si c'était effectivement le cas, pourquoi avaient-ils pris soins de disposer de l'équipement à lui parmi ceux des prisonniers ? Leur but n'était-il pas seulement de l'empêcher de fuir, mais plutôt de la suivre si jamais elle y parvenait ? Face à l'incertitude et la méfiance, Kithiara faillit envisager la possibilité de laisser l'équipement de Kendall ici et de filer. Qu'elle l'ait envoyé intercepter le mercenaire emporté par son destrier avait été en plus un prétexte pour l'éloigner, et ainsi lui laisser une plus grande marge de manœuvre. Elle avait la possibilité de fuir, sans s'encombrer d'un inconnu. Mais peut-être était-il honnête. Oui, c'est ça, juste trop perspicace et honnête pour sa propre sécurité.

Sans trop savoir pourquoi elle prit ce risque, elle décida finalement de lui laisser sa chance, mais elle escomptait bien le surveiller étroitement. La jeune femme enroula les armes ensemble dans des vêtements blancs, et en fit de même avec le sac pour le préserver au maximum de l'eau et la boue dans laquelle elle allait le lancer. Une fois prête, elle expédia le sac au delà du talus boueux bordant la route, ainsi que les armes et la sacoche, et bondit les rejoindre dans l'ombre des bois. Sans perdre une seconde ni se retourner, elle les repris et s'enfonça de quelques mètres plus profondément à couvert de la végétation, où elle se dévêtit des vêtements de prisonniers que on lui avait imposé. Se retrouver nue sous se déluge ne lui apporta pas plus d'inconfort que dans sa précédente situation, les frissons ne s'en faisaient pas plus sentir. Elle s'empressa de revêtir sa tenue de chasseresse, puis s'équipa de ses armes, en attendant que Kendall ne la rejoigne.

Kendall longeait le talus en direction du convoi pour retrouver sa compagne. Il marcha sans faire de bruit jusqu'à entendre le bruit ambiant provoqué par ledit convoi. Le jeune homme se dit que son amie ne devait pas être loin. En effet, en suivant les traces dans les fourrés, il tomba sur un petit coin de verdure dégagé, à l'abri de la pluie. La jeune femme finissait de se rhabiller et n'avait pas entendu Kendall venir. Elle finissait d'enfiler son pantalon de cuir, le faisant glisser le long de ses jolies jambes satinées. Le jeune homme se surpris lui-même de la regarder à son insu, ce qui le gêna quelque peu. Il attendit caché que sa partenaire finisse de se rhabiller. Lorsqu'il n'entendit plus de bruit, il sortit délicatement de sa cachette et avança vers elle.

"C'est fait, l'autre cavalier est mort, pas de renforts en vue. Nous sommes à nouveau libres..."

Ces derniers mots firent sourire Kendall, en lui faisant baisser les yeux. Il venait de se rendre compte qu'il aurait vraiment aimé continuer ses pérégrinations à ses côtés, prolonger son expérience avec elle... Maintenant, il se rendait compte que cette décision appartenait à la jeune femme, et il attendait impatiemment sa réponse.

"Au fait, je ne sais même pas comment tu t'appelles?"

La jeune femme sursauta, et par réflexe elle attrapa l'arbalète de poing qu'elle avait pris soin de poser sur une branche à côté d'elle. Cet acte fit tressaillir le chasseur, qui ne devait pas s'attendre à une telle réaction apparemment. Kithiara inspecta d'un rapide coup d’œil les alentours, pour voir s'il n'y avait personne d'autres, puis se détendit, baissant son arme mais la gardant toujours en main. Elle venait de terminer d'enfiler l'intégralité de sa tenue, et il avait surgit juste à se moment là, le timing parfait semblait douteux. Et la gêne apparente sur ce qu'elle discernait de son visage la conforta dans ses doutes. Elle ne l'avait pas entendu venir à cause de la tempête, et pas vue non plus malgré les incessants regards de sentinelle dans toute les direction tout au long de sa tâche. Depuis combien de temps était-il là s'il ne venait effectivement pas d'arriver.

