(Quête) De deux choses l'une... Chapitre I

Blonde. Comment une vie peut-elle se résumer à cela ? Une cascade d'or, rêve de bien des hommes, mais sur les épaules d'une fille d'ébène, c'était une vraie malédiction. Les hommes condamnent pour des péchés involontaire, et Ellarielle en fit les frais.

Pour commencer la quête, un test de perception de difficulté 3 est exigé. Une seule possibilité par personnage.

Lieu : ville-basse
Période : l'heure du Lihe: (entre 3 et 4 heures du matin)


Récompense de la quête : 150 PX

La nuit était claire et calme, une douce brise caressait les volutes du manteau de la jeune femme qui marchait d'un pas sûre dans une rue étroite et relativement sombre, un raccourci rapide pour rentrer à l'auberge où elle logeait. La main gauche posé sur la poignée d'une arbalète de poing attachée à sa ceinture, elle était sur ses gardes, les agressions n'étaient pas choses rares dans ces ruelles, d'autant plus en pleine nuit. Mais Kithiara n'était pas le genre de femme à se laisser surprendre.

Le membre 'Gojira' a effectué l'action suivante : Osselets

#1 'Osselet' : 1

--------------------------------

#2 'Osselet' : 1

--------------------------------

#3 'Osselet' : 1

--------------------------------

#4 'Osselet' : 1

--------------------------------

#5 'Osselet' : 2

--------------------------------

#6 'Osselet' : 1

--------------------------------

#7 'Osselet' : 1

D'un mouvement brusque, elle tourna la tête vers une ruelle. Ses cheveux sombres tressautèrent à son réflexe, mais rien. Juste une ruelle sombre. Peut-être un rat ? Elle reprit sa route, et fit quelques pas avant d'être plaquée au sol par un personnage léger, léger et vif, qui eut tôt fait de la maîtriser. En tournant la tête du mieux qu'elle pouvait, Kitiara aperçu une silhouette assise sur elle, plaquant fermement la lame d'une dague contre sa nuque, et brandissant dans l'autre main un gourdin.

Un mal de crâne sourd. Voilà tout ce qui rattachait encore la jeune ulglimm à la réalité. Pendant un temps qui lui paru infini, elle se débattit pour rester consciente, et le voile noir fini par tomber. Elle était seule, assise sur un sol humide et froid, et un poteau en vieux bois lui rongeait le dos, tellement ses liens étaient serrés. Le seul mouvement qui lui fut autorisé était de regarder de tourner la tête de haut en bas et de gauche à droite, mais c'était aussi, dans l'état actuel des choses, un mouvement plus que douloureux.

Des pas secs claquèrent le pavé. Résonnant contre les parois en moellons épais, humides, froids, moisis. Les pas la dépassèrent, et la silhouette assise sur son dos il y à peu s'accroupit jusqu'à être à sa hauteur. Une jeune femme aux formes voluptueuses dans des vêtements taillé dan un cuir épais mais proche du corps. Elle portait aussi une grande cape noire aux mailles épaisses, qui se terminait par une large capuche ne dévoilant que ses lèvres et son menton.

"Réveillée ?" questionna une voix claire. "Je veux tout savoir sur toi."

La douleur lui étreignit le crâne, les battements de son cœur semblaient vouloir lui faire exploser les tempes. Les yeux claires de Kithiara analysèrent son interlocutrice. C'était amusant, elle avait l'impression de se regarder dans un miroir, cette femme était vêtue de la même manière qu'elle, et semblait être aussi douée qu'elle pour neutraliser et enlever une personne, si ce n'est plus. En d'autres circonstances, Kithiara était persuadée qu'elle aurait put apprécier cette inconnue, mais dans l'état actuel des choses, elle ne pouvait nourrir que la froide envie d'échanger leur place et de la torturer pour découvrir qui était cette femme qui avait osé la maîtriser avec tant de facilité.
"Réveillée ? Je veux tout savoir sur toi."
Les mots de l'inconnue résonnèrent dans la tête de la jeune chasseresse de prîmes, et elle rit intérieurement de l'ironie de la question. -tu veux tout savoir de moi ? tu n'est pas la seule ma belle- se dit-elle amèrement. Elle garda le silence, cherchant du bout des doigts le petit poignard qui était... qui aurait dut être caché dans son brassard gauche... cette femme ne laissait rien au hasard...

