1à kilomètres à pieds, ça use, ça use...

Alrun se mis tout de suite en marche, dans la direction qu'avait pris le dragon et son amie.
Il commença à marcher, bien que fatigué, il était encore capable de faire quelques kilomètres. Pendant qu'il marchait, il se demanda si Dellamune avait pensé à la réaction des gens en la voyant arriver sur le dos d'un dragon qui venait de dévaster une ville, il ne connaissait pas très bien le coin, mais des paysans peu cultivés auront vite fait de tirer des conclusions hâtives.
Il s'arrêta près d'une mare une dizaine de minutes, pour se reposer et remplir sa gourde, et repris le chemin.
Tout en posant un pied devant l'autre, il se rappela qu'il commençait à avoir faim, il espérait pouvoir manger chez la famille de Dellamune. Le soleil commençait à baisser à l'horizon, et il commençait à voir au loin se profiler un village, il supposa que c'était sa destination, il lui restait deux heures de marche environ.

Il y avait un véritable contraste entre le chaos flamboyant de Mardles et le calme de la soirée en rase campagne. Alrun suivit une route qui se fit chemin, et il eut l'intuition qu'il ne s'agissait probablement pas de la bonne route. L'astre diurne avait cependant déjà disparu derrière la cime des arbres, et il était trop dangereux de revenir sur ses pas. Il continua donc, dans l'espoir que son instinct l'ai trompé, et, après encore quelques dizaines de minutes, alors que les feux qui consumaient les ruines de la ville n'étaient plus que des feux follets indécis à l'horizon, un homme apparut sur le chemin, en face.

Il portait une grande toge comme celles des hytis à l'Est. D'ailleurs, s'il n'était pas hytis, il s'agissait d'un déguisement. Coiffé d'un casque cérémoniel duquel jaillissait une lourde crinière blanche masquant les véritables cheveux de l'homme ainsi qu'une bonne partie de son visage. Sa toge lourde semblait faite de plusieurs couches de tissu épais et soyeux, dans des couleurs sobres. À l'épaisse ceinture ornementé pendait deux besaces qui bringuebalaient à chacun de ses pas.

Lorsqu'il s'approcha de son pas lent et régulier, Alrun se rendit compte qu'il n'avait pas de visage mais un masque blanc maquillé dans une expression figée telle une poupée de porcelaine. L'homme s'arrêta à quelques mètres d'Alrun et questionna d'une voix grave, mature et monocorde dans un ghen à l'accent tranché : "Qa seit vos éfé ?" ("Que faites vous ici ?")

Jet difficulté 15 en ghen pour comprendre EMP&LOG

[Jet de Ghen : Emp (8) + Log (4) + Ghen (4)]
Jet réussi si > 0

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'D20' : 1

Alrun hésita, la phrase "Que pètes-vous ici" ne signifiant pas grand chose, il décida de demander à son interlocuteur de se répéter, ce dernier haussa un sourcil et s’exécuta. Il compris alors la demande et répondit en ghen.
"Je cherche un dragon, et une fille, ils sont surement au même endroit. Auriez-vous vu un dragon ? Et vous que faites-vous ici ? Je suis mieux placé pour vous poser la question, parce qu'on voit surement plus de gens accoutrés comme moi que comme vous par ici !"

[Jet de ghen : Emp (8) + Log (4) + Ghen (4)]

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'D20' : 1

20*20 = 400 sur une échelle de 1 à 20 ton échec critique st à 400 : ultra-critique

L'homme resta un instant bouche-bée derrière son masque. Cet homme aux traits du Nord, à l'air insouciant et aux muscles saillants était donc le chef du Xan noir qui venait d'invoquer le dragon au dessus de Mardles. Lui, prêtre du Munsijen ne pouvait s'empêcher de braver la mort pour éradiquer un ennemi aussi important. D'autant plus qu'il ne l'aurait probablement pas épargné.