Un pic de colère s'insinua en elle à la pensé qu'il était resté caché en retrait à l'observer se rhabiller. Mais de toute manière avec l'obscurité conférée par le déluge, il n'avait vue d'elle qu'une silhouette indistincte. Et à présent, dans sa tenue de cuir noir elle était invisible. Kendall lui demanda son nom, le regard intrigué par l'arme de la chasseresse. Il avait de quoi être surpris, une arbalète de cette configuration était chose rare, si ce n'était inexistant dans cette partie du monde. C'était la fierté de Kithiara, et tout le monde cherchait inlassablement à l'en dépourvoir. Son nom. L'homme attendait de la femme qu'elle lui dise son nom. C'était toujours un moment compliqué. La jeune Ulglimm n'avait pas confiance en lui, pas plus qu'en qui que se soit d'autre, et ne voulait pas lui révéler son nom. Mais le commun des mortels avait tendance à se vexer lorsqu'on leur refusait cette information ; mais Kithiara n'y avait jamais accordé la moindre importance, sauf si elle avait la possibilité de se servir de l'individu qui le lui demandait.

Voulait-elle s'encombrer de ce type ? Il pourrait être utile c'est certain. Mais était-ce sans risque ? Elle avait toujours eu l'impression que toute action effectuée par une personne vivante comportait un risque, y compris se moucher. Mais après tout, n'avait-elle pas décidée tout à l'heure de lui laisser sa chance ? L'éventualité qu'il l'ait épié l'avait révolté, et si elle ne lui devait pas de l'avoir aidé à s'échapper, elle l'aurait au moins laissé amoché dans le doute. Mais rien n'était certain. Kithiara se décida finalement, après une courte hésitation, de lui révéler son nom, ou du moins un nom, pas forcément le sien :
"Ellysea, je m'appelle Ellysea."

Elle crut voir le visage du jeune homme s'illuminer comme celui d'un enfant goûtant la première foi à une saveur exotique exquise. Il avait l'air débile, ou très frustré, Kithiara n'arrivait pas à trancher, mais cela l'incommodait plus que cela l'amusait. Quel était son problème à celui là ? Sans doute lui plaisait-elle, et en y pensant bien, c'était une évidence, il l'avait vue dans sa tenue légère et trempée d'esclave, et probablement se rhabiller ensuite, et maintenant elle était une silhouette sombre dans du cuir moulant, un fantasme de bien des hommes. Elle lui plaisait c'était indéniable, et il n'aurait pas intérêt à se risquer à tenter quoi que se soit, elle le garderait à l’œil. Afin de dissiper cet air béat stupide sur le visage du jeune homme, elle lui demanda :
"Comment t'es tu retrouvé à être capturé par ces esclavagistes ?"

À travers le rideau sonore que procurait la pluie, alors que la caravane était éloignée de quelques dizaines de mètres, des cris étouffés par les intempéries retentirent. Il se tramait quelque chose au niveau du convoi, quelque chose qui n'était clairement pas heureux.

Kendall tourna la tête en direction des cris. Inquiet, il se tourna vers sa partenaire.
"Tu as entendu ça? Mes affaires, vite!"
La jeune femme lui jeta le sac qui contenait ses habits. Sans plus tarder, le jeune homme lui tourna le dos et se dévêtit rapidement. Sa tunique de jute étant son unique vêtement, il se retrouva nu comme un ver, juste le temps de récupérer ses vêtements. Pour une fois, il ne se soucia pas du ressenti de sa compagne. Il devait être prêt à faire face à n'importe quelle contre-mesure provenant des gardes restants.
Une fois vêtu, il se retourna vers sa partenaire de chasse, sourit et lui demanda :
"Alors, qu'est-ce qu'on fait? On attaque les premiers? Je t'écoute."
La voix du jeune homme se voulait complice, presque rassurante - mais toujours professionnelle - ne voulant pas apeurer plus son amie... déjà méfiante.

La jeune femme se surpris à être vaguement envoûtée l'espace d'un instant par ce qu'elle voyait. Sans pudeur, il s'était dévêtu devant elle, et dans la pénombre le spectacle offert n'avait pas été vilain. Il y avait longtemps que Kithiara n'avait connu d'aventures avec qui que se soit, sa dernière relation d'un soir remontait à plusieurs mois. Elle n'avait jamais ressentit le manque, mais la vision d'un homme séduisant était toujours appréciable. Heureusement dans l'obscurité, il n'avait pas put voir son regard figé dans la contemplation, et la mâchoire de la Ulglimm ne l'avait pas trahit.

