(Quête) Entre Ombre et Lumière

Leur deux recherches s'arrêtèrent simultanément sur un point identique. Un présence plus précisément. Une présence sage et ancestrale. Elle se trouvait au pied d'un des plus grands cerisiers du jardin. Jhennivhar s'approcha de la présence. Son aura était de plus en plus forte à mesure que le duo s'approchait de la présence. Une voix ancienne émanant de la présence retentit.

"Je peut sentir ta présence Hyrol. Rien ne sert de te cacher plus longtemps. Et à ce que je peux ressentir, tu t'es trouvé un hôte !"

           Les deux êtres partageant le même corps restèrent sans voix . Aucun des deux ne put comprendre ce qui venait de se produire . Hyrol ! Cette inqualifiable présence faisait-elle référence à Consomption ? Impossible ! Il était Consomption et rien d'autre .
         Jhennivhar sentit l'exaltation du loup s’effriter, laissant apparaître  une bête sur ses gardes . Comment cette surnaturelle apparition avait-elle pu ressentir sa présence ? Pourquoi semblait-elle le connaître ? Quelle était cette aura mystérieuse avec laquelle elle irradiait l'espace ?
         L'hytis sentit son allier se réfugier plus profondément dans sa psyché, tel un animal sauvage acculé, reculant prudemment, prêt à bondir au moindre signe d'agressivité . La tension était palpable . L'hôte et le résident n'avaient pas besoin de mots pour se communiquer leurs ressentiments . Leurs doutes se blottissaient l'un en l'autre et ne faisaient qu'un, une parfaite harmonie immatérielle naquit . Jhennivhar savait que Consomption n'avait aucune idée de ce que signifiait cette déclaration . Il ne feignait pas la surprise . Cette incertitude, ils la partageaient .
          Cet être qui l'habitait ne portait pas de nom ! Il n'était que concept, que conception, que signification, que Justice, que Consomption ! Il ne pouvait être qualifié par les mots ! Il ne pouvait être décrit ! Il transcendait le langage ! Il dépassait la réalité ! Comment cette entité pouvait-elle le caractériser ? Quelle vaine et informelle tentative d'accomplir l'inconcevable ! Car c'était en cela que résidait le problème . Il n'était qu'infinie signification, qu'immaculée conception !
          Mais l'hytis se devait d'accepter l'évidence . Une force bien supérieure à tout ce que son être n'avait jamais représenté se trouvait devant lui et il était indéniable que celle-ci s'adressait à Consomption, aussi vide de signification que fut l’appellation de ce dernier . Comment cela se pouvait-il être ? L'avatar de la Justice s'était incarné en lui lors de sa renaissance, cela ne faisait aucun doute ! Et toute l'essence de cette pure représentation était inhérente à la puissance de son désir et c'est en cette cristallisation de sa volonté propre qu'il puisait de la force en retour . Consomption ne pouvait avoir préexisté , c'était impossible ! Hyrol, n’existait pas ! Il n'y avait que Consomption !
          Accablé par l’incompréhension, étourdi par le doute, frustré par toutes ces fluctuations dont la nature lui resteraient indéfiniment inaccessibles, Jhennivhar s'arma de son compagnon pour interpeller l'entité qui faisait front à sa perception des choses . Parlant d'une  voix lourde de deux paroles, il lui demanda quel sens pouvait justifier de tels mots . L'hytis et le loup résonnaient entre eux sans échos .

"Ce n'est pas la question à laquelle vous voulez vraiment que je réponde. C'est à vous de trouver la vérité cachée au plus profond de votre inconscient. Il vous faudra un lourd travail pour parvenir à trouver la réponse. Mais ce travail ne commencera que lorsque vous maîtriserez toutes les subtilités de l'âme. Mais êtes vous vraiment certain de vouloir accéder à un tel niveau de vérité ? Je sens en vous qu'un doute subsiste or vous ne pourrez atteindre votre objectif sans vous être débarrassé des nuages qui vous cachent la vérité. Quand vous vous sentirez près, prenez une des feuilles qui jonchent le sol de ce jardin et tentez de l'enflammer sans autre artifice que votre propre volonté."

Le vieillard restait impassible, contemplant ses mains, ou plutôt l'air situé entre elles, comme si un objet invisible de tous s'y trouvait piégé. Puis une flamme surgît, embrasant l'air et formant une boule de feu qui était comme contenue dans un espace clos et entièrement invisible. Puis le feu s'étouffa, comme si il avait consumé tout l'oxygène que contenait la sphère invisible.