Avant qu'Alrun n'ait le temps de réagir, le prêtre pris une dague de la main droite, cachée par un pli de sa toge, tout en faisant des signes étranges de la main gauche. Il fit quelques pas en avant, menaçant, puis, brusquement, se trancha la gorge. Il ne s'écroula pas tout de suite, mais passa sa main - qui venait de lâcher sa lame - sur sa gorge, et jeta le sang au visage d'Alrun. Ce dernier en ressenti une brûlure acide qui lui brouilla instantanément la vue. Ses mains couvrirent instinctivement son visage tandis qu'il reculait. Lorsque sa vue revint enfin, et que la douleur se fut estompée, il constata que l'homme qu'il venait de rencontrer gisait mort sur le sol.

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'D20' : 18, 3


38 (prêtre) à 18 (Alrun) : Malédiction effective

Alrun s'essuya le visage du sang qui lui avait été projeté, il ne ressentait plus de douleur. Il observa alors le cadavre de l'homme et se demanda bien ce qui avait pu le pousser à se suicider de manière aussi ridicule.
Il fouilla alors le cadavre, pour trouver des informations sur l'étrange personnage.

[Jet de fouille : PER + DEX (19) + 1D20]
 (Jet de fouille pour les objets cachés)

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'D20' : 3

Alrun déshabilla partiellement la victime de sa propre main et vida rapidement ses besaces et plis de toge pour avoir une idée globale du contenu. Des provisions, un petit couteau, un plus grand - en plus de la dague rituelle - un briquet à amadou et un stock d'amadou conséquent, une outre d'eau presque pleine, quelques bijoux rituels dont seul un était en métal précieux : une amulette en or blanc aux formes ésotériques qu'il portait au cou. Encore un peu d'encens et une demi-douzaine de pièces en argent reposaient au fond d'une petite bourse en cuir lâche.

Alrun récupéra les provisions, son outre était déjà pleine alors il laissa celle du moine, il ramassa les pièces, quand il se pencha sur l'amulette il hésita... puis haussa les épaules et la glissa dans sa poche.
Il scruta alors l'horizon tout autour de lui puis reparti en direction du village, en espérant n'avoir tué qu'un étranger inconnu de tous, avoir éliminé un prêtre local aurait été plus problématique.
Il marcha encore quelques heures avant d'arriver devant un petit village.

Il s'agissait d'un village comme tant d'autres en Darkarésie : quelques longères de bois et de chaume, quelques plus petites chaumières en moellons grossiers, le tout regroupés sur le flanc sud d'un petit coteau. La soirée était bien avancée, et seules deux lanternes permettaient de repérer le village de loin. Il ne comportait pas d'auberge : seulement trois fermes et une demi douzaine d'autres bâtisses où l'utilitaire prenait souvent le pied sur l'espace de vie.

Un gamin qui sortait d'une bâtisse le regarda comme si Alrun avait quelque chose sur le visage, Alrun l'interpella en ghen et lui demanda si il connaissait une certaine Dellamune Jarnepalsson, ou quelqu'un portant le même nom.
Le jeune garçon l'observait les yeux écarquillés sans répondre. Alrun continua en demandant l'hospitalité, précisant qu'il pouvait payer.
Le fait d'évoquer de l'argent sembla réveiller son interlocuteur, qui couru dans la maison, et en ressortit avec un péquenot plus large que haut, mais aux traits plutôt fins pour quelqu'un de sa naissance.

Malgré son mauvais ghen mélangé à un fort accent Septan, Alrun se rendit rapidement compte qu'il comprenait facilement ce que lui disait l'homme. Ce dernier se présentait assee rustrement mais amicalement comme étant Gijn, le tanneur et cordonnier du village. Soudain, cela frappa le jeune voyageur : le dialecte parlé par le villageois était plus proche du Septan antique parsemé de mots ghen que de l'inverse. Bien qu'Alrun l'ignorait, le peuple Septan avait autrefois été très présent de ce côté du Valoka.

"Oublie mon gamin ! Ce sale rat radin !" En Septan, les répétitions sur les premières syllabes des mots étaient perçus comme des jeux de mots. Ici aussi, puisque l'homme poussa un rire nasillard et franc, fronçant son visage qui en devint rouge vif. "Aller viens mon gars, et donne nous des nouvelles de Mardles, puisque t'as l'air d'en venir !"