La main toujours agrippée fermement à son arbalète, elle redirigea un regard prédateur dans la direction du convois. La proposition de Kendall tombait à pic. Le corps de la jeune femme avait un peu perdu de sa vigueur après tout ces séjours d'emprisonnement, et le manque d'exercice. Elle avait besoin de faire un peu de sport, récupérer ce qu'elle avait perdue, et éliminer les derniers mercenaires de la caravane était une pratique tout aussi bien qu'autre chose. De plus, Kithiara bouillonnait d'une fureur accumulée au court de ses derniers jours qui avait besoin d'être libérée. Le chasseur allait la voir sous son véritable jour, allait-il toujours être autant intéressé de la suivre après l'avoir vue s'extasier dans le sang ?

Le jeune homme terminait d'attacher son baudrier supportant ses épées, son carquois était déjà en place dans son dos, et son arc long attendait patiemment contre l'arbre d'à côté de distribuer la mort. Oui, massacrer ces vauriens était très tentant, et les deux partenaires bénéficiaient de l’avantage du couvert, de la surprise et de la puissance de tir : avec les deux arcs longs et les arbalètes, ils allaient être en mesure d'offrir 4 cure-dents à usage unique aux mercenaires avant qu'ils n'aient le temps de réagir. La jeune femme posa le sac contenant les bijoux volés sous les feuilles d'un buisson près de l'arbre à la silhouette caractéristique où elle avait posé son arbalète lorsqu'elle s'était vêtue, rengaina cette dernière, et s'appropria le second arc et le carquois avant d'avancer vers le convois en annonçant à son camarade :
"Allons leur faire payer leur manque de jugeote de nous avoir capturé."

Le jeune homme attendit qu'elle arrive à sa hauteur pour prendre sa suite. Il avait sans aucun doute discerné la rage contenue mais non dissimulée dans la voix de sa camarade. Progressant accroupis dans la flore obscure et humide, une flèche encochée dans leur arc respectif, les deux acolytes se rapprochèrent jusqu'à être à portée de vue des chariots sans s'exposer, à plusieurs mètres du talus, camouflés dans l'ombre. Plissant les yeux sous sa capuche, la jeune femme perça l'obscurité pour analyser ce qu'il se passait sur la route.

Le convoi était immobile. L'un des chevaux de trait éternua et secoua la tête, soulevant de lourdes gerbes d'eau de sa crinière détrempée. Il n'y avait pas l'ombre d'un garde dans l'obscurité. En fait, les deux montures de la tête de file étaient même attachées à une vieille souche, calmes. Du côté des prisonniers en revanche régnait une certaine agitation : à travers l'humidité, la pluie et les ombres de la fin d'après midi, une silhouette semblait vérifier le visage de tous les détenus. Elle se rendit compte alors que les deux assassins l'épiaient qu'il manquait deux des esclaves. Il se passa quelque secondes durant lesquelles la personne sembla réfléchir, puis elle fit volte face et enfourcha une troisième monture qui attendait en retrait dans le bois.

La silhouette cavalière s'en alla au galop, laissant les deux aventuriers seuls. Curieux et perplexes, les deux compères se mirent d'accord sur le fait qu'il fallait inspecter les environs, qui étaient bien trop calmes. En effet, Kendall et "Ellysea" se rendirent compte que les quatre mercenaires restant étaient tous morts - de cause non-naturelle. Les deux jeunes gens jugèrent cela bizarre et mirent cette action sur le dos de l'étrange cavalier.

La chasseresse se précipita sur les cadavres afin de les examiner. Kendall se dirigea vers les coffres présents sur les autres carrioles, sous le regard médusé de la foule enchaînée. Il leva les yeux au ciel et entraperçut un éclaircissement dans les nuages. La pluie se faisait moins dense, plus fine avec le temps. Les esclaves ne comprenaient absolument rien à ce qu'il venait de leur arriver, et n'osait même plus parler. Ces pauvres hères se contentaient juste de contempler leurs sauveurs, qu'ils tenaient parmi eux il y'a une heure à peine.

