(Quête) Lame de fond, suite 2

Della réfléchissa quelques instants. Ils venaient de lui offrir la possibilité de les arrêter. Mais pour cela, il fallait qu'elle soit bien sûr qu'ils étaient coupables. Elle accepta alors de rester avec eux.

Ça y était, elle venait d'être acceptée par le groupe mais pour combien de temps et dans quelles conditions ? Il lui fallait trouver un moyen de rester avec eux sans que cela lui soit dégradant. Et cette petite dispute qu'ils venaient d'avoir allait l'aider. En effet Fono ne savait plus réellement ce qu'il voulait faire avec elle et le plus grand soupçonnait quelque chose. Il fallait mettre en confiance le grand et calmer les ardeurs de Fono sans le vexer. Fono qui semblait à Della avoir une sensibilité à fleur de peau. Elle calma Fono en lui expliquant que son envie ne sera que plus grande et son plaisir encore plus savoureux plus il attendait et réfléchissait à comment s'y prendre. Elle demanda ensuite au plus grand la façon dont elle devait montrer qu'elle était digne de sa confiance.

Della se justifia ainsi :
"Eh bien voilà, je trouve votre petit compagnon, Fono, très attirant et j'ai peur de ne pas pouvoir vivre avec lui si vous ne me faites pas confiance. Ainsi vous permettrez à une relation de naître entre deux êtres faits l'un pour l'autre."
Entre chaque temps de respirations, elle fixait Fono avec un regard irrésistible qui aurait fait craqué n'importe quel homme.

Ce briguant était vraiement perspicace. Il avait décelé chacun de ses mensonges mais Fono et l'autre rouquin venaient de lui offrir la possibilité de s'enfuire et d'échapper à de nombreux vices corporels qu'elle aurait dû subbir quelle que soit la tournure des évènements. Le petit groupe serait tant obnubilé par sa dispute qu'il n'aurait pas remarqué que sa "captive" conscentante se serait sauvée. En fait Della ne serait pas réellement partie. Elle s'était trouvé, pendant le repas, un buisson derrière lequel elle pourait se réfugier pour échaper à ses "ravisseurs" tout en continuant à les espionner. Elle s'installerait sur le ventre derière ce buisson. Il se situait un peu plus en profondeur dans la forêt et était délimité par un chêne à sa droite, en le regardant du campement, et par un sapin à sa gauche.

Della décida donc de suivre son plan à la lettre, soulagée par la bonne prémonition qu'elle venait d'avoir.
Elle partis donc, sans se faire remarquer, s'intaller derrière le buisson. Cependant, la proximité des deux arbres avait fait qu'elle s'était alongée sur plusieures racines qui rendaient sa position ventrale très inconfortable. Elle se redressa puis s'agenouilla à la même place, évitant ainsi les racines. Elle s'était laissé jusqu'à l'arrêt de la dispute du groupe pour trouver une position confortable et discrète. Elle finissa au bout de quelques tentative à trouver la position idéale. Elle était à genoux et assise sur ses pieds. Elle se besserait à chaque fois qu'elle risquerait d'être découverte. Elle arrivait même à apercevoir à travers les branchages de l'arbuste le petit groupe qui continuait à se disputer pour elle. Toutes ces émotions lui avaient stimulé son imagination et permis de faire le tour de toutes les situations qui pourraient lui arriver maintenant.
La nuit ne tarda pas à tomber, cessant instantanément la dispute entre les trois hommes. Ils n'avaient jusque là aucunement besoin d'une réplique de leur "détenue" mais la tombée de la nuit les fît tout de même remarquer qu'elle n'avait donné aucun signe de vie depuis le début de leur altercation. Fono se retourna brusquement, regardant le campement dans sa globalité. Rien, pas une trace qui aurait pu laisser à penser que sa promise, comme il se l'était laissé imaginer, serait partie quelques instants et qu'elle reviendrait la nuit tombée pour dîner en leur compagnie. Le plus méfiant des trois lessa échapper un "Je vous l'avais bien dit !" qui le remplissa d'une certaine satisfaction personelle.

