(Quête) Le bois Nocturne

Della n'avait jamais vu d'êtres comme celles-là. Venant des contrées septentrionales, elle ne connaissait aucune des légendes qui parcouraient les Génèles au sujet du lieu où elle se trouvait actuellement. Della resta ébahie devant tant de grâce. Ces êtres qui semblaient d’essence divine mêlaient la flûte de Pan et le chant aussi bien qu'elles se déplaçaient avec délicatesse autour du bassin. On aurait dit une légère brise qui emporte dans une danse chaque brindille sur son passage. La forêt semblait en harmonie avec ces personnages étranges. A chaque demi-ton entonné, un bruissement se faisait entendre, comme si les arbres répondaient au chant de ces muses.

Plusieurs minutes parurent alors quelques seconde à Della tant le spectacle qui se déroulait sous ses yeux l'émerveillait. La Nature s'était présentée à la jeune femme sous sa forme la plus céleste et gracieuse, et il aurait fallu être aveugle, sourd et borné pour ne pas prendre le temps d'écouter cette apparition qui avait tout pour ravir le plus difficile des critiques. La mélodie changeât alors.
(musique d’ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=DCrL76vGpNA) Lorsque la voie se fit entendre de nouveau, Della écouta avec attention les paroles de ce qu'elle imaginait être la Nature elle même.

"Notre sève coule plus lentement que la tienne, seule une Sève-Rouge peut en vaincre une autre. Ce que tu appelle "justice" est l'ordre naturel : ceux qui trahissent la vie n'en méritent plus la caresse."

Un léger écho se fit entendre, laissant comme un parfum de surnaturel dans ces paroles. Tandis que la mélodie continuait, Della réalisa de la charge qui venait de lui être confiée. Le feu, les armes, la fin, elle n'avait pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que les ses cibles étaient les trois rouquins. Mais comment les retrouver ? De plus que cela faisait maintenant un bon moment qu'elle ne les avait pas vu et qu'elle ne suivait plus la direction supposée du groupe. Cette question redondante dans la tête de la messagère fut reprise en écho par les arbres qui entouraient la clairière dans laquelle elle se trouvait. Elle se retourna alors par reflex, mais la forêt derrière elle semblait déserte. Elle regarda alors fixement le bassin sur lequel se trouvait la joueuse de Pan et la cantatrice, comme pour trouver une réponse à cette question, essayant de déceler le moindre indice qui aurait pu l'aider dans sa poursuite des brigands. Soudain des branchages s'écartèrent devant ses yeux ébahis. Une suite de petites flammes vertes virevoltantes dans les airs et sortant du bassin s'élança au rythme de la mélodie à travers le chemin nouvellement formé. La voie retentit alors de nouveau.

"Les insectes les plus insignifiant éclaireront ton chemin..."

Un léger flottement se fit à nouveau entendre. Il se trouvait accentué par la mélodie alors entonnée. Della s'avança alors vers la première lumiolle, puis arrêta sa marche quelques instant afin de réfléchir, mais elle ne trouva rien à redire. Plus aucune question ne lui venait à l'esprit. Elle s'avança donc d'un pas décidé à travers le chemin. La mélodie se fit de plus en plus lointaine, et quand elle tourna la tête afin de regarder la clairière d'où elle venait, elle n’aperçut rien d'autre que des arbres disposés là anarchiquement par le vent au fil des années. Elle se remémora alors ce qu'elle venait de vivre. La femme était encore plus déterminée que jamais à éliminer ces trois rouquins. Elle se retourna alors, suivant d'un pas ferme et décidé les lumiolles.

Le trio était là, à quelques foulées. Leur accoutrement ne laissait aucun doute sur leurs intentions. La prochaine attaque était imminente mais quelle était la cible ? Pour le découvrir, Della contourna la butte sur laquelle étaient perchés les trois brigands. Apparu alors à ses yeux un petit hameau composé de quatre fermes. Elle se dirigeât alors vers la plus grande d'entre elles, dans le but de prévenir de l'attaque et de préparer une embuscade. Elle gardait la tête baissée et les genoux à moitié pliés afin de ne pas se faire voir de Fono et sa bande.