Kendall demanda à sa partenaire :
"Alors, qu'est-ce que tu trouves?"

Outre le fracas diminuant en intensité de la pluie, la scène était d'un calme pesant. Kithiara n'adressa aux prisonniers qu'un bref regard désintéressé. A ses pieds, affalé contre le talus rocailleux et les jambes flottant à moitié dans la nappe boueuse atteignant quasiment les genoux de la jeune femme, un des mercenaires gisait les yeux encore ouverts fixant la silhouette penchée au dessus de lui d'un air livide. Ses mains étaient encore serrées sur sa gorge, trempées d'un liquide écarlate que la pluie peinait à chasser. La chasseresse les retira du cou, et remarqua que la trachée avait été ouverte, sectionnée nette avec l'artère carotide. Un coup précis et mortel, effectué avec une lame fine et surement courte, probablement un poignard. L'arme de l'individu était encore dans son fourreau, il avait dut avoir été attaqué par surprise. Le second corps qui gisait quasiment entièrement immergé face contre terre tenait encore son épée dans sa main, il avait eut le temps de dégainer, mais pas de parer. Kithiara retourna la dépouille, et constata une entaille dans son plastron de cuir.

Avec vigueur, la guerrière trancha les sangle avec un de ses wakizashis, et retira la cuirasse dévoilant la fine entaille sur la peau. Peu de sang avait coulé, la mort avait dut être immédiate. La lame avait trouvée parfaitement son chemin entre deux côtes jusqu'au cœur. La taille du trou correspondait effectivement à la largeur d'une lame de poignard. Qui avait bien put faire cela ? Sans doute l'individu que Kithiara avait aperçu filer au galop dans les bois. Il avait éliminé ces gardes avec une grande efficacité. La jeune femme pensa instinctivement à Arja, ses poignards auraient put infliger de telles blessures, et la chasseresse ne doutait pas de ses capacités. Mais c'était impossible, comment la blonde se serait-elle retrouvée là ?

Kithiara remarqua alors que l'un comme l'autre, les deux cadavres avaient été dépouillés de leur bourse. Un son aigu la sortit de ses pensées. Cela ressemblait au timbre d'une voix féminine, provenant de sous la bâche de tissus imperméabilisé qui couvrait le chariot sur sa droite.
"S'il vous plait, aidez-nous." disait la voix.
Le ton était suppliant, implorant même, et cela mis Kithiara très mal à l'aise. C'était surement une des femmes enfermée avec les enfants dans les boîtes. Les pauvres bougres ne devaient pas comprendre ce qu'il s'était passé. Une autre voix familière l'interpella ensuite, celle de Kendall, qui lui demandait ce qu'elle avait trouvé.

"Ils ont été attaqués par surprise, abattu chacun avec un unique coups précis, sans doute effectué avec un poignard." Résuma Kithiara en rengainant son wakizashi dans son dos, et adressant au ciel un regard indéfinissable.

Qui que se soit qui ait put faire cela, ce ne devait pas avoir été prévu dans un éventuel plan machiavélique de Kendall s'il avait été un infiltré, sa surprise était sincère, et il ne démontrait aucune sympathie pour les mercenaires abattus, pas plus que pour les prisonniers, peut-être était-il sensiblement comme elle. En tout cas ne semblait-il pas être un ennemi, mais elle n'allait pas pour autant baisser sa garde, toujours était-il qu'elle ne le connaissait pas. Sans en rajouter plus, la jeune femme s'approcha de l'esclave le plus proche - qui devait la dépasser de plus d'une tête s'il s'était tenu droit, mais qui dans sa misère était courbé (et d'une manière forcée par la chaîne qui le reliait au chariot pas assez longue pour lui permettre de se redresser) - et posa sur son épaule une main remplie de fausse compassion. Kithiara se voulait rassurante ; ils étaient terrorisés, ils n'attendaient qu'un bienfaiteur qui puisse venir les sortir de leur malheur, un sauveur que la jeune femme pourrait feindre sans mal et à qui ils seraient prêt à tout confesser dans l'espoir qu'elle les sorte de là. Mais en vue de toute éventualité, elle se plaça tout de même de manière à ce qu'il ne puisse atteindre ses arbalètes ou sa gorge de ses mains - on est jamais trop prudent -.

