(Quête) Le premier relai, II

Quelle douleur atroce ! Elle croyait que sa tête allait exploser. Et puis cette sensation plus que désagréable de ne pouvoir contrôler ni son corps ni ses émotions ! Elle était crispée, tous ses muscles raidis, la bloquant dans sa position, à genoux devant le squelette de son ex-équipier. Elle se forçait à ne pas penser car elle savait qu'il verrait tout. Cependant, elle ne pût retenir la plus forte de toutes ses pensées : Si ses intentions étaient si louables, pourquoi lui fallait-il la contrôler et la sonder pour parvenir à ses fins ?

"Vous n'êtes pas la première personne que je tente de rallier à ma cause. Ils se sont tous suicidés après les avoir sondé, et jugé apte à devenir mon chef d'orchestre. N'oublie jamais, JE suis le compositeur, TU es le chef d'orchestre. JE dicte, TU obéis. Tu comprendra bien assez tôt la raison de mes actes. Ou plutôt devrais-je dire, de NOS actes."

Elle ne pouvait se restreindre à faire que ce qu'il lui demandait, se privant ainsi de toute liberté, de tout choix. Et puis qui était-il pour juger de sa vie, de ses réactions, de ses paroles ? Ses intentions semblaient pourtant louables ... Et puis de toute façon, elle ne pouvait se défaire de cette emprise. Elle se détendit et laissa son corps agir comme Kel'Mazat le souhaitait. Bien qu'elle ne le portait pas dans son cœur, elle ne savait pas ce qui pouvait se passer si elle désobéissait, et elle n'avait aucunement l'envie de le découvrir. Le squelette d'Arn s'écrasa alors au sol. L'aura qui l'entourait restait cependant intacte, comme si le squelette venait de s'endormir. Elle se leva alors malgré elle et se mit à gesticuler étrangement. Ses bras firent un quart de tour et se retrouva la main gauche faisant face à la droite. Là se leva son index et son majeur droit puis sa main droite décrivit une sorte de cercle au dessus du squelette inanimé. Elle prononçait alors des paroles qu'elle ne comprenait pas (surement du Kuuhuun) mais elle reconnu cependant les mots "Mov et "Lia" qu'elle avait déchiffré sur les deux runes qui précédèrent l'attaque.

Un inhibiteur ? Mais pourquoi ? Et ces gestes ? Quel était leur but ? Trop de questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Elle sentit alors la présence en elle s'énerver, la forçant de se donner elle même une gifle. Eh bien puisque c'est un ordre ... Elle reprit alors ses esprit et se mit à fouiller les lieux, histoire de trouver quelques indices sur le lieu de l'inhibiteur.

[jet d'instinct difficulté 35 (2 x [instinct] (11) + 1 D20)]
réussite si D20 > 12

L'atmosphère était bien moins pesante à présent, bien que la présence ne soit pas totalement évanouie dans l'esprit de Della. Le vent était pourtant là pour prouver de la levée de la malédiction, enfin ce qui semblait en être une. Une pensée traversa alors la tête de la jeune mère alors qu'elle reprenait peu à peu ses esprits et cette pensée était dédiée à ce qui a de plus cher à ses yeux : sa fille. Pourrait-elle passer des moments avec elle ? Des instants sincères, comme une mère passe avec sa fille. Comment passer du temps avec sa fille dans ces conditions ? Emönia était avec sa grand-mère et surement son grand-père en sécurité à Yrnal Josv. Loin des cauchemars de Mardles ... D'ailleurs, qu'en était-il de Mardles ? Est-ce que là-bas aussi la présence s'était évanouie ? Un seul moyen de le savoir : S'y rendre et prendre des nouvelles des habitant. Et puis elle craignait aussi que sa maison n'ait été vandalisée ...

Elle tourna alors le dos à la petite chapelle et traversa le cimetière jusqu'à la grille. Toute ces émotions lui avait fait perdre la notion du temps. Il se faisait tard et la nuit n'allait pas tarder à tomber. Il n'était pas du tout prudent de voyager de nuit, de plus, il lui fallait retrouver les chevaux qui les avait amenés jusqu'ici. Elle se rendit alors devant l'auberge abandonnée sur les murs de laquelle ils avaient attaché les chevaux avant de partir au cimetière. Après avoir fait le tour de la bâtisse encore bien entretenue comme si elle venait tout juste d'être abandonnée. Comme elle le pensait, les chevaux ont été détachés par Ardan dans sa fuite effrénée. Elle poussa alors la porte de l'auberge. A l'image du village toujours inhabité l'auberge était vide. Les douze tables disposées de façon à être toutes visibles depuis le bar situé au fond de la grande pièce. En regardant plus attentivement la pièce, elle trouva une porte proche du comptoir au dessus de laquelle se trouvait une inscription "Chambres".

Elle franchit la porte et monta les trente marches qui la séparaient de l'étage des chambres (elle les avait compté une par une, ne sachant pas trop quoi penser d'autre). Il y en avait une dizaine. Une impression étrange lui parvint alors qu'elle longeait le couloir en choisissant une chambre.Elle n'avait jamais ressentis cela au part avant. Elle avait l'impression de faire quelque chose de mal, mais sans que cela ne la traumatise plus que ça. Elle descendit l'escalier et une fois derrière le comptoir, elle trouva une boite en bois sculpté grossièrement qui devait servir de caisse. Elle l'ouvrit, plaça un fenk à l'intérieur, la ferma puis la reposa dans le comptoir. Puis une idée lui vint alors : et si quelqu'un de mal intentionné venait et vidait la caisse de son contenu avant que le tenancier ne revienne ? Elle décida alors de cacher la caisse dans la chambre qu'elle avait choisi. Ainsi, seul le tenancier pourrait la retrouver en faisant le ménage dans la pièce. Elle monta les escaliers, entra dans la chambre située derrière la deuxième porte à droite en partant de l'escalier, et cacha la boite en question sous l'armoire. Puis elle s'allongea sur le lit dont le confort laissait à désirer et s'endormit presque immédiatement. Elle passa une nuit des plus reposantes. Pas un seul cauchemar à l'horizon. La malédiction était donc belle et bien levée sur ce village. Kel'Mazat n'avait aucunement fait sentir sa présence tout le long de la nuit, jusqu'à ce que le jour se lève sur le village d'Inlev.

"Réveille-toi !" Delamune ouvrit les yeux. Une douleur se fit ressentir au niveau de l'estomac qui criait famine. Elle ne savait pas bien si c'était Kel'Mazat qui l'avait réveillée ou bien son estomac, dans tous les cas, il était vide et le faisait sentir. Elle mit quelques instants à comprendre où elle se trouvait et à admettre que les faits de la veille n'étaient en aucun cas un cauchemar de sa part. La céphalée dont elle souffrait la veille ne s'était pas aggravée bien qu'elle n'ait pas diminuée pour autant. Surement était-ce dû à l'esprit Kuuhuun qui se servait d'elle comme marionnette. Elle se leva doucement, la tête dans le brouillard, comme après une soirée bien arrosée, bien qu'elle n'ait rien bu la veille. Elle secoua ses vêtements afin de les défroisser et se rendit au bar de l'étage du dessous. Là elle trouva quelques gâteaux secs, du blé soufflé ainsi qu'une bouteille d'eau. Elle s'installa à une table et mangea à sa faim. Une longue marche l'attendait et elle ne voulait pas tomber d'inanition. Lorsqu'elle eût fini son 'repas' elle se leva, rangea ce qu'elle venait de sortir, et partit en direction de Mardles.