                Il l'avait enfin trouvé ! Le pyromancien était là ,devant lui ! Et son art était splendide ! L'inquiétude de Consomption devint en un instant de l'exaltation .  La vue des flammes l'embrasa  et il ne sut que rester muet confronté à une telle vision .
                Jhennivhar ressentit quant à lui comme une secousse . Son cœur s'accéléra . Quelque chose en lui s’agitait, un désir battant de pouvoir . La force véritable allait bientôt être sienne . Il ne serait alors plus le manchot vulnérable mais deviendrait le véritable bras armé de la justice . Il ne pouvait plus réfléchir posément . Il lui fallait cette puissance et ne pouvait se permettre de ne pas l'obtenir ! Son destin lui faisait front et il était de son devoir de le faire sien .
                  Le loup ne doutait plus de son hôte . Il ressentait enfin cette volonté qu'il désirait faire éclore en lui . Celle-ci suffirait-elle à faire de lui le juge et le bourreau des égarés ? Il ne pouvait le prédire . Cependant, il savait qu'il s’imprégnait peu à peu dans les pensées de l'hytis . Il n'en était plus le simple résident mais fusionnaient progressivement avec elles . Curieux, il préféra se taire un moment et laisser Jhennivhar prendre lui même les choses en main, ne craignant nullement que ce dernier ne le déçût .
                 Il n'était pas nécessaire d'en demander plus ! Le nouvel apprenti ne questionna pas la demande du maître des flammes et se saisit d'une des feuilles se trouvant à ses pieds . Il la tint entre ses doigts, le bras tendu devant lui, et la regarda fixement . " l'enflammer sans autre artifice que votre propre volonté " avait-il dit ! Et bien, c'est par sa volonté embrassée qu'il l’enflammerait alors !
             L'hytis fixa cette cible comme s'il voulait la transpercer . Un souffle brûlant montait en lui . Consomption parcourait sa chair et imbibait son âme . La réalité semblait se tordre en un flux indescriptible à travers lui . Il ferma les yeux et visualisa la feuille . Jhennivhar  se figura que cette dernière était déjà en flamme, condensa en lui cette inexplicable énergie puis rouvrit soudainement les paupières !

Tentative d'embrasement :  force mentale + instinct difficulté 25
[Jet de Force mentale + Instinct ] 1D20 + 9 + 5 = 1D20 + 14

Contrôle des flammes : force mentale difficulté 25
[Jet de force mentale]  1D20 +9*2 = 1D20 + 18

La feuille était en train de brûler comme si quelqu'un y avait mit le feu à l'aide d'une allumette mais il n'en était rien. Il s'agissait bien de la réalisation de l'esprit de Jhennivhar. La tige de la feuille commença à brûler et il lâcha cette dernière lorsque les flammes commencèrent à lui chatouiller les doigts. Avant que le reste de feu ne se propage, il écrasa ce qui restait de la feuille afin de l'éteindre. Il avait réussi et sans mettre le feu à la nature.

- Je vois que vous apprenez vite ... Mais il vous faudra encore gravir quelques épreuves avant de pouvoir prétendre à la maîtrise de ce noble art qu'est la pyromancie. Vous pouvez enflammer, il vous faut maintenant contenir et maintenir. Et pour cela vous devez garder les yeux ouvert si vous ne voulez pas tout brûler. Votre prochain but sera donc d'enflammer une portion d'air contenue dans une sphère de volume équivalente à vos mains et de maintenir la combustion quelques secondes. Vous pourrez pour cela vous aider d'une des nombreuses feuilles qui jonchent ce magnifique jardin.

force mentale difficulté 20 pour enflammer une feuille
logique + force mentale difficulté 25 pour enflammer l'air à l'aide d'une feuille incandescente
force mentale difficulté 20/25/30 pour contenir la combustion 0.5/1/2 secondes