"tu cherches ça ?" s'enquit la mystérieuse ravisseuse en sortant de sa poche la petite lame de Kithiara. Cette dernière ne laissa pas paraitre son désarroi, mais jura intérieurement de frustration, voilà qui allait compliquer les négociations. Elle s'attendait à se que l'inconnue utilise des moyens plus expéditifs pour lui faire dire ce qu'elle voulait savoir, mais au lieu de cela, elle remit le petit poignard dans sa poche, et se contenta d'affirmer :

"tu es une chasseuse de prîmes."
Kithiara resta impassible.
"et tu es entraînée à ne rien laisser transparaître sur ce qui se passe dans ta petite tête. Mais sa ne suffit pas avec moi, je sais très bien ce que tu ressent maintenant, tu as envie de me mettre dans la position où je t'ai mise, et de me torturer pour savoir les mêmes choses que je cherche à savoir sur toi. Seulement la situation n'est pas ainsi, toi, tu es attaché ici, et moi je pause les questions... Je veux tout savoir sur toi."
"Tu n'es pas la seule" répondit froidement Kithiara.

[Je me permets de faire agir ton personnage parce que je suis le MJ, mais j'évite au possible, et je ne décris ni ses sentiments, ni ses paroles, ne joue pas les personnages des autres, ni même les PNJs importants ou en confrontation avec vous, c'est un principe que j'ai oublié de vous dire ^^']

La jeune femme encapuchonnée se releva.

"C'est très simple. Veux-tu mourir ?"

Une mèche d'un blond lumineux dépassait de son vêtement. Une mèche blonde, alors qu'aucun Ulglimm n'a de couleur dans ses cheveux.

Kithiara n'était pas du genre à se laisser intimider. Mais cette femme ne semblait pas plaisanter, et la jeune chasseresse de prîmes était totalement vulnérable. Elle ne pouvait que se plier à ses exigences si elle espérait s'en sortir.
"Je m'appelle Kithiara. Et toi qui es tu ? Pourquoi m'as-tu emmené ici ?"

La silhouette pencha la tête sur le côté.

"Tu n'as donc qu'un nom ?" rétorqua une voix froide.

Cette petite garce commençait à beaucoup indisposer Kithiara avec ses menaces et ses questions, sans raison apparente qui justifierait cet enlèvement. Et elle était très étrange, elle émanait quelque-chose de bizarre, une aura inquiétante, et cette couleur de cheveux... jamais elle n'avait vue de chevelures de cette teinte.
"oui je n'ai qu'un unique nom, pas la peine de chercher à en savoir plus la dessus, j'ignore totalement quelle est ma véritable appellation... vous n'avez pas répondu à ma question, pourquoi je suis ici ? vous aurais-je fait du tord ?"

La jeune femme serra les poings. Elle resta crispée pendant une longue minute, puis soupira. Elle venait de prendre une décision difficile. Dans un mouvement saccadé, elle ôta sa capuche, dévoilant un visage pâle duquel dégringolait une chevelure blonde parfaite. Parfaite sinon le sang coagulé qui figeait une coiffure désordonnée et sale. Elle serrait les dents, comme si elle regrettait de jubiler, comme si elle avait un sentiment fort et mitigé. Un froncement de sourcil. Elle était décidé. Elle saisit la poignée de son épée, attachée à sa ceinture, la dégaina lentement, avec une fermeté démesurée. Elle fixa sa détenue, s'approcha d'un pas lent, et posa la pointe de son épée sur sa gorge. Elle inspira profondément, regarda Kithiara dans les yeux, souleva son épée, et dans un mouvement violent, jeta son épée dans le couloir derrière elle. Le morceau de métal ricocha plusieurs fois sur le sol, dans un tintement métallique qui résonnait contre les parois. Elle se laissa tomber dans un coin de la pièce et se recroquevilla sur elle même.

