(Quète) Le premier relai, III

- Je connais très bien ce lieu, je m'y suis promené une bonne dizaine de fois avec ma mère ! Il se trouve à un kilomètre au Nord de Mardles.

Della descendit les deux étages qui la séparait de la porte d'entrée, dévalant les marches deux par deux, et sortit, suivie de près par Alrun et Bundes. Elle enfourcha son cheval, rênes à la main, et attendit que ses deux partenaires fassent de même. Une fois tous trois sur leur destrier, ils partirent au galop les uns derrière les autres, Della en tête pour les guider jusqu'au lieu décrit et Alrun fermant la marche.

À en juger par leur vitesse de départ, l'archiviste se dît qu'ils avaient trouvé ce qu'ils cherchaient en haut. Intriguée par ce fameux cristal, elle monta au deuxième étage et trouva le document ouvert sur une page présentant le dessin d'un cristal gigantesque. Ils n'avaient même pas prit le temps de le ranger ! Peu importe, cela lui permettrait de savoir exactement ce qu'ils cherchaient et d'étancher ainsi sa curiosité. Il s'agissait d'un cristal qui remonterait à plusieurs milliers d'années et qui aurait été enfermé dans des souterrains non loin de Mardles afin que personne ne puisse le retrouver. Il était aussi écrit que le cristal vivait en quelque sorte par lui même. Des érudits raconteraient que le cristal leur avait parlé. Elle referma le livre et le rangea tout en réfléchissant à ce qu'elle venait de lire. Argent ... Qui irait croire des hommes qui passent leurs journées à faire la tournée des bars ? Baccarat ... Mais ils semblaient bien pressé tout de même pour des histoires à dormir debout ! Cristaux ! Peu en importait, elle venait de finir de ranger le livre au milieu des autres dont les sujets rapportaient des mythes et réalités à propos des cristaux, et un couple venait d'entrer et attendait ses conseils avisés. Elle se pressa à descendre les escaliers et se présenta au près des jeunes gens ...

Pendant ce temps là, les trois voyageurs avaient accompli le chemin qui les séparaient du lieu décrit. Tout correspondait. Le gros rocher en forme de carapace situé en contrebas d'un petit talus, sur lequel se trouvait un petit bosquet, le saule pleureur masquant une petite cabane pour enfant, chaque détail se trouvait comme décrit dans le livre. Ne manquait qu'une seule chose : l'entrée des souterrains. Le livre ne la mentionnait pas, et si jusqu'à eux personne n'avait encore mit la main sur le cristal, c'est surement dû au fait que l'entrée était dissimulée tel un piège que l'on ne voit que lorsqu'on le déclenche... Della décida de suivre son instinct, pensant que si Kel'Mazat voulait vraiment qu'elle détruise cet inhibiteur, il allait l'aider en susurrant un indice sur l'entrée des souterrains à son instinct.

Alors qu'elle cherchait, frottant le sol devant elle de son épée, elle donna un coup dans un buisson épais. Le buisson plia devant le choc, dévoilant une petite fente dans une roche, puis se remit en place. Delamune ne prêta d'abord pas attention à cette fente et continua à fouiller le sol à l'aide de son épée. Puis l'image du buisson revint dans l'esprit de la jeune mère. Le buisson bougea dans sa mémoire comme au ralenti. Puis elle vit à nouveau cette fente étrange. Elle retourna devant le dit buisson et le coupa sans aucune sorte de pitié. Alors une fente bien plus large se présenta. Suffisamment large pour que quelqu'un puisse se faufiler à travers.

- Je crois avoir trouvé ! Venez voir.

Tous trois se présentèrent devant l'orifice. Il était situé entre deux pierres brutes de silice et était bouché par les racines du buisson que Della avait pris soin de retirer. Ils y pénétrèrent, une dose d'adrénaline dans le sang. Ce genre d'adrénaline qui nous pousse à aller vers l'inconnu, que l'on a lorsque le suspense nous tient en halène. Ce genre d'adrénaline qui serait capable de te faire courir des kilomètres durant sans pour autant être ne serait-ce qu'essoufflé. Mais là cette dose d'épinéphrine leur était dû à la peur de l'inconnu en grande partie. L'excitation n'allait cependant pas tarder.

