Portés par la foudre

Une intense céphalée, suivit d'une sensation d'apaisement complet et puis plus rien, le noir total. Plus de pensé, plus de repère, plus de sens, juste un voile noir masquant tout. Voilà ce qui s'était passé en quelques dixièmes de secondes dans la tête de la jeune mère. Tout cela était arrivé si vite qu'elle aurait à peine une photographie mentale comme souvenir de l'apparition des deux originaux qui venaient de les rejoindre. Puis le voile noir se leva, tel un rideau d'une scène de spectacle, dévoilant un paysage fort connu de Della. Une baie donnant sur la mer verte, où la baignade était possible. Elle vît apparaitre Emönia, en compagnie de ses grands-parents. Elle riait aux éclats, alors que son papy la soulevait à chaque vague venue se dérouler sur le sable fin de la baie.

Delamune rêvait, et pour la première fois depuis longtemps, c'était un rêve calme, relaxant, emplissant la jeune mère de bonheur. Tellement beau qu'elle pouvait sentir la chaleur soleil contre sa peau. Une chaleur intense mais apaisante. Elle la sentait de mieux en mieux cette chaleur, recouvrant un à un sans le savoir ses sens olfactifs, tactiles, gustatifs. Elle commença à entendre sur le sable des brindilles craquer, mais pas d'un bruit émanant d'une cassure mais plutôt un craquement d'un bois prenant feu. Un incendie sur la plage ?!? Della ouvrit alors les yeux. Ce qu'elle vit en premier lieu était indescriptible. Un mélange de orange de de rouge, ondulant autour de taches vertes et le tout surplombé d'une énorme tache noir d'où provenaient de nombreux éclats lumineux et très bruyants. Puis sa vue s'améliora. Elle s'aperçut que les taches vertes n'étaient en fait qu'une parcelle de forêt en plein incendie, et elle se trouvait au centre de ce dernier, tendis que la foudre s'abattait sur la région, cependant sans aucune goutte de pluie. Une fois le rideaux noir totalement levé de son esprit, elle songea à nouveau à ce qui s'était passé avant. Elle était tombé dans le trou avant que le cristal se mette à briller de mille feux et puis cette image où elle voyait deux étrangers apparues comme par enchantement à ses côtés, puis plus rien avant cette vision actuelle. D'ailleurs, que son-ils tous devenus ?

Elle baissa la tête et regarda tout autour d'elle au sol. Ils étaient là allongés, dormant comme des enfants en manque de sommeil. Elle en profita pour regarder les horizons. La pleine s'étendait à perte de vue et derrière la forêt, déjà en grande partie consumée, se trouvaient des hectares de cultures diverses. La luminosité était trop intense près d'elle pour qu'elle puisse distinguer quelconque lumière artificielle d'une habitation, mais elle se doutait qu'il devait y avoir au moins une ferme non loin de là. Puis elle entendait plusieurs grognements venant de son dos. Elle se retourna et vit les trois jeunes gens se réveiller peu à peu, émergeant chacun à leur rythme du voile noire qu'ils ont très sûrement dû subir eux aussi.

Chodan ne savait plus où il en était. quelques instant plus tôt il était dans un temple tout juste émergé, et maintenant il se retrouvait assis dans une forêt en proie à la foudre, avec un homme debout devant lui, lui parlant dans un ghen approximatif.
-Je... Je m'appelle Chodan, déclara-t-il d'une faible voix. Où... Où somme nous ? lui répondit-il dans cette même langue en espérant que ce Alrun comprenne sa question, car le ghen ne semblait pas être ça langue de prédilection.

Chodan se tourna vers Danari et demanda en Exique si elle savait ce qu'il se passait(il avait pris l'habitude de discuter avec elle en cette langue et n'avait donc pas réfléchi au faite de parler Ghen pour que Alrun puisse les comprendre).
- J'en ai déjà entendu parler dans mon Xan, les temples kuuhuuns qui possèdent l'énergie d'un cristal permettent de se déplacer instantanément sur de très longue distances. Ce que je ne comprend pas par contre c'est que d'après ce que l'on nous a dit, on peut seulement se téléporter dans un autre temple et ici ce n'est clairement pas le cas. Quand à l’endroit où nous somme, je n'en ai aucune idée.
Devant la mine déconfite de leur nouveau compagnon de route, Chodan s'empressa de traduire en ghen l'essentiel de cette conversation qui ne leur en apprenait pas beaucoup plus. Il regarda ensuite l'autre inconnu qui était apparu ici avec eux et qui se tenait un peu plus loin, avant de demandé à Alrun :
-tu connais cette jeune femme ?