Kithiara ne comprenait plus ce qu'il se passait. Elle avait crut sa dernière heure venue, et avait choisi de l’accueillir la tête haute, avec dignité et fierté, malgré le mélange d'intense frustration, de colère et de tristesse de ne jamais pouvoir découvrir la vérité sur son enfance. Mais sa ravisseuse ne l'avait pas abattue, et elle était à présent assise misérablement dans un coin de la salle. La chasseresse garda le silence, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Cette réaction l'avait pris au dépourvue. Elle ne savait pas comment réagir. Était-ce l’occasion de tenter de se libérer et de neutraliser cette mystérieuse jeune femme ? ou bien devait elle juste rester là, et tenter d'entretenir une conversion moins périlleuse ? de toute évidence, cette inconnue n'était pas une tueuse, Kithiara ignorait ses motivations, mais elle ne semblait pas pouvoir se résoudre à l’exécuter.
La jeune femme n'était pas du genre compatissante ni sociable, mais elle fit des efforts pour réfléchir à comment s'exprimer pour délier la situation. Elle s'efforça de s'exprimer avec le plus de douceur qu'il lui était possible :
"comment tu t’appelles ?"

C'était une impasse. Elle ne pouvait se résoudre à abattre sa cible, et maintenant, elle le savait. Elle la savait faible, elle savait qu'elle pouvait profiter de la situation, qu'elle pouvait essayer de reprendre le dessus. De la manipuler. Et elle lui demanda comment elle s'appelait.

"Arja Luilinn..." cette dernière soupira, elle avait cédé.

"Tu m'as vue dans la ruelle, je n'avais pas ma capuche. Tu as vu mes cheveux. Je ne peux pas me résoudre à te tuer pour une vision, mais je ne peux pas te laisser partir."

Un court silence, rythmé par quelques gouttes tombant dans une flaque quelconque.

"Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce que JE fait ?"

Kithiara pris une profonde inspiration pour calmer la colère froide qui s'était emparée d'elle à l'encontre de cette étrange inconnue. Cette femme avait des compétences à n'en pas douter excellente, et qui ou quoi qu'elle puisse être, elle pouvait s'avérer une puissante alliée. La jeune chasseresse réfléchis quelques secondes, elle n'était pas encore totalement sortie des ennuis, il lui fallait s'exprimer avec diplomatie, mais le tact dans se domaine n'était vraiment pas son fort, elle négociait avec les armes, pas les mots. Finalement elle déclara :
"Et si tu commençais par me dire qu-est ce qui t'effraye tant ? je ne te cache pas que j'ai eu très envie de te refaire le portrait mais je suis prête à passer l'éponge si tu me confie qui tu es et qu'est ce que tu fuis."

La jeune femme releva la tête et fronça les sourcils. Ses yeux verts se plantèrent dans ceux de son interlocutrice, et devinrent bleus, comme si leur ancienne couleur n'était qu'un reflet, une illusion.

"Tu n'es pas comme les autres. As-tu au moins vécu dans le peuple ordinaire ? Sais-tu à quel point ils sont médisants et mauvais avec ceux dont le corps n'est pas comme le leur ? Vois-tu au moins mes cheveux ?" enchaîna-t-elle d'un ton hésitant mais rapide.

"Peut être que si je te dis tout, je me sentirai suffisamment en danger pour te tuer ?" se demanda-t-elle tout haut.

"Je suis blonde, blanche, mes lèvres sont aussi pâles que les tiennes, mais la teinte de mes cheveux me transforme en monstre à leurs yeux. Ils me pensent bâtarde, ou pire encore, sorcière ! À peine ma mère eut vu mes cheveux pousser à l'âge le plus jeune où ils puissent apparaître, elle voulu m'abandonner, et mon père s'en rendant compte, la prenant pour une putain pour étrangers et ne me voyant pas comme sa fille, nous répudia. Un homme bon mais influençable me recueillie, et m'éleva jusqu'à mes sept ans, mais dès lors que ses voisins se rendirent compte de ma présence, il m'abandonna à son tour, par commodité. Depuis, j'erre dans les rues, je me terre dans les coursives abandonnées des remparts, volant ma nourriture, craignant qu'on ne me voit."

Sa voix s'était éteinte au fur et à mesure de son récit. C'était comme si elle n'avait pas la force de lutter contre sa prisonnière, ou comme si elle l'avait, mais qu'elle refusait, au fond d'elle même, de se débarrasser d'elle.