Alrun fut content d'être confronté à quelque chose de relativement familier. Il commença alors à raconter :
" Je suis arrivé à Mardles il y a deux jours, j'accompagnait une amie qui cherchait à retrouver sa famille. Nous sommes entrés dans une auberge, et quelques minutes après, un souffle ardent a détruit toute la ville... Un dragon ravageait la cité."
Le tanneur regarda Alrun avec stupéfaction.

Il resta bouche-bée plusieurs longues secondes, et le seul commentaire spirituel qui lui vint fut un "Foutre dieux !" tonitruant. Visiblement, si la nouvelle semblait l'inquiéter, il restait une grande part de doute et ne savait pas s'il devait croire ou non Alrun.

"V'nez me raconter ça en détails !" s'exclama-t-il en indiquant à Alrun de venir chez lui à grand renfort de signes de bras.

Quelques pas et un seuil de porte plus loin, une petite salle commune familiale occupée par une grande table bordée de deux banc et d'un tabouret, un âtre rond dans lequel se balançait une marmite dégageant une forte odeur de navet, et quelques meubles sommaires et outils accrochés aux murs. Le deuxième enfant du tanneur, de trois ans son cadet, arriva et regarda Alrun avec de grands yeux curieux.

Alrun raconta alors en détail tout ce qu'il avait vu de l'attaque de la ville , en omettant aucun détail. Ce faisant, on lui servit un repas frugal, mais très généreux venant de pauvres paysans. Tout au long de la soirée, le fermier passa son temps à se gratter la tête l'air soucieux.
Les enfants étaient pendus aux lèvres d'Alrun, comme si il racontait un conte légendaire pour les distraire, et la femme resta en retrait sans rien dire. A la fin de son discours, Alrun s'excusa :
"-Je suis désolé d'être porteur de mauvaises nouvelles de ce genre. Mais de votre côté n'avez vous pas vu le dragon survoler la région ? Il était parti dans votre direction, mais je me suis peut-être perdu."

Les enfants n'arrivaient pas à se détacher du nouveau venu, qui racontait d'effrayantes mais passionnantes histoires qui semblaient venir d'une autre contrée. Ils ne se rendaient pas compte que ce danger là était à leurs portes... Leur mère, elle, semblait s'en rendre compte. Elle était assise un peu en retrait, comme si elle hésitait à faire ou dire quelque chose. Elle n'en fut cependant rien sinon rajouter un billot sous la marmite puis de coucher les enfants. Alrun resta donc seul un moment avec le villageois, échangeant des détails et impressions. Ce dernier semblait intrigué de la réaction plutôt calme du jeune Septan, et attribua cela à l'étrangeté de toute sa race, inconscient d'être bien plus proche de lui que d'un ghen ou d'un hytis. Vint le moment où il furent obliger de conclure que prévenir les autres habitants du hameau était une question de vie ou de mort.

"J'veux qu'tu vienne avec moi, y s'ront ptêt' cons qu'si j'y vais tout seul..."

Alrun accepta, et suivit l'homme qui se levait. Ils sortirent de la bâtisse l'un derrière l'autre, et marchèrent jusqu'à une place circulaire au centre de laquelle se trouvait un arbre avec une grosse branche, parfaite pour pendre des gens, et côté, une petite estrade, surmonté d'un échafaudage avec une cloche.
"-Pour les annonces importantes, les pendaisons, les mariages tout ça" précisa le villageois.
Il secoua énergique ment la cloche qui tinta trois fois, puis il attendit. Au bout d'une dizaine de minutes, de nombreux homme étaient déjà rassemblés autour d'eux, râlant et demandant pourquoi on les appelait à une heure si tardive. L'homme qui avait accueillit Alrun prit alors la parole et dit d'une voix forte :
"- Ya un problème ! Un dragon a attaqué la ville voisine, et not' bon village est p'têt en danger !"
Le regroupement se mit alors à s'agiter. Tous vociféraient et chacun y allait de son petit commentaire. L'hôt d'Alrun fit sonner la cloche, mais cela eut peut d'effet. Ils attendirent donc que le calme revienne dans l'assemblée. Alrun fut alors sollicité, et il raconta une fois de plus ce qu'il avait vu. Quand il eut finit, le silence se fit pendant quelques instants... Et le brouhaha reprit de plus belle !