Une fois la faille dépassée, ils entrèrent dans une sorte de cavité souterraine en pierres taillées et sculptées de milliers de symboles Kuuhuuns. La visibilité était médiocre mais leurs yeux s'étant habitués à l'obscurité, la seule source de lumière qui se trouvait à l'autre bout du chemin leur suffisait amplement pour se repérer et admirer l'architecture. Mais d'où pouvait bien provenir cette lumière ? Ils se trouvaient sous terre et de toute manière, la source semblait artificielle. Une lumière bleutée et intense se dégageait au bout du couloir. Ils marchèrent ainsi vers la lumière pendant une demi-dizaine de minutes, cinq minutes qui parurent le double tellement les murs était répétitifs et le couloir sans tournant et pourtant, il continuaient à s'enfoncer dans la terre, une pente douce les guidant vers la source lumineuse.

Au bout du couloir, ils pénétrèrent dans une salle gigantesque et majestueuse. Ornés de pierres précieuses, les interstices entre les pierres de grès taillées et elle aussi sculptées de symboles Kuuhuuns. Un dôme en grès sculpté surplombait la fameuse salle à plus de trente mètres de hauteur. Ils ne s'étaient pas rendu compte qu'ils avaient descendu plus de cinquante mètre sur la terre tant la pente du couloir était douce. Au beau milieu de la salle régnait un cristal imposant, émettant une lumière bleue intense qui illuminait la salle et se reflétait dans les centaines de pierres précieuses incrustées dans les murs de la salle. Autant dire que lorsqu'ils entrèrent dans la salle, leur yeux habitués à l'obscurité, ils furent aveuglés les premières minutes par tant de lumière et d'éclat, puis leur second sentiment fût l'émerveillement devant une telle majesté. Le cristal faisait bien une vingtaine de mètres de haut et une dizaine de mètres d'envergure. Ils avaient tous trois la tête tantôt levée vers le dôme, tantôt tournée dans tous les sens, essayant de suivre le trajet des rayons bleutés.

Une dizaine de minutes passa en quelques secondes. Kel'Mazat se manifesta alors dans l'esprit de la jeune mère.

Devant tant de majesté, Alrun et Delamune ne s'étaient pas aperçus que Bundes ne les suivaient plus. Elle était restée figée sur le pas de la porte. Dans le dos de ses compagnons, sa mâchoire inférieure était tombée aussi loin que le permettait son crâne, et ses yeux roulaient dans leurs orbites tandis que ses épaules s'affaissaient progressivement en avant. Lorsque les deux autres se retournèrent, remis de leurs émotions, mademoiselle Entaro n'était plus qu'un souvenir. Elle était partie et bien que rien de plus qu'une paie ne l'attachait aux autres, c'était étrange. Mais Al et Della ne purent s'interroger mutuellement sur la subite disparition de leur équipière, car la jeune taulte subit une invasion peu espérée : l'esprit de la liche n'ayant plus le corps d'Arn s'était endormi dans celui de Della, et réclamait désormais que cette dernière ne tue quelqu'un dans le but de posséder un nouveau corps. C'était comme une faim dévorante de tuer, mais Alrun était bien trop fort pour se laisser abattre aussi facilement par une frêle jeune femme. Les cristaux commencèrent à briller plus puissamment.

Della entama alors un combat intérieur.

Je dois tuer quelqu'un. Non ! Je ne peux me résoudre à ... Tuer ... Reprends toi ma vielle ! Tu n'es pas comme ça ! La tentation est trop forte ... Et qui voudrais tu tuer ? Hein ? Alrun peut-être ?

Delamaune se tourna vers Alrun, le visage crispé, les dents serrées, les yeux mi-ouverts, comme lorsqu'on lutte contre une immense douleur ou que l'on force le plus possible. Elle baissa la tête puis la leva. Elle venait d'examiner la carrure du jeune forgeron. De peur de ce qui allait se passer, ce dernier avait dégainé son marteau et le portait à deux mains, face à lui, près à riposter si nécessaire.