Kithiara était troublée. Ayant été élevée par un chasseur de prîmes dans un cadre tout autre que celui de la vie civile influencée par les tendances et les croyances populaires, elle ne percevait pas l'aspect inhabituel de l'inconnue comme quelque-chose de méprisable, elle était au contraire fascinée par cette singularité. Le récit affligeant de la vie de Arja la touchait plus qu'elle n'en aurait crut possible. Peut être parce que cela la renvoyait à sa propre histoire, son propre malheur. Kithiara avait le sentiment que c'était à son tour de raconter son malheur, ce qui semblait être le meilleur moyen de détendre la situation en montrant à cette étrange femme qu'elles étaient similaires, mais si il y avait bien une chose que la chasseresse détestait, c'était se mettre à nue, son histoire ne concernait qu'elle, elle et personne d'autre. Mais elle devait faire comprendre à son agresseur qu'elle n'était pas une menace pour elle.
"Écoute, je comprend que tu sois craintive envers moi, tu as deviné quelle était ma profession, et tu dois craindre de me revoir si jamais un contrat était mis sur ta tête, mais je ne me suis pas engagé dans cette voie par pure cupidité ou plaisir à tuer pour de l'argent, mes motivations sont beaucoup plus profondes que cela, je cherche des réponses... Je pense que malgré le contexte de notre rencontre, on se ressemble beaucoup toi et moi, et on pourrait former une bonne alliance. J'ai beaucoup de contact parmi les guildes d'assassins et les chasseurs de prîmes, je peut t'en protéger."

Bien qu'elle ne l'afficha pas, Arja fut surprise malgré elle. Bien sûr, cette Kithiara n'avait pas la dégaine d'une jeune femme normale, prête à être mariée - car celle qui le sont déjà portent à cet âge un ventre bien rond. Ce n'était pas tant sa profession, ni sa proposition - après tout, elle voulait se sauver la vie, ce qui semblait normal - mais sa position. Une jeune femme, aussi douée soit-elle, devait en faire bien plus qu'un homme pour arriver au même point au même moment de sa vie. Et toutes ces relations, ce réseau... il était alléchant. Arja ne rêvait pas de prendre sa revanche, comme le laissait clairement deviner Kithiara, mais avec ses talents et des connaissance - ou même un... ou une intermédiaire, elle pourrait se débarrasser de cette fuite en avant sans fin. Une idée traversa son esprit, et la séduit immédiatement.

"Je ne crains pas les assassins. Je crains la foule. Je crains les regards. Je fuis leur violence. Je fuis leurs yeux, emplies d'idées dégradantes autant que de dégoût pour moi."

Elle se mordillât la lèvre, et souffla pour faire retomber la pression qui serrait sa poitrine.

"Faire équipe ? Et comment ?" Sa voix avait reprit l'assurance de tout à l'heure. Maintenant, elle savait où elle voulait en venir, et cela l'aidait à garder la tête froide. À garder le contrôle. Le contrôle qu'elle n'avait plus depuis si longtemps.

"Ce qui t'effraye, ce qui t’empêche de vivre ta vie comme tu l'entend, c'est le regard méprisant et les injures du peuple lorsqu'ils constatent ta différence. Hors le commun des mortels ne s'attaquent qu'aux proies vulnérables, ceux qui n'ont pas les moyens de se défendre, ou dans ton cas, ceux qui n'assument pas leur condition."

Kithiara fit une pause dans son discours, pour réfléchir à comment elle aller exprimer la suite de son raisonnement pour que cela est le plus d'impact possible.

L'air sûre d'elle, elle repris :
"Tu es tel que tu es, tes cheveux ne changeront pas de couleur, inutile de se lamenter et de rêver que cela change, cela n'arrivera pas. Voici un conseil : n'oublie jamais qui tu es, les autres ne l'oublieront pas. Fais de ta différence ton tabard, et on ne l'utilisera plus contre toi."