La première parti était assez claire, La jeune femme s'appelait Dellamune et était ébéniste à Mardles. Pour la suite par contre ça ce gâtait. Il semblait parler d'autres personnes et d'un cristal (connaissait-il le cœur de cristal ?). Ensuite il reconnu les termes de bière et de taverne. Peut être Alrun avait soif ?
Chodan tourna la tête vers Danari qui ne semblait pas avoir mieux compris que lui le sens de ce qu'avait raconté Alrun.
C'est à ce moment là que Dellamune se rapprocha du groupe et Chodan espéra que cette dernière parle mieux Ghen que son compagnons, car sinon ils auraient de fortes difficulté à ce faire comprendre.

- Alors les endormis, on se réveil ? A en juger par le paysage, je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue en Déhsanie, plus précisément dans la Baronnie des Antioques. Je me présente Delamune Jarnepalson, ébéniste et fille d'ébéniste à Mardles, ma ville natale.

Elle remarqua Alrun déjà debout et en jugea qu'il s'était déjà remis du voyage. Elle regarda alors intensément les deux nouveaux inconnus.

- Je crois que vous venez de faire la connaissance de mon garde du corps, Alrun. Je me demande bien comment nous avons pu parcourir autant de chemin en si peu de temps ...

A en juger par leur mine intriguées, Alrun demanda de traduire quelques questions.

[en septan]- Tu peux leur demander qui étaient ces fantômes à leur arrivée ? Et aussi comment ils sont arrivés jusqu'à nous ?

[en Ghen]- Mon compagnon vous demandait la manière dont vous vous êtes téléportés jusqu'à nous et la raison pour laquelle vous étiez entourés de centaines d'ectoplasme avec quelque peu d'agressivité dans l'intention. Je me souvient d'un instant où nous nous trouvions tous les quatre devant l'inhibiteur, vous déjà endormis. Puis plus rien jusqu'à maintenant.

Les maux de tête de la jeune mère avaient disparus depuis son réveil, ce qui lui indiquait qu'elle se sentait mieux, qu'elle n'était plus sous tutelle rapprochée. Impression accentuée par le manque d'envie de tuer quelqu'un immédiatement. Elle continuait de regarder fixement les deux nouveaux, attendant elle aussi la réponse à ces questions.

À en juger par son Ghen irréprochable, c'était sans conteste sa langue d'origine. Ouf, une personne avec qui Chodan allait pouvoir discuter sans chercher pendant une demi-heure à chaque fois ce que l'autre avait voulu dire.
-Danari et moi étions dans un temple kuuhuun entouré de ces fameux spectres. Une force invisible m'a fait m'évanouir et lorsque je me suis réveillé, j'étais ici en votre compagnie. Je ne sais rien de plus. Quelques secondes se passèrent en silence avant qu'il ne rajoute :
-quelle langue parle votre garde ?
Avant que Della n'ai eu le temps de répondre, se fut Danari qui s'en chargea
-C'est du Septan et à en juger par l'accent je dirai du Septan du nord. Puis elle se tourna vers Alrun et lui parla dans un Septan quasi-parfait:
- Adressez vous à moi dans votre langue maternelle la prochaine fois que vous me parlez, cela évitera des problèmes de traduction.
Son ton, absolument neutre, ne se voulait ni être jovial ni être un ton de reproche mais seulement informatif.

Delamune était obnubilée par l'incendie de forêt, lui rappelant l'incendie de sa maison, l'imaginant à la place de la forêt. Une larme coula sur la joue droite de la jeune mère.