Tu crois pouvoir t'en sortir ? Aucun problème ! Je veux TUER ! Et tu as vu son marteau ? TUER ! Marteau ! TUER !!! Je te donnerai le prochain humain qui aura mérité la mort.

Le visage de la jeune mère se décrispa. L'envie de tuer s'était apaisée. Elle regarda à nouveau Alrun, cette fois avec un visage d'excuses et de honte. Alrun n'avait pas compris ce qui c'était passé mais sa compagne ne semblait plus agressive, il rangea donc son arme. Il restait maintenant deux chose à régler. Premièrement, convaincre le forgeron de détruire un si majestueux cristal. Deuxièmement, il fallait trouver comment s'y prendre. Un cristal de cette envergure ne se détruit pas d'une pichenette bien placée. Elle se tourna vers le cristal et son compagnon la rejoignit, gardant tout de même ses distances de peur que cela ne recommence.

- Il faut maintenant que l'on détruise ce cristal. Vous allez surement me demander dans quel but, et je vais alors vous répondre que si ce cristal était caché, c'est qu'il y avait une raison. Maintenant que l'entrée est à découvert et que Bundes a disparue, il devient alors facile pour n'importe qui de retrouver ce dernier. Connaissiez-vous cette femme suffisamment pour être sûr qu'elle n'aille pas tout dévoiler au premier venu ? Nous ne pouvons en être sûr, voilà pourquoi nous nous devons de le détruire.

À en voir la tête du jeune forgeron, le premier problème était réglé. Ne restait plus qu'à trouver un moyen de détruire l'inhibiteur. Pour cela, Delamune fit trois fois le tour du cristal, examinant chaque détail, chaque imperfection qui aurait pu indiquer un point de faiblesse où frapper. Mais elle ne trouva rien. La cristal était parfait. Elle décida alors de suivre son instinct. Elle serait surement aidée par cet esprit Kuuhuun qui ne demandait qu'une chose : Détruire cet inhibiteur au plus vite et tuer quelqu'un afin de s'emparer de son corps.

[jet d'instinct difficulté 25 ([instinct] (11) x 2 + 1 D20)]
réussite si D20 > 2

- Venez voir ! Voyez vous cette chaîne accrochée au sol ? Elle maintient le cristal en lévitation proche du sol. Je me demande si de briser la chaîne ne pourrait pas le briser contre le dôme. Pourriez-vous placer un bon coup de marteau et briser cette chaîne ?

Une fois qu'il eut atteint le dôme de la salle, il la percuta avec une violence inouïe. Cependant, cela n'eut pas l'effet escompté. En effet, au lieu que le cristal se brise, ce fût le dôme qui se fissura sous le choc, entraînant avec lui les structure du souterrain. Le sol commença à trembler violemment et des pierres tombèrent du plafond. Les deux compagnons restèrent abasourdis par les conséquences de leurs actes. Puis une pierre tomba entre les deux protagonistes, ce qui les sortit de leur réflexion instantanément.

- Il faut sortir d'ici et au plus vite ! Tout va s'effondrer !

Il se précipitèrent vers la sortie de la salle. Une fois la porte franchie, un pilier s'écroula juste devant la porte, barrant l'accès à la salle. Ils continuèrent à courir, échappant deux fois à la chute inopinée de sculptures Kuuhuuns. Ils parcoururent cinq minutes de marche en une seule minute. Il réussirent à se faufiler dans la faille, unique sortie, et regardèrent le trou béant qui venait de se former à deux cent mètres de là, juste au dessus de la salle dans laquelle ils se trouvaient. L'inhibiteur s'éleva et resta en suspension à un mètre du sol. Il se rendirent prudemment sur place et examinèrent à nouveau le fameux cristal. Comment allaient-ils bien pouvoir le détruire maintenant ?

[jet d'instinct difficulté 35 ([instinct] (11) x 2 + 1 D20)]
réussite si D20 > 12