D'ordinaire, la manipulation ne fonctionnait pas. Mais à ce moment précis, Arja doutait de la nature des propos de Kithiara, elle ne savait vraiment plus si elle était sincère ou s'il s'agissait de machinations dans l'optique de se libérer. Elle réfléchit quelques minutes, et conclue qu'il s'agissait certainement d'un peu des deux. Elle serra les dents, crispa et décrispa ses poings plusieurs fois de suite, puis se décida, avec une boule d'appréhension dans le ventre. La fille aux cheveux d'or alla chercher son épée dans le couloir à pas lents, s'accordant cet ultime instant de réflexion pour changer d'avis, puis revint, à même allure.

Elle porta sa lame à hauteur suffisante pour pouvoir l'examiner, et se rendit compte d'un coup qui entamait profondément le fil. Avec un hochement de tête dubitatif, elle lâcha l'objet, l'abandonnant sans plus de cérémonie, et releva légèrement la tête, dégaina une dague, combla la distance qui la séparait encore de sa prisonnière d'une foulée, et passa sa deuxième arme entre ses liens avant de tirer un coup sec pour la libérer. La moitié des cordes tombèrent à terre, l'autre se relâcha. D'un mouvement fluide, elle rengaina dans un petit fourreau de cuir attaché à sa ceinture, et rabattit sa large capuche de laine sur son visage, reprenant ainsi son air sombre et menaçant.

"Montre moi où tes amis vivent..." souffla-t-elle.

Kithiara se releva avec moins d'assurance qu'elle ne l'aurait voulu face à Arja qu'elle ne considérait pas encore comme son alliée. Elle se fit craquer les vertèbres et se massa la nuque, en grimaçant tant se court séjour attaché l'avait endolorie. Elle replaça une mèche de cheveux, qui commençait à voir apparaître des traits argentés, de devant son visage et adopta ensuite sa posture sûre d'elle habituelle.
"Ce ne sont pas des amis mais des contacts" rectifia-t-elle au risque d'irriter la patience de la blondinette. "Et je ne pense pas qu'il seront aussi ouvert d'esprit que moi au sujet de ta chevelure d'or..."

Voyant l'expression contrariée de Arja, elle ajouta :
"Quoi que mon contact le plus proche ne devrait pas être trop incommodé par ce détail. C'est un Dumkar, comme tu dois le savoir, sa race n'est pas apprécié des autres, s'il n'inspirait pas autant de crainte les gens ne se gêneraient pas de le lapider dans la rue, hors les rares à avoir tenté l'ont amèrement regretté. Il ne te crashera pas dessus, il est dans la même situation que toi ici."

Alors qu'Arja était sur le point d'accepter d'emblée, elle prit soudain le temps de peser ses chances de parvenir à son but ainsi que les risques qu'elle prenait. Elle porta sa main à son visage et, l'index posé sur sa lèvre fine et pâle, le pouce caressant son menton, elle fit encore attendre Kithiara quelques secondes de plus. Prenant une lente et discrète inspiration, elle sembla se résigner à la suivre. Sans briser la distance de deux mètres de sécurité qu'observaient tous les tueurs méfiants, elle fit un pas vers celle qui allait la guider à Djrazko.

Ainsi, la blonde guida jusqu'au sortir de sa cachette, simplement camouflée par un éboulis dans un caniveau à ciel ouvert, adossé à la muraille noire et donnant sur la ville basse. Ce n'était pas très compliqué à vrai dire, une foi Ue le chemin était compris. À ce moment là, dès qu'elles laissèrent les relents d'urins et de moisi derrière elles, ce fut à la brune de les mener.

(Si tu avait quelque chose de prévu comme une trahison, ou une embuscade, tu peux tronquer quand tu veux à partir d'ici.)

Après avoir rejoint la rue principale qui traversait toute la ville basse en ceignant la citadelle, les deux femmes marchèrent un certain temps. Elles auraient pu couper par la ville haute, mais les portes étaient fermées à cette heure, observant un antique couvre feu. Elles croisèrent plusieurs groupes, et Arja tira sur sa capuche, tout en tâchant de rester un maximum dans l'obscurité.

Après avoir vu défiler plusieurs groupes d'hommes fatigués rentrant chez eux, et plusieurs autres de personnes moins pressées de retourner au logis, les deux femmes se retrouvèrent devant une chaumière mal entretenue aux volets fermés. Aucune lumière ne filtrait sous la porte. Kithiara s'avança et abattit le lourd anneau métallique, usqnt de ce fait un peu plus na porte, déjà bien entamée par les coups répétés. Un certain temps se passa avant qu'il ne se passe quoi que ce soit dans la pièce derrière la porte, mais quelqu'un finit par ouvrir.