Della sentit soudain une présence nouvelle, comme surnaturelle. Un craquement de brindille vint alors assurer son pré-sentiment. Elle se retourna prudemment, restant cachée du regard du trio, afin de tenter de percevoir quelle était cette nouvelle présence.

[jet de perception contre jet de furtivité (agilité) de Kithiara]

[Della croit que la présence n'est pas Kithiara. Il reste possible de commenter ce que Kithiara observe ou fait le temps que Della se retrouve face aux rouquins]

Della fronça les sourcils et aperçu un buisson bouger. La présence était donc belle et bien réelle. Mais qui était-elle ? Le buisson frissonna encore quelques instants avant de se calmer. C'est alors qu'une petite tête à poils courts roux aux joues gonflées d'une beauté tellement ravissante qu'elle réchauffa le cœur de la jeune messagère. Ce n'était autre qu'un petit écureuil venu de la forêt. De la forêt, cette idée tournais quelques instants dans la tête de Della. De la FORET ! Mais c'est bien sûr ! La présence surnaturelle ne pouvait être autre que les nymphes qu'elle avait rencontrée un peu plus tôt. Elle ne se trouvait donc pas seul face à ces trois lascars, les esprits de la forêt étaient là pour l'aider. Il ne lui manquais plus qu'un plan minutieusement concocté pour les capturer et les éliminer.

Premièrement et pas la plus facile des tâches, il lui faudrait les séparer car seule face à trois barbares elle n'avait aucune chance. Mais comment ? Il leur restait un point faible à chacun qu'elle avait pu découvrir lors de son "séjour" parmi le groupe. Fono se laisse très facilement diriger par ses sentiments et reste très impulsif dans ses réaction. Eraz, le plus grand et le plus intelligent, quant à lui est trop sceptique et préventif. Il n'y avait que Gust pour qui elle n'avait trouvé de défaut que de se comporter comme le support du groupe, c'est à dire qu'il pourrait être facilement influençable une fois Fono et Eraz éliminés. Donc dans l'ordre, Fono puis Eraz et enfin Gust.

Pour Fono, il suffirait à Della de se présenter au regard de ce dernier et de le charmer pour qu'il rapplique aussitôt ne faisant aucune attention aux autres. Mais il faudrait trouver un coin suffisamment boisé mais pas trop pour que lui seul puisse la voir. Della chercha alors quelques instants. Elle trouva un coin sombre situé idéalement sous le regard de Fono et suffisamment proche de la forêt pour s'y enfoncer et se soustraire au regard des deux autres. Elle n'aurait plus qu'à le prendre par surprise avec son épée et s'en serait fini de lui.

Pour Eraz ça risquait d'être un peu plus compliqué. Elle chercha sans trouver de solution pour l'attirer. Puis elle entendit de nouveau un bruissement provenant de derrière elle. L'écureuil , mais c'est bien sûr ! Il suffirait d’aguicher sa curiosité pour qu'il vienne se rassurer. Pour cela, il faudrait faire du bruit aux alentours de l'arbre comme l'avait surpris l'écureuil précédemment. Mais pour le tuer, ça serait plus difficile.
tuer, rien que de penser à ce mot procura à Della un frisson. Ce plan avait l'air bien mais le simple fait d'avoir à tuer les bandits avec son épée lui glaçait le sang. Elle n'était pas une guerrière loin de là. Bon elle savait se défendre bien sûr mais elle préférait éviter la bagarre quand elle le pouvait.

Lui restait alors une autre solution pour les arrêter. Le Poison. L'arme préférée des femmes paraissait-il. Et Della connaissait par cœur tous les champignons qui se trouvaient dans la forêt. Ce rouge tacheté blanc, qui était au pied de l'arbre sous lequel elle se cachait des rouquins, est une amanita muscaria, un puissant hallucinogène quelques fois mortel. Celui quelle avait l’intention d'utiliser était une amanita phaloïde. Ce champignon a la particularité de ressembler énormément aux comestibles mais, lors de l'ingestion, il endommage le foie et les reins et provoque ainsi la mort. Son père l'avait mis en garde plus d'une fois à propos de ceux-ci. Leur seule particularité physique est leur léger teint verdâtre sur leur chapeau avant de les cueillir. On les trouve le plus souvent aux pieds de chênes et de châtaigniers. Elle n'eût donc pas à chercher longtemps avant d'en trouver une petite dizaine. Elle sortit de son sac une paire de ciseaux et un mouchoir dans le quelle elle rangerait les champignon en attendant de pouvoir les administrer aux trois voyous. Après les avoir cueillit et emballés avec précautions, elle les rangeât dans une poche vide de son sac. Ne lui restait plus que trouver un plan pour qu'ils les mangent.