"Qu'est ce que tu as vu ?" Lui demanda t-elle d'une voix douce.

L'homme était massif et grand, même par rapport aux autres prisonniers. Son crâne dégarni aux cheveux coupés ras semblait cerclé par une unique bande velue, sa barbe fine et grisonnante de prisonnier se confondant avec la base de sa chevelure. Il arborait quelques rides, et sa peau était recouverte de petite tâches comme des grains de beauté peu marqués. Ses yeux avaient l'expression indéfinissable de quelqu'un de sévère et droit souffrant le martyre. Malgré la captivité, sa toile de jute laissait deviner une musculature plus volumineuse que la moyenne. Il n'était clairement pas ulglimm.

"Rien. J'ai entendu des cris, un bruit étouffé de quelqu'un qui tombe, et des cris des prisonniers repris par beaucoup d'autres. Quelqu'un est venu nous inspecter, tout le monde avait peur, ce devait être une femme, mais je n'en suis pas sûr. Grande, fine, mais dissimulée sous une large cape. Elle est partie après avoir vu vos chaînes vides."

Il soupira, reprenant contenance : après tout, le gros du danger était écarté.

Kendall, quand à lui, ne trouva pas grand chose d'intéressant à l'intérieur des coffres. Les esclaves ne devaient pas être de grands aventuriers, ni même de riches marchands : car peu d'armes et encore moins d'or.
Les seuls objets dignes d'intérêt furent une montre à gousset, une statuette de femme en ivoire (sûrement une sorte d'idole religieuse), ainsi qu'un étrange masque en acier, peint en bi-ton blanc et bleu. L'acier, assez vieux mais pas encore rouillé, montrait quelques rayures par-ci par-là, ce qui semblait énormément fragiliser l'ensemble du masque. Le tenant dans ses mains, le jeune homme sentit une étrange attraction pour cet objet, le jugeant particulièrement singulier. Il le mit dans son sac en attendant de le montrer à sa partenaire. Il referma les coffres les uns après les autres, en jetant un dernier coup d’œil à leur contenu avant de repartir vers sa partenaire.
Kendall lança un regard aux cadavres de mercenaires aux alentours, regarda les esclaves, et se dit qu'il ne pourrait pas les laisser seuls ici. Il fouilla donc les cadavres de gardes et trouva un trousseau de clés qu'il mit dans sa poche après l'avoir nettoyé.
Il avança vers la foule en vue de rejoindre sa compagne de chasse. Celle-ci semblait particulièrement troublée par les propos qu'elle avait tenus avec le prisonnier en face d'elle. Quand le jeune homme arriva à sa hauteur, il se rendit compte qu'elle fixait droit devant elle, happée dans ses pensées. Kendall se tourna vers l'esclave, qui ne comprenait pas vraiment la réaction de la jeune femme. Le chasseur lui tendit le trousseau de clé trouvé sur les mercenaires avant de lui adresser une tape sur l'épaule, amicale pour le service rendu auprès de sa partenaire. L'esclave se retourna vers ses congénères pour trouver les bonnes clés, impatients de retrouver la liberté.

Kendall prit la jeune femme par les épaules :
"Ellysea, tout va bien?"

Le contact ne se voulait pas brusquent, mais sortit brutalement la jeune femme de son trouble. Elle sursauta et se dégagea promptement, attrapant par réflexe le bras de l'imprudent, elle faillit exercer une torsion pour plaquer l'individu contre le chariot et l'immobiliser, mais elle put se retenir. Kendall la fixait les sourcils froncés, étonné et surement un peu agacé également par les manières de cette furie. Il désigna son bras d'un roulement des yeux d'un air insistant, et Kithiara réalisa qu'elle le tenait toujours fermement, ses mains exerçant une tension sur son membre. Elle le relâcha, et adressa un dernier regard sur le prisonnier qui s’évertuait à faire rentrer la clef dans le cadenas du bout de ses doigts tremblants, surement animés de la peur que ce petit bout de métal qui pouvait tous leur rendre leur liberté disparaisse soudain réduisant à néant leur ultime espoir. La chasseresse était très déçu qu'il ne lui ait rien appris de plus, et maintenant que Kendall leur avait offert le moyen de se détacher, la jeune femme ne pouvait plus rien extraire de leur lèvres, quasiment pleurant de soulagement et d'espoir, ils ne daigneraient même pas l'écouter.