Ce quelqu'un était un ulglimm aux cheveux déjà blancs comme de la neige, et il ne devait pas avoir plus de trentes ans. Il toisa avec méfiance la nouvelle venue, mais décida juste avant que quelqu'un ne réagisse de la faire entrer. Sans mot dire, il les mena jusqu'à un puit creusé à même le sol dans une arrière salle, et qui, après un bref boyau boueux, donnait sur une porte que le portier ouvrit. Elle donnait sur un petit bureau terreux mais propre, devant lequel étair assit un imposant Dumkars aux dreadlocks longues et épaisses.

"Eh bien, qui voilà donc ?"

Kithiara s'était sentie mal l'aise pendant tout le trajet, elle détestait perdre le contrôle d'une situation, d'autant que Arja n'avait pas daignée lui rendre ses armes. Elle avait réfléchis longuement, il y avait tant de questions qui lui trottaient dans la tête à propos de Arja, elle ne connaissait pas ses motivations, elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance... Mais dans l'immédiat, elle devait être patiente, le fait qu'elle savait Djrazko tolérant sur les particularités physiques, ce n'était pas la seule raison qui l'avais poussé à mené la blonde à lui, il était surtout très doué pour sentir la fiabilité d'une personne, il lui suffisait de parler avec elle quelques instants pour savoir si ils pouvaient faire confiance à Arja, ou si elle représentait une menace à éliminer.

Le dumkars n'avait pas pris la peine de se lever, la jeune femme brune détailla son aspect physique pour la millième fois depuis qu'elle le connaissait. Même selon les critères de sa race, il était particulièrement imposant, sa musculature tendu comme des câbles sous sa peau sombre était un délice pour ses yeux de femme. Même assis, sa stature atteignait quasiment celle de la jeune femme debout. Ses yeux noirs cachés sous des épaisses arcades sourcilières, sa barbe noir tressée au menton, et cette cicatrice en travers de son visage... Kithiara l'avait toujours trouvé terriblement séduisant, elle qui aimait les guerriers sombres et puissants, et elle se délectait à chaque fois du fantasme de cet homme la dominant de son imposante stature en une étreinte profonde et intense... mais elle ne s'était jamais permis ce plaisir, dans l'intérêt de leurs affaires.

La chasseresse de primes salua amicalement le dumkars, qui lui rendit la commodité, mais gardant son regard rivé sur la jeune femme encapuchonné qui accompagnait Kithiara. Il semblait examiner le moindre détail de son accoutrement, de son comportement, avec un intérêt profond, comme s'il lisait un livre.
"Voici Arja" déclara la jeune femme brune en se postant en retrait sur un côté de la salle, les mains posés sur ses hanches, là où auraient dût se trouver les poignées de ses arbalètes de poings. "Je l'ai rencontré se soir même, et il se trouve que c'est une jeune femme tout à fait particulière..."

"En effet elle doit avoir quelque chose de spécial pour que tu la laisse porter tes armes" ironisa Djrazko sans lâcher du regard la jeune inconnue.

Kithiara savait la main gauche du Dumkar agrippée à la poignée de l'arbalète fixée sous son bureau, cette dernière pointée sur Arja par pure précaution, il avait tout de suite compris que cette inconnue n'était pas une personne de confiance de Kithiara. Il reprit :
"Je ne connais pas une personne en se monde à qui tu confierais tes armes, comment se sont elle retrouvées en sa possession ?"

Kithiara serra la mâchoire, c'était une confession difficile, elle était une personne fière, et qui entretenait son image devant Djrazko.
"Elle m'a assommée alors que je rentrait à l'auberge, et m'a séquestrée pour m’interroger, on est parvenue à un accord. Elle a une particularité qui devrait t'intéresser."

Le Dumkars sourit :
"Cette jeune femme doit avoir un potentiel insoupçonné pour être venue à bout de l'indomptable Kithiara aussi facilement... dis moi Arja, préfère-tu le poignard, ou l'arbalète de poing ?"