Della était tellement concentrée sur la dispute qu'elle n'avait pas remarqué la disparition du cuisinier. Où avait-il bien pu passer ? Della retourna le camp du regard, rien mis à part Fono et son compagnon lucide. Le cœur de la jeune femme se mît doucement à taper de plus en plus fort dans son thorax. Une petite goutte de sueur venait même de perler sur son front. Comme un homme si volumineux avait-il pu se soustraire si facilement de son attention ?
Quand soudain son stress redescendit. En effet, le cuisinier venait de refaire son apparition, il venait de sortir de la tente, dans laquelle ils avaient rengé de quoi manger pour une bonne semaine.

"-Allez, calmez-vous ! De toute façon ce n'est pas le fait de vous disputer qui la fera revenir ou qui changera la passé. Nous avons tous trois mal agit avec elle. Cette femme nous a manipulé et maintenant elle s'est enfuit. Donc on arrête là la les chamaillerie et on mange car le repas est presque près.
- Gust a raison. Arrêtons nous là, restaurons-nous et dormons, on n'arrive à rien le ventre vide et fatigué.", rétorqua Fono.

Ces paroles résonnaient dans les oreilles de Della comme extraites tout droit d'un des discours que sa mère avait l'habitude de lui réciter lorsqu'elle perdait ses affaires. Ce qui ne manqua pas de la perturber sans pour autant la déconcentrer de ses trois cibles. Elle en avait déjà perdu une de vue une fois, cela ne devrait jamais se reproduire.

Alors qu'elle les voyait s'éloigner, Della fût prise d'un doute. Que faire ? Falait-il les suivre dans leur voyage, riquant d'être démasquée, ou bien faire marche arrière et renseigner le Baron des Génèles de l'évolution de sa recherche et pourquoi pas revenir avec les troupes du baron pour les arrêter net et prendre ces rouquins la main dans le sac.

Malgrès ce que tout le monde aurait pu penser, Della ne trouva pas le choix si facile à réaliser. En effet, elle avait eu beaucoup de mal à les retrouver, mettant parfois sa santé de côté, n'hésitant pas à dormir par terre, ce que la plus part des Septanes qu'elle connaîssait n'auraient jamais fait, même sous la contrainte. Ainsi, elle voyait la question sous un autre angle. Si elle retournait à Port-Massart, elle abandonnerait alors la poursuite du trio, risquant ainsi de les perdre et rendant donc ses sacrifices inutiles. Tandis que si elle les suivait, il lui resterait la possibilité de trouver de l'aide sur certains villages alentours et devancer les trois compères.

Quelque soit sa décision, il fallait qu'elle se dépèche de la prendre parceque toute seconde passée à choisir était une seconde de perdue dans sa poursuite des briguants. Afin de trancher, elle sortit un Fenk d'argent de sa poche. Elle la jeta en l'air en se répettant intérieurement :
"Si c'est côté ours-lune, je les suis, sinon je rentre à Port-Massard !"
La pièce tomba au sol, roula quelques instants, dessinant des circonvolutions puis se figeant. Della resta bouche bée. Même le hasard n'ausait choisir pour elle. La pièce s'était en effet stoppée sur la tranche, fait pourtant impossible à cause d'un sol rendu chaotique par de nombreuses racines sortant de terre. Mais elle était bien là, coincée entre deux racines qui la maintenaient sur la tranche.

Ainsi donc seul son instinct pourrait prendre une décision pour elle maintenant.

[jet d'instinct]

Etait-ce son instinct qui avait fait bouger la pièce ou bien n'était-ce que le fruit de son imagination contrôlée par ce premier ? Cette question n'était même pas venue à l'idée de Della qui, comme si celà lui semblait tout à fait normal, récupéra son fenk d'argent, endossa son sac à dos qui n'avait d'ailleur pas beaucoup diminué de poids depuis sa dernière escale, et parti dans la direction des trois roux.

Ces derniers d'ailleur, bien qu'étant partis sur les chapeaux de roues, se trouvaient encore à portée de vue de Della, longeant la forêt. Mais il faudrait que jeune femme presse son pas afin de ne pas les laisser prendre trop d'avance.

Elle savait intérieurement que ce qu'elle avait vécu jusque là ne serait surement rien comparé à ce qu'elle s'aprettait à vivre, mais elle les suivait, car c'est ainsi que son destin l'avait choisi et elle n'y trouvait aucun argument qui aurait eu suffisemment de poids pour discréditer son choix.

Della fronça les sourcils comme pour rechercher du regard quelque chose situé très loin. Elle espèrait retrouver le groupe qui venait de lui échapper.