La jeune Ulglimm n'accorda pas de regard à Kendall, son visage énigmatique révélant toujours l'ombre d'un trouble perturbant. Elle longea le chariot, le contourna et repartit vers le bois en se contentant d'informer son camarade qu'elle avait laissé quelque-chose dans les bois, le laissant seul avec les anciens captifs dans la confusion. Elle quitta la route inondée, enjambant le talus, pour se retrouver à nouveau dans la boue jusqu'aux dessus des chevilles. De la tempête, il ne subsistait qu'une pluie fine et régulière, le ciel s'était éclaircit d'un coup, s'illuminant d'un blanc immaculé. Ce pouvait-il que la personne responsable du massacre soit Arja, une femme qui cherchait des esclaves particuliers, apparemment elle même et son compagnon, et qui s'en était allé faute de les trouver. Kithiara ne voyait pas de qui d'autre il pouvait s'agir. Comment avait-elle put la retrouver ?

La chasseresse remonta ses pas à travers les bois, ne se laissant pas distraire par ses questions, les mains prêtes à se saisir de ses arbalètes ou de ses wakizashis. Arja l'avait déjà surpris lors de leur rencontre, et la jeune femme s'attendait à ce qu'elle lui bondisse dessus, surgissant de nulle par à nouveau. Même si c'était fort improbable, elle avait filé au galop dans le sens inverse de l'autre côté de la route. Elle retrouva l'arbre à la forme caractéristique au pied duquel elle avait laissé le sac remplis de bijoux et matériel féminin de valeur. Cet arbre ressemblait vraiment à un monstre se contorsionnant horriblement de douleur. Elle ramassa le sac et retourna promptement vers le convois. Lorsqu'elle regagna la route, les prisonniers étaient encore attachés à se détacher, certain s'étaient déjà rués sur le chariot de tête pour retrouver leurs effets. Kendall s'occupait des deux chevaux à l'avant du convois, il devait avoir eut la même idée que Kithiara de se les approprier pour filer.

Et maintenant qu'allait-elle faire ? Allait-elle sérieusement partir accompagné de ce gars là ? Elle descendit du talus et longea la procession d'un pas lent dans les flots boueux, retardent le moment où elle allait annoncer sa décision à Kendall. Elle n'aimait pas devoir faire équipe, et d'ailleurs elle n'en avait pas envie, mais depuis quelques jours, en fait depuis qu'elle avait parcouru les souterrains mystérieux avec Arja où elle avait été face à un phénomène surnaturel, elle se sentait en permanence menacée. Était-ce une impression influé par la sensation désagréable et menaçante qui l'avait assaillit devant le balancier, des relents désagréables comme une sorte de traumatisme ? Ou bien une sorte de sixième sens qui l'avertissait qu'un lien imperceptible mais puissant s'était crée entre elle et la présence malsaine qu'elle avait senti. Que ce fut le fruit de son imagination, de sa propension à voir du danger partout, ou d'une menace bien réelle, Kithiara ne se sentait vraiment pas en sécurité. Et même malgré son caractère associable et solitaire, une seconde présence familière était toujours rassurante.

Alors qu'elle arrivait à l'avant du chariot de tête, elle se rendit compte qu'elle avait pris sa décision, même si elle était très incertaine du résultat. Kendall la fixait s'approcher, déjà monté sur un des destriers, tenant les rênes du second attendant docilement à côté. Il les tendit à sa camarade qui hésita une dernière foi, avant de les prendre et de monter en scelle sans mot dire. Elle regarda les prisonniers qui se libéraient les uns après les autres, et décida qu'elle avait déjà passé trop de temps sur cette route forestière.
"Je vais à Liuslunn" annonça-t-elle. "Si tu veux m'accompagner... tu peu"
Et sans attendre de réponse, elle partit au trot sur le sentier, ne sachant pas vraiment où elle allait, mais refusant finalement après une intense réflexion de se risquer à prendre d'assaut le manoir des esclavagistes pour essayer d'en savoir plus.