Arja avait suivie Kithiara sans mot dire jusqu'au repaire du dumkar. Sa large capuche camouflait son visage, mais personne ne daigna lui demander de l'ôter. Elle suivit aussi l'échange entre les deux autres protagonistes, échange dont elle était l'objet, et sentit la tension monter. Le pan de tissu qui voilait son visage l'empêchait aussi de voir Djzarko plus haut que la taille.

Un frisson d'excitation naquit progressivement dans la base de sa nuque, et se répandit lentement dans ses cervicales, plus vite dans ses bras, et avec langueur le long de son échine. Elle sentit l'intégralité de la surface de son corps se hérisser, et c'est à ce moment précis qu'elle se surprit à aimer la sensation. Elle n'eut le temps que de se demander d'où il pouvait venir - ou du moins pourquoi était-ce si agréable puisqu'elle n'aimait ni les dumkars, ni la situation instable dans laquelle elle se trouvait.

Tandis que ce qui semblait être un personnage important du paysage social officieux de la ville narguait Kithiara sur sa défaite, elle perçut une pointe d'amertume dans la réponse de la jeune femme, qui n'avait rien d'une réplique. Elle ne fit pas preuve de fierté. Elle ne fit même pas preuve d'arrogance, comme Arja s'y attendait. Elle s'effaça, certainement avec un pincement au coeur, et se soumit aux sarcasmes de son maître, annonçant servilement qu'elle avait tout de même trouvé quelque chose d'intéressant. Bien qu'il ne s'agisse que d'un détail, Arja le releva, intriguée.

Mais bien vite, l'attention des autres se fixa sur elle, et le dumkar lui posa une question étrange. Question qui fit naître en elle un sentiment d'insécurité pressant. Elle plissa les yeux sous son vêtement, et après quelques secondes où elle ne parvint pas à réfléchir convenablement au sens de la question, plutôt que de répondre, porta lentement les mains à son visage et souleva le voile d'un geste fluide et mesuré. La large capuche glissa de ses doigts alors que ces derniers frôlaient ses épaules.

Un visage parfaitement équilibré d'une pâleur digne de la plus enviée des princesses de l'histoire ulglimm et encadré par une chevelure d'un blond éclatant fut enfin associé à la voix de la jeune femme, car même Kithiara n'avait pas pu voir son visage de façon nette dans la tanière des remparts. Ses grands yeux légèrement en amandes avaient des iris d'un gris clair presque blanc, de la couleur du ciel lors des hivers froids et pâles des lointaines montagnes occidentales. Son regard dur perça celui de Djzarko.

La surprise de ce dernier fut d'ailleurs à la hauteur de ce qu'il vit. De mémoire d'homme, personne n'avait jamais vu d'ulglimm à la chevelure de miel. Si son regard n'était pas aussi déstabilisant, il aurait pu ressentir de la compassion pour elle, lui qui avait souffert d'être différent avait au moins eut la décence de naître d'une autre race, et de ne pas être d'un charme subtil étourdissant. Sa poigne se fit plus forte sur la crosse de son arbalète. Quelque chose le dérangeait. Malgré tout l'intérêt qui venait de naître chez lui pour cette blonde, il ne pouvait s'empêcher d'avoir un très mauvais pressentiment à son propos. Et son regard ne faisait qu'accroître le doute. Son doigt hésitait, mais il ne put se résoudre à tirer.

Kithiara assista à l'échange de regard qui lui parut le plus long de son existence. Les deux protagonistes se dévisageaient longuement et avec beaucoup de curiosité, et peut être plus encore... était-ce de l'intérêt que la chasseresse de prime perçus dans le regard de Djzarko ? La jalousie la transperça à l'encontre de cette jolie blonde. Qu'avait-elle de plus qu'elle ? Un frisson de colère lui parcourut l'échine, si elle n'avait pas appris à maîtriser ses émotions, elle se serait probablement jetée sur Arja pour lui arracher sa tignasse d'or à mains nues. Elle se rendit soudain compte qu'elle lui enviait cette anomalie. Kithiara s'était toujours sentie différente des Ulglimms, mais cela ne s'était toujours limité qu'à son caractère, Arja était réellement différente de son peuple, elle était unique...