            Quelle satisfaction ! Jhennivhar avait maîtrisé le pouvoir de l'embrasement . Consomption jubilait . Quelle facilité déconcertante ! Cela avait semblé si simple . Comment cela était-il possible ? Possédait-il déjà cette capacité ? Avait-il une affinité particulière avec les flammes ? Était-ce ce lieu, cette entité qui se trouvait devant lui qui avaient allumé la braise qui rougeoyait au plus proffond de son âme ?
                Il était mal aisé de répondre à de telles questions et le maître pyromancien ne semblait vouloir s'exprimer explicitement lorsqu'on l'interrogeait . Il semblait dépasser la substance de l'espace environnent par sa simple présence . Il ne faisait aucun doute que sa nature était autre . L'hytis eut l'impression  qu'il aurait été inutile de lui demander plus de précisions car celles-ci auraient dépassé sa compréhension des choses . Sa pauvre conscience triviale se serait retrouvée comme prostrée au pied du mur de l'univers, incapable d'en entrevoir les extrémités se soustrayant à sa vue dans la liqueur épaisse des méandres insondables de l'horizon .
               Cependant Consomption aurait quant à lui bien voulu en savoir plus . Déphasé avec l'univers matériel, les questions transcendant la réalité sensible ne pouvaient qu'exalter sa curiosité . Mais malgré sa condition, il lui fallait admettre son impuissance devant une aura si perturbante . Bien qu'il eût voulu en apprendre les secret, la seule parole qui vint à ses lèvres fut l'implacable silence .
               L'unique alternative au mutisme des deux esprits partageant le même corps fut qu'ils se soumissent à cette existence supérieure . S'ils avaient réussit à enflammer la feuille si facilement, sans doute pourraient-il progresser dans le processus d'apprentissage .
              Jhennivhar ramassa sur le sol le support de la nouvelle combustion et l'enferma entre ses doigts . Il avait senti à quelle point son conceptuel homologue avait joué un rôle majeur dans la réussite de la précédente tentative . Il communia avec lui par la pensée qui ne nécessite pas de mots et lui laissa la place de s'exprimer librement en lui . Consomption, sans même avoir à répondre, occupa cet espace, se propageant dans la conscience et l'inconscience de l'apprenti .
             Ils inspirèrent, se concentrèrent  et, en un éclair de volonté, libérèrent leur désir d'incandescence qui se condensa dans la matière contenue au creux la paume de l'hytis .


[Jet de Force mentale] 1D20 +9*2 = 1D20 + 18
[Jet de Logique + Force mentale] 1D20 + 6 + 9 = 1D20 + 15
[Jet de force mentale]  1D20 +9*2 = 1D20 + 18

            La maîtrise des flammes semblait si simple à Jhennivhar . Quelques minutes auparavant il ne connaissait rien des arcanes de la magie et faisait désormais jaillir du feu de ses doigts nus, si fugace qu'il fût . La frénésie de l'apprentissage s'empara de lui . Bien qu'il ne songeât pas même aux usages qu'il en aurait prochainement, la simple idée de posséder une telle source de puissance était jubilatoire . Sa main devenait la source de la création et de la destruction, la règle qui impose l'équilibre et rétablit l'ordre des choses . Il ne put se retenir de faire une nouvelle tentative !
                Consomption, à l'envie non moins vivace mais à la pensée plus réfléchie, considéra quelles avaient bien pu être les causes du relatif échec de la précédente . Il ne pouvait se satisfaire d'une étincelle si frêle et évanescente . Peut-être n'étaient-ils pas assez focalisés sur la feuille . Il fallait sans doute faire un plus vigoureux effort de médiation entre le monde des puissances infinies de la pensée et celui des limites abruptes de la matière . Toute la difficulté, c'était la médiation !
                  L'hytis enferma une nouvelle feuille au sein de sa main valide . Il lui fallait prendre en compte les résultats des précédentes expériences . Il se concentrerait cette fois sur le maintient du flux . Il fallait penser à la feuille et à l'absence de la feuille pour que la combustion ne se destabilisât, anticiper chaque étape et ne pas se laisser distraire par les changements d'état . La tâche ne serait pas aisée mais la volonté propre alimenterait à elle seule la machine qui le conduirait au succès .
                  Cette fois encore, les deux êtres cherchèrent à s'harmoniser. Ils visualisèrent les différentes étapes du processus en une union aussi parfaite qu'ils le purent . Jhennivhar oublia son enveloppe, son étendue dans l'espace . Consomption s'insinua dans tous les motifs de sa conscience exhibée et immergée . Ils restèrent chacun quelques instants dans cet état où corps et âme étaient indissociable, puis en un éclat de volonté se concentrèrent de nouveau dans l'espace sensible, focalisés sur la feuille, prévisualisant les flammes .