Elle avait beau froncer les sourcils tant qu'elle voulait, elle ne voyait aucune touffe rousse dans la forêt. Elle décida donc de s'approcher du dernier lieu où elle les avait vu en restant sur ses gardes, dévisageant tantôt le sol pour tenter de repérer toute sorte d'obstable, tantôt l'horizon qu'elle imaginait au travers de la forêt, espérant fortement appercevoir des reflets roux sur la végétation rapidement, avant qu'ils ne changent de direction.

Les espoirs de Della tombèrent en lambeaux. Comment les retrouver maintenant ? Voilà une question qui sonnait désormais sans réponse dans la tête de la jeune messagère. Plusieurs idées lui vinrent à l'esprit. Rentrer ? Non, elle n'avait pas filé ces trois brigands pour les laisser s'en sortir sans difficultés ! Oui, mais l'idée de rentrer se reposer dans un lit lui était si douce à l'esprit. Une pièce chauffée, un matelas douillet, des draps, le plaisir de dormir sans la crainte d'être attaquée par quoi que ce soit, bêtes sauvages comme hommes. Toutes ces pensées apaisaient l'esprit de Della, la laissant s'imaginer dans le lit de sa chambre à la taverne. Elle se voyait éclairée par une lanterne posée sur sa table de nuit. Au pied de cette bougie se trouvait un petit biscuit disposé là avec amour par la tenancière de l'auberge. Tout son corps était entré en concordance avec son imaginaire. Son dos se détendit soudain, laissant de côté toutes les émotions que la jeune femme avait vécu et qui la stressaient. Son visage s’apaisa, effaçant les marques de racines et de feuilles mortes de ses joues qui, bien que sans l’apparence, étaient restées endolories depuis sa nuit en forêt.

Des frissons parcouraient toute sa colonne vertébrale comme pour ordonner à tous ses muscles de se détendre. Elle se sentait calme, sereine. Une légère musique douce caressait ses tympans. "Une musique douce !? Mais d'où vient cette mélodie si chère à mes oreilles ?" En sortant de son début de rêve, Della s’aperçut que la musique n'en provenait pas. Une nouvelle piste à suivre ? Un seul moyen de le découvrir, se remotiver et chercher d'où pourrait provenir ce son divin. "Je ne dois pas abandonner maintenant !", se martelait-elle afin de sortir son corps de son rêve si doux. Il n'en fallait pas plus pour réveiller sa douleur omniprésente aux pieds du fait de ses journées de marches. Il en fallait peu pour qu'elle passe outre cette entrave. Rien ne pouvait la détourner de son but à présent.

Elle rechercha d'abord la provenance de cette mélodie. Elle allait croiser cette information avec ce qu'elle avait entendu en dernier du clan de roux.

Cette nuit, marche forcée, on a perdu trop de temps, j'ai peur que la fille ne soit la personne qui nous suit depuis quelques jours. Cette fois, on va établir le camp au Nord sur la colline.

Si l'air venait du Nord, alors ce pouvait être une piste fiable à suivre. Sinon, la mélodie avait au moins le mérite de détendre Delamune. Mais comment différencier le Nord du Sud dans cette forêt plutôt dense pour sa localisation géographique ? Della se souvint alors ce que son père lui avait expliqué pour ne pas se perdre en forêt.

"- Tu vois ces champignons aux pieds des arbres ? Tu ne vois rien de particulier ?
- Papa, pourquoi y en a plus là que là ?
- Eh bien tu vois Della, c'est parceque le Soleil est moins présent de ce côté de l'arbre, ce qui favorise la pousse des champignons de ce côté.
-Ah."

Elle appliqua alors ces conseils avisés. Elle examina le pied de plusieurs chênes et boulots se trouvant à ses côtés.
Verdict : la mélodie provenait bien du Nord ! Della décida de suivre cette nouvelle piste auditive. Et puis qu'avait-elle à perdre de se laisser guider par cette musique. Présente ou non, elle aurait tout de même cherché le Nord afin de l'atteindre s'appuyant sur son souvenir des paroles des trois rouquins. Elle partit donc dans la direction qu'elle savait la source de la mélodie, ainsi guidée par son ouïe et gardée par sa vue, scrutant tantôt le sol pour les racines, tantôt levant la tête pour éviter le obstacles aériens omniprésents dans les forêts.