Un dragon. En fait, personne n'avait réellement conscience de ce qu'était un dragon, et d'ailleurs, la plupart des discussions avaient tourné à l'élaboration grotesque et orale d'un monstre correspondant à la description. L'imagination des paysans était plus riche qu'il n'y paraissait, mais cela n'allait pas arranger les choses : déjà, certains rentraient en hâte dans leurs foyers, et l'agitation gagna bientôt les chaumières. L'hôte d'Alrun se débattait aux côtés d'un autre homme, plus âgé, pour tenter de rétablir un semblant d'ordre ou essayer de préparer une forme de défense, mais rien n'y fit, au bout d'un petit quart d'heure, la plupart des familles préparaient leurs maigres bagages pour émigrer. Les moins crédules semblaient ignorer la nouvelle, pensant Alrun fou, et quelques uns lui semblaient hostiles.

"Alböl, on peut pas rester ! Y s'tirent tous !"
- Je sais, répondit celui qui avait accueilli Alrun d'un ton sec et irrité. Bon, toi le septan, t'as qu'à venir avec nous. Si t'es là c'est qu'un dragon ça t'fait pas peur !"

(Quête) Détale !
Escorter le cortège de paysans jusqu'à un endroit sûr.
Récompense : 35 PX

Alrun se dit que rester avec ces villageois n'était pas plus mal. Au moins ils connaissaient le coin. Il accepta donc de les suivre. Alböl récupéra donc quelques effets dans sa maison, emmena avec lui sa femme et ses enfants, et ils commencèrent à marcher dans la nuit. Alrun, qui n'avait pas dormi depuis longtemps commençait un peu à fatiguer, mais il marchait tout de même d'un bon pas, habitué au voyage et à la marche, quelques kilomètres de plus ne constitueraient pas une difficulté pour lui.
Cependant au bout d'un certain temps, il demanda tout de même à Alböl :
"-Où allons-nous ?"

Le grand départ, décidé sur un coup de tête, n'avait pas été bien organisé. La soirée n'était pas le meilleur moment pour quitter sa maison, mais les fermiers et les petits artisans n'avaient plus que des images de dragon ravageant et tuant tout sur son passage. Le groupe commençait cependant à fatiguer, après seulement deux heures de marche.

"On va prendre le bateau ! Un dragon crache du feu, il pourra pas traverser la mer !" répondit fièrement l'homme, qui estimait avoir une stratégie d'une certaine finesse. Elle était bien entendue naïve et limitée, mais avait le mérite d'éloigner les paysans par une voie plus rapide que la marche de la source du danger.

"Chez les hytis, ce s'ra facile !"

Alrun ne leur connaissait pas une réputation de terre d'accueil, mais il était vrai que dans le Nord, les peuples étaient plus détachés de leurs origines que la moyenne des autres et qu'il existait une forme de solidarité entre tous les nordiques.

Enfin, après encore quelques minutes fastidieuses, le camp fut monté, et les villageois exténués organisèrent un camp primitif. Il n'avait rien de l'efficacité militaire des campements contés dans les chants des bardes, mais au moins, les hommes et les femmes présents en ces lieux étaient habitués aux conditions rudes et n'étaient pas dénués de l'esprit pratique du petit peuple. Quelques petits foyers furent dressés, et le terrain choisi était à flanc Sud-Est d'une petite colline ronde.

Alrun prit en main la sécurité du campement, et demanda à ce que des tours de garde soient mis en place. Ce ne serait pas très utiles si le dragon attaquait, mais se faire attaquer par des bandits n'était pas exclu. Toutes les trois heures, la garde serait relevées, et les groupes seraient de trois individus, pour pouvoir surveiller à peu près tout le campement et observer les alentours. Il prit le premier tour de garde avec deux jeunes fermiers. Les deux premières heures, rien d'inhabituel n'arriva. Il entendit quelques bruits d'animaux nocturnes vaquant à leurs occupation, mais rien d'anormal. Cependant, au bout d'un moment, il aperçu une lueur lointaine, comme des torches, qui passait sur une route au loin, mais cette dernière semblait s'éloigner, et il faudrait plusieurs heures de marche pour les rejoindre, il n'alarma donc pas le campement dans un premier temps, et observa.