[Jet de Force mentale] 1D20 +9*2 = 1D20 + 18
[Jet de Logique + Force mentale] 1D20 + 6 + 9 = 1D20 + 15
[Jet de force mentale]  1D20 +9*2 = 1D20 + 18

           La cible brûla ardemment certes, mais ne fit pas s'embrasser l'ai contenu dans la main de l'hytis . La tentative était un échec . Il fallait recommencer !
            L’apprenti  dut considérer quelles avaient puent êtres les causes qui conduisirent à un tel résultat . Il n'avait pas eu de problème pour faire circuler la puissance entre ses doigts . Cependant peut-être avait il trop pensé à maintenir les flammes en négligeant l'étape de transition entre le support végétal et l'air qui l'entourait . Ainsi, il obtint une magnifique et durable incandescence mais faillit à obtenir une sphère ardente .
          Cette fois il lui faudrait avoir une vision d'ensemble et n'oublier aucune étape . Il desserra le poing, les restes calcinés de la feuille furent emportés dans le courant du vent et s'envolèrent au loin . Jhennivhar en ramassa une nouvelle parmi toutes celles qui recouvraient le sol .
          Une fois de plus, Consomption se prépara avec lui pour essayer de nouveau . Ils se concentrèrent autant qu'ils le purent et déversèrent un flux d'énergie condensée dans l'espace que fermait la main .


force mentale difficulté 23 pour enflammer une feuille
logique + force mentale difficulté 23 pour enflammer l'air à l'aide d'une feuille incandescente
force mentale difficulté 21/26/31 pour contenir la combustion 0.5/1/2 secondes


[Jet de Force mentale] 1D20 +9*2 = 1D20 + 18
[Jet de Logique + Force mentale] 1D20 + 6 + 9 = 1D20 + 15
[Jet de force mentale]  1D20 +9*2 = 1D20 + 18

Cette fois-ci, la feuille ne s'embrasa même pas. Peut-être étaient-ils trop faibles pour pouvoir continuer ? D'autant plus que dans cette clairière, on pouvait rester des jours et des nuits sans que le soleil ne bouge de sa position.

- Il est souvent judicieux et plus courageux d'abandonner tant qu'il en est encore temps afin de pouvoir reprendre le dessus sur son esprit. Vous avez déjà accomplis de grandes choses, vous avez le droit de vous reposer ici avant de reprendre votre entrainement. Vous trouverez ici tout ce dont vous aurez besoin pour nourrir votre corps matériel.

Ces dernières paroles résonnèrent plusieurs fois avant de s'estomper dans le jardin reprenant son calme. L'agitation crée par le hytis était telle que le vent s'était levé et tourbillonnai de ci de là arrachant quelques feuilles qui jonchaient le sol de leur calme habituel. Le vieil homme avait disparu.

Le vent disparu progressivement, libérant les feuilles et le jardin de son emprise. Une légère brise siffla aux oreilles de Jhennivhar. Quelque chose dans cette brise forçait le hytis à la suivre. Prudent, il regarda d'abord dans la direction qu'elle indiquait. Sous un cerisier plutôt petit par rapport aux autres du jardin se trouvait le manteau noir. Celui-ci s'approcha de Jhennivhar avec un pas décidé bien que cadencé à une vitesse raisonnable.

"Heureuse de vous rencontrer, apprenti du feu. Je suis Thyria, la Völkr du grand Duun. Vous seul pouvez me voir et m'entendre car vous seul m'avez invoquée en ce lieu."

Deux mains sortirent des manches du manteau noir et s'attachèrent à la capuche sa capuche. Alors que la tête se découvrait, on apercevait petit à petit le visage jusque là caché. Une ravissante jeune femme apparût alors à Jhennivhar. Elle était exactement comme se l'imaginait le hytis. Une chose étrange se passa alors. Sans vraiment faire attention, Jhennivhar l'avait imaginée à travers les formes d'une louve. Duun seul sait ce qui lui est passé par tête mais il était trop tard. Le manteau noir tomba alors sur un corps de louve au poils plus blanc encore que la neige. Ses oreilles triangulaires dressées trônaient sur le sommet de son crâne. Le museau de la même couleur que le corps se terminait en une petite tache noir. Ses yeux étaient restés les même qu'avant sa transformation, d'un jaune profond et brillant. Elle se secoua frénétiquement comme si elle tentait de se sécher après un bain et laissa tomber le manteau noir qui disparu instantanément après avoir touche le sol. La louve leva la museau et continua à parler.

"Je prends l'apparence de la manière dont vous m'imaginez. Les humains me connaissent sous le nom d'ange gardien bien qu'il ne m'ait jamais réellement vu ... Il vous suffis de m'imaginer pour me voir, apprenti du feu."