-Kithiara tu es ridicule- se réprimanda intérieurement la guerrière brune. Elle observa intensément Djzarko et sentit la tension dans son bras, elle en déduisit que lui aussi ressentait la même impression dérangeante envers Arja. Il le sentait, cette femme était sans aucun doute plus qu'une simple Ulglimm. Malgré le visage impénétrable du Dumkar, Kithiara le connaissait suffisamment à présent pour savoir qu'il était intrigué au plus haut point par cette jeune blonde, il était peut être même inquiet. La chasseresse ne se rappelait pas l'avoir déjà vue si troublé.

Alors que Kithiara s’apprêtait à prendre la parole pour rompre se silence pesant, le Dumkar annonça :
"Étrange, je n'ai jamais rien vue de tel chez un Ulglimm, et pourtant j'en ai vue des choses. Raconte moi qui tu es"

Spoiler:

Les épaules d'Arja eurent un tout petit mouvement vertical, à peine perceptible. Elle pencha légèrement la tête sur la gauche, et fixa le vide. Dans son champs de vision incertain, elle percevait à droite la silhouette de Kithiara, presque au centre de son champs de vision, le massif dumkar, assit à son bureau, mais aussi le reste de la pièce, aux parois naturelles composées de roche et de terre ocre, argileuse, étayée par des poutres grossières, le tout éclairé à la lueur d'une paire de torches qui projetaient ombres et lumières orangées au rythme des mouvement des occupants de l'habitacle.

Djzarko fronça les sourcils, se demandant à quoi jouait cette demoiselle. Il inspira profondément, et expira lentement, reprenant tout à fait le contrôle de ses émotions.

"Je me nomme Arja Luilinn..." lâcha cette dernière sur un ton monotone. "J'ai passé ma vie à fuir mon image. Et c'est tout..." malgré la fermeté du dernier mot, il résonna dans la tête de ceux qui l'écoutaient comme s'il introduisait, paradoxalement, une longue histoire. "Malheureusement pour moi." Précisa la blonde, comme soucieuse de terminer sa phrase.

"Donc... tu n'as qu'un nom ? Pas d'histoire, pas de maître ?" questionna le dumkar de sa voix grave et rocailleuse. Arja estima qu'un regard suffisait pour infirmer. L'homme émit un court grognement dubitatif. "Alors quel but poursuis-tu ?"

Cette fois ci, en lisant sur le visage de la blonde pour traduire l'arrogance, on n'y lisait pas un air méprisant, mais méfiant. "Je viens de le dire, je cherche l'anonymat.
- Pourtant, je te vois, moi, et cette chère Kithiara aussi..." Il esquissa un sourire, et une flamme de malice naquit dans ses yeux.

"Je...." Arja se sentit stupide, et cela lui arrivait pour la première fois.

Kithiara resta impassible, mais sous son masque inexpressif, elle jubilait presque du retournement de situation, car elle ressentait comme une rivalité avec Arja, sentiment tout à fait normal compte tenu de la situation se dit-elle. Mais outre cette animosité envers la blondinette, la chasseresse ressentait de la curiosité pour ce personnage mystérieux, et aussi autre chose, une étrange sensation qui lui était familière mais qu'elle ne saurait définir, ni expliquer, mais qu'elle savait dut à la présence de Arja. Cette dernière d'ailleurs ne savait plus quoi répondre à Djzarko, et la jeune brune décida d'intervenir, elle avait déjà été humilier par sa défaite, elle avait une fierté à restituer, elle ne tenait pas à rester passive.

"Il y a bien des ambitions qui te motivent à continuer à vivre malgré ta situation" annonça-t-elle.
Le Dumkar tourna un regard dure sur elle comme un avertissement, mais ne l'interrompit pas, il devait comprendre le besoin qu'elle ressentait à cet instant de s'affirmer.

"Lorsque je t'ai dis que j'avais des relations parmi les guildes d'assassins et les chasseurs de primes, tu as parut très intéressée" Repris Kithiara. "Tu ne vas pas me faire croire que après toutes les humiliations que tu as subit, tu ne souhaite pas prendre ta revanche, ou au moins vivre une autre vie que celle d'un rat qui déambule dans les égouts au milieu des ordures de la civilisation."