Elle avait passé tellement de temps à réfléchir et surveiller le trio qu'elle ne s'était pas rendue compte que le soleil était à son zénith et que les trois bandits avaient établit un camp au pied du chêne sur lequel ils étaient perchés. Gust préparait les ingrédient pendant que Fono allait chercher du bois pour le feu tandis qu'Eraz était encore dans l'arbre à sécuriser le camp et ses alentours. Della se faufila discrètement vers la réserve. Elle n'avait pas longtemps à attendre avant que Gust sorte une cocotte pour préparer une soupe. Les ingrédients sont disposés autour, n'attendant que d'être ajoutés à la future composition. C'est le moment ou jamais ! Elle sortit les champignons qu'elle découpa soigneusement à l'aide des ciseaux. Elle se glissa jusqu'aux champignons prévus pour la cuisine et les échangeât avec ceux qu'elle venait de découper soigneusement afin que Gust ne s'en aperçoive pas. Elle retourna à sa cachette près de la réserve à pas de velours puis une fois arrivée, elle couru jusqu'à la forêt. Elle s'installa dans un coin d'observation sur le trio et attendit de voir comment son plan malicieux allait s'accomplir.

Della fit un check-up de son corps. Les yeux ? OK. Le visage ? Passable. Les oreilles ? OK. Les jambes ? Mouai peut passer. La tête ? Pas OK. Les bras ? OK. Le corps ?

Bon le corps ça peux passer, même si elle le savait, ses vêtements déchirés ainsi ne pouvaient que signifier que les trois brigands ne s'étaient pas gênés pour profiter d'elle durant son moment d'absence. D’ailleurs ce moment, combien de temps avait-il duré ? Della regarda autour d'elle comme pour trouver la réponse à sa question. Surement une heure environ, à en juger aux liens qui la détiennent prisonnière du chêne sur lequel elle était adossée, et la marmite à moitié vidée. Elle aperçu aussi les trois corps sans vie et il ne lui fallu pas longtemps pour comprendre que leur soupe se composaient de champignons fraîchement cueillis. Elle esquissa malgré elle un petit sourire de satisfaction. Une expression prenant tout son sens ici vint alors à l'idée de Della : "Tel est pris qui croyait prendre."

Il lui fallait maintenant se libérer de ses liens. Mais comment ? Elle sentit alors quelques caresses sur ses mains. En quelques secondes, ses bras étaient libérés de leurs liens. L'écureuil passa devant elle avant de retourner se cacher dans la forêt. Elle partit en direction des trois violeurs. Elle dégaina son épée et leur trancha la tête. Elle pris alors un panier en osier, qu'elle trouva dans la réserve et plaça les trois têtes à l’intérieur. Elle ne savait pas pourquoi mais elle ne ressentait aucun dégoût en faisant cela, elle qui n'aurait jamais pu disséquer une drosophile morte. Peut-être était-ce sous le coup d'une vengeance mais elle savait que si elle ne ressentait rien à leur égard était surement dût à ce qu'ils lui ont fait subir durant son absence. Pour l'odeur, elle déposa un linge sur leur têtes fraîchement cueillies. Elle fit alors le tour du campement, le panier à la main. Elle échangeât son épée tachée de leur sang avec l'une des leur, les jugeant plus maniables mais surtout moins sales. Elle rangeât aussi dans son sac une bourse de pierres gravée dont les significations échappaient encore à Della, trois pipes en ivoire finement sculptées, une tenue de voyage et une tenue de combat, après avoir choisis celles qui lui allaient ainsi que les trois masques que portaient les rouquins avant qu'elle ne perde connaissance. Elle pensait que tout cela allait sûrement lui servir mais elle en ignorait encore la façon. Elle referma son sac et repartit en direction de Port-Massard, afin de ramener sa cueillette printanière au Baron des Génèles.