Alrun et Danari remarquèrent au même moment un village situé à quelques lieux d'ici. Dellamune, elle, semblait préoccupé par le feu de forêt. Quant à Chodan, il sembla constater quelque-chose du coin de l’œil. Il regarda sur sa gauche et constata, légérement caché à cause de la luminosité de l'incendie, un village qui se situait à moins d'une demi-heure de marche de la position d'où ils se trouvaient. Ils ne tarda donc pas de le faire remarquer au reste du groupe, qui était près à partir dans la direction de l'autre village et optèrent finalement pour celui qu'il venait de trouver, qui était bien plus proche    

Le groupe s'enfonça un moment dans la forêt, perdant de vue le village, descendant une colline. Ils traversèrent une clairière en contrebas du village puis remontèrent un faux-plat qui leur bouchait l'horizon. Les arbres devenaient plus espacés, et de nombreuses souches jalonnaient la forêt. Après une corde pour contourner un amas rocheux, ils virent entre les troncs les toits de planches des maisons du village. Ce dernier se trouvait à flanc de colline, juste en dessous d'eux. Lorsqu'ils arrivèrent, Danari en tête, le bruissement des feuilles humides sous leurs pas s'arrêta. Ils faisaient face à un spectacle à mi-chemin entre l'horreur et l'héroïsme, comme s'ils avaient passés une porte au seuil de laquelle commençait un monde nouveau, remplit de terreurs qui éveillaient un farouche et inextinguible instinct de survie.

https://youtu.be/mWpN23FvM0o?t=26m53s

L'odeur du sang les avait submergés dans une chaude bouffée métallique. L'odeur rappelait le fer qui avait battu la chair jusqu'à ce que les corps tombent et agonisent. Le feu qui jaillissait du bois était une fontaine infinie de cuivre liquide, courtes et abondantes cascades tentant ardemment de lécher les étoiles. Mais ce qui occupait le point central du champs de vision de chacun, l'objet qui faisait oublier à tous les râles de ceux qui trépassent et le crépitement des flammes, c'était le combat mortel entre plusieurs villageois et un homme à la stature impressionnante. Ce dernier hurla d'une voix déchirée et écrasa de ses phalanges le visage d'un homme qui ne se releva pas. une quinzaines d'autres remontaient les escaliers qui formaient la rue, zigzaguant entre les cadavres, rasant parfois les murs. Quelque-chose changea dans l'air. L'homme solitaire se tourna vers le bas de pente, inconscient des observateurs au dessus de lui, à seulement une trentaine de mètres. Quelque chose de bleu et de lumineux semblait clignoter derrière le combattant. Une explosion déchira l'air et ravagea toute la ruelle, arrachant aux mur rivets et lanternes, désagrégeant les corps faisant craquer le pavé comme s'il 'agissait d'un tapis de neige. Le rayon bleu disparut rapidement, laissant derrière lui flammes et cadavres carbonisés, mais cela ne semblait pas décourager les assaillants, et il en vint plusieurs autres qui s’agrippèrent à l'homme. Il se mit à marteler de ses poings dans un combat enragé respirant la puissance, tous les combattants semblant déterminés. S'il conservait un mince avantage sur ses ennemis, le destructeur semblait susceptible de plier au moindre nouveau coup.

Chodan regarda Alrun foncer vers le colosse. Après une légère hésitation, il s’apprêtait à partir rejoindre le Septan et les villageois quand Danari le retint fermement par la main.
-Il y a quelque chose d'anormal chez cet homme et je ne fais ni référence à sa force gargantuesque ni à sa frénésie. Apprend à observer tes adversaires avant de foncer dans une bataille si tu ne veux pas courir à une mort certaine.
On sentait toute l’expérience des combats dans les paroles de Danari et Chodan décida de suivre ses conseils. Il fallait découvrir comment cet homme pouvait être aussi puissant. La lumière bleu qui avait émané de derrière lui peu avant l'explosion était sans aucun doute en lien avec ça.  

[jet de logique+perception(19) +1D20 pour découvrir d'où vient le pouvoir du colosse]

Delamune était abasourdie devant tant de rage de la part de son compagnon. Danari avait bien fait de maintenir Chodan, on ne sais pas ce que cette lumière bleutée peut signifier mais elle ressemblait étrangement à la lumière qui émanait du cristal ...

[jet d'instinct (12) * 2 + 1D20]