Mer, Ciel et Terre

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'D20' : 9

Un silence pesant agrémenté de quelques regards fuyant entre les protagonistes se conclue par un raclement de gorge qui annonçait la sentence du capitaine : "J't'enferme alors."

Le second du navire, comprenant qu'il valait mieux ne pas trop attirer l'attention, s'éclipsa discrètement tandis que le capitaine donnait l'ordre au matelot musclé de garder l'entrée de la chambre. À son retour ; qui ne se fit pas attendre ; il lâcha aux pieds de Delamune un sac de provisions rassies et deux larges outres d'eau. La pièce comportait des latrines en bois donnant sur l'extérieur de la coque : la jeune femme devina les intentions des marins. Ils sortirent, la porte se ferma, et sans qu'elle ne puisse broncher, elle entendit des coups de marteau dans le cadre de la porte en train d'être scellée.

Elle se retrouva donc seule durant trois jours. Par son petit hublot, elle finit par apercevoir un nombre important d'embarcations, dont certaines n'étaient que de simples barques. Son transport accosta, et elle fut libérée sans politesse ni ménagement par le capitaine, toujours aussi suspicieux. Presque toutes les personnes qu'elle croisa lui jetèrent des regards noirs ou apeurés, certains matelots crachant même à leurs pieds sur son passage.

En sortant des entrailles du navire, elle découvrit une grande cité dont elle connaissait bien les toits noirs d'ardoise et les façades caractéristiques composées de piliers grossiers en pierre de taille entre lesquels les murs étaient fais d'épaisses et accueillantes planches de pin clair. Yrnal Josv, pavée de galets roulés usés par les ans, au long passé militaire, était le port principal de sa région. Deux grandes routes menaient respectivement à Mardles, la ville moins imposante où vivait la mère de Delamune, et à Herjvnosik, la grande cité, capitale de la région. Un canal menait aussi là-bas, longeant le plus souvent la voie terrestre, construit il y a plusieurs centaines d'années par de brillants ingénieurs hytis.

Un vent salé soufflait dans les cheveux de la jeune femme, qui redécouvraient avec émotion que son pays était resté le même dans ses plus infimes détails d'odeur et de couleurs. Tandis qu'elle descendait par la large planche qui reliait le navire à la terre ferme, elle constata que son ventre était particulièrement gonflé. N'ayant jamais enfanté, elle se doutait tout de même que ce n'était pas normal au bout de trois ou quatre mois. À peine avait-elle posé un pied à terre que deux enfants coururent vers elles, précédant leurs parents bien plus retenus et distingués, mais affichant tout de même une certaine inquiétude :

"Mademoiselle Jarnepalsson... vous portez vous bien ? Quelle folie qu'on faite ces rustre à vous infliger pareil traitement malgré votre état..." se lamenta dame Jordelp, son état faisant clairement référence à sa grossesse.