Les couleurs de Thyria changèrent alors du tout au tout. Elle prit les couleurs d'un feu de joie que l'on peut fixer des heures durant dans les froides et longues nuits d'hiver. Elle était d'ailleurs plus devenue un feu de forme lupine qu'une louve de feu.

"Avant de vous laisser poursuivre votre quête, je dois mesurer votre détermination. Si vous réussissez, vous pourrez me donner une existence physique. Si vous échouez, je ne resterai qu'une présence que seul vous pouvez sentir..."

Thyria reprit alors l'apparence d'un grand manteau noir à capuche, ne laissant découvrir aucune partie de son corps.

"Je suis l'infini et portant c'est très restreinte que je m'exprime.
Pour réussir et maîtriser votre élément, me matérialiser vous devez."

         Jhennivhar n'en revint pas. Quelles étaient donc toutes ces apparitions qui venaient pour le guider sans pour autant lui montrer un chemin clair ? Celle-ci semblait cependant plus enclin à lui ouvrir une voie qui le conduirait vers son objectif que les précédentes.

Alors que l'aventurier parlait, le manteau noir se désintégra progressivement en une infinité de particules portées par la brise qui venait de se lever en soufflait au visage de Jhennivhar. Avant qu'il fasse de nouveau attention à ce qui se trouvait devant lui, Thyria avait disparue. Jhennivhar se trouvait à présent seul devant la grotte menant potentiellement à l'unique entrée et sortie de la clairière.

La brise devint vent. Le vent devint bourrasque. La bourrasque devint tempête. Jhennivhar  fût conduit bien malgré lui en dehors de la clairière à travers la grotte. Un tunnel noir où aucune lumière ne parvenait à entrer ou sortir et cette tempête à laquelle on ne peut se soustraire. Tout ceci sembla une éternité pour cet aventurier en quête de justice. À peine aperçut-il une once de lumière qu'il se trouva au beau milieu de la forêt bordant la ville de Heimeir. Le vent avait cessé brutalement. Jhennivhar se retourna comme pour savoir d'où il venait mais il ne trouva rien d'autre que de nombreux arbres tous différents et abritant des écureuils, quelques hiboux et pies de-ci de-là. Un buisson fremissa. Il cachait sans doute un lapin ou peut-être un sanglier, qui sait ?

Une douleur intense mais ponctuelle ramena Jhennivhar à la raison. Elle se localisait au sommet de son crâne et avait disparue presque aussi soudainement qu'elle était apparue. Le Hytis fît volte face mais ne perçu rien d'autre qu'une branche s'agiter au dessus de sa tête. Une douleur identique en tous points à la précédente apparût alors et disparût aussi soudainement. Il se retourna et de même il ne vît qu'une branche se trémousser quelques mètres au dessus de sa tête. Alors qu'il se retournait à nouveau, il aperçut le coupable. Un écureuil s'amusait à lui lacer des noisettes à la tête. Sans doute l'avait-il effrayé en apparaissant si soudainement dans la forêt... Jhennivhar parvint à esquiver de justesse le projectile qui lui était destiné et sortît de la forêt, visiblement pas le bienvenue en ce lieu.

En quelques foulées, l'aventurier se trouva devant les murs de l'entrée Sud de Heimeir. Un chemin de gravier divisait la forêt en son sein, reliant la sortie Sud de la ville à ses champs avoisinant. Jhennivhar crût alors apercevoir un manteau sombre de l'autre côté du chemin dans la suite de la forêt. Mais après quelques battements de cils pour rendre cette image plus nette, il ne trouva aucune forme qui ne puisse réellement appartenir à ce personnage. Pourquoi avait-il imaginé le voir ici ?

Il n'eût pas le temps de répondre à cette question. Un cri à vous glacer le sang tira Jhennivhar de ses réflexions. Il provenait de la ville à n'en point douter. En se rapprochant, il pût examiner précisément la situation. Contre un arbre était ficelée une jeune fille aux formes chatoyantes.

"Ha tu vas apprendre ce que ça fait de me taper dans l'oeil ma p'tite !"

Un Hytis de grande taille et musclé se présentait devant la détenue. À sa carrure, il ne pouvait s'agir que d'un manutentionnaire, un forgeron ou peut-être un bûcheron. Il  baissa le tissu raccommodé de nombreuses fois qui lui servait de pantalon et commença à soulever la robe de sa prisonnière, tandis que cette dernière criait de